Rechercher
Rechercher

Lifestyle - L’aile ou la cuisse

Varouj, le petit trésor caché

Le fameux « basterma ». Photo C.C.

Arriver chez Varouj relève d'un véritable périple et constitue une partie importante et amusante de cette expérience authentique. Car pour le trouver, il faut s'engouffrer dans les petites ruelles de Bourj Hammoud, garer sa voiture quelque part à proximité (le stationnement là-bas est un problème majeur), le plus proche possible, si toutefois cela est possible, et finir sa course à pied. Pour les néophytes, il serait bon d'être accompagné d'une personne qui connaît les ruelles étroites et sombres de ce charmant labyrinthe, à peine éclairé et chargé de fils électriques indisciplinés.

Mais une fois qu'apparaît la pancarte qui avertit en quelques mots : « Ne pensez même pas vous garer ici... » vous saurez que vous avez atteint votre destination. À gauche, une façade en bois rouge avec un néon éclairé affiche le nom : Restaurant Varouj. Vous y êtes enfin !

Le meilleur restaurant arménien du Liban est tout petit, il peut à peine accueillir 18 personnes, mais suffisamment confortable. On y sert de délicieux plats traditionnels, dans la plus grande simplicité. Il y a quelques années, le restaurant avait tenté un déménagement à Dora, dans un local plus vaste. Ce n'était certainement pas une bonne décision, le changement n'a pas rencontré le succès attendu, poussant les propriétaires à revenir à leurs racines quelques brefs mois plus tard. Il lui manquait un petit quelque chose : le charme du petit espace de Bourj Hammoud.

Baron Varouj, c'est ainsi que le connaissaient ses amis et ses clients, célèbre pour sa touche personnelle et ses remarques quelquefois sarcastiques, n'est plus là. Décédé il y a près de trois ans, c'est son fils Kevork qui a pris le relais. La nourriture est toujours aussi bonne. Le fils a même hérité du caractère de son père : certains pourraient y voir un peu d'impolitesse, mais Kevork est simplement d'humeur changeante, tout en demeurant assez courtois. Il peut même faire sentir aux clients qu'ils sont chez eux, surtout lorsqu'il les connaît mieux.

Varouj, mode d'emploi
Ne soyez pas influencés par l'emplacement et la taille de ce local. Et laissez-vous surprendre par la qualité de la nourriture et l'ambiance particulière du restaurant. Ici, une seule personne s'occupe du service pendant qu'une dame se charge de faire la vaisselle dans l'arrière-boutique, et que Kevork prépare les commandes dans sa cuisine ouverte. Si vous avez réservé une grande table, il est fort possible que vous trouviez déjà des plats de mezzé froids préparés et disposés, le maître des lieux prenant souvent la liberté de choisir pour vous, tout comme il choisira les portions des plats chauds que vous commandez par la suite. Un peu énervant pour certains, mais, en général, il est de bon conseil. C'est un peu comme une formule, avec quelques modifications permises, car il n'y a pas de menu à lire, le serveur récite les plats disponibles... Chez Varouj, on vous propose un arak fait maison, et sinon, vous pouvez prendre une bière, ou une autre boisson en vous servant directement du réfrigérateur placé à proximité. La labneh est également faite maison et elle est délicieuse. Elle le serait encore plus avec une assiette de batata harra. Il suffit alors de tremper ces petits cubes croquants et bien épicés dans la labneh pour obtenir un mélange de goût savoureux. Idem pour le hommos.

Ne ratez pas les makanek et surtout les aubergines farcies, certainement une recette familiale transmise de génération en génération. mouhammara, lseinète, nkha3at, sanesel, basterma, feuilles de vigne, mtabbal  : que des plats, pour certains avec sauce, à savourer jusqu'à la dernière goutte avec un pain arabe moelleux. Mais ce n'est qu'un début, déjà riche en saveurs. Gardez une grande place pour la suite : les plats chauds.
Une fois de plus, Kevork aura son mot à dire ! Quels que soient les plats chauds commandés (ils sont tous exquis), il décidera de l'ordre de préparation et les servira à table à sa guise. Le soujouk est préparé de deux façons : seul, avec des tranches de tomate, ou accompagné d'œufs de caille frits. Les ailes de poulet, croustillantes à souhait, et la sauce dans laquelle elles sont cuites (ail, coriandre et épices arméniennes), font toute la différence avec d'éventuels concurrents. Pareil pour le foie de poulet. Pour ne pas être en reste, et pour le peu d'espace dont vous disposez encore pour éventuellement découvrir de nouveaux plats, il y a les incontournables cuisses de grenouille et la spécialité arménienne, réservée pour la fin de ce festin : le manteh. Une boulette croustillante remplie de viande, servie dans une sauce à base de yogourt avec un concentré de tomate, de l'ail, du sumac et un mélange d'épices spéciales.

La seule déception de ce dîner (outre le mauvais choix de la musique) est le soubereg. L'excellent dessert fera oublier ce mauvais point : une assiette de achta servie avec un peu de dattes et son sirop (ou du miel, selon votre préférence).

Comme il n'y a pas de menu, pas de réel choix possible de portions, il n'est pas surprenant qu'il n'y ait pas de facture aussi. Il en est ainsi depuis 20 ans. Je me régale toujours autant chez Varouj, plus célèbre qu'il n'en a l'air, et d'ailleurs souvent fréquenté par des ministres et des personnalités politiques. Cependant, je n'ai jamais eu de facture, mais aussi jamais de mauvaises surprises. C'est pourquoi je reviens toujours. Les prix ont certes augmenté : de 25 $ par personne, la somme atteint actuellement les 40 $, mais c'est toujours aussi bon. D'ailleurs tout le monde quitte avec un sourire et certainement quelques kilos supplémentaires... Heureux et rassasié. Salutations, baron Varouj, où que vous soyez...

SON : niveau maximum = 103,6 dB, TWA = 68,2 dB
Qualité de l'air : 80/100 (moyen), COV 0.32ppm, humidité 36 %, température +21°C

Son : 2/5
Décoration : 3/5
Personnel : 3/5
Plats : 4/5
Propreté : 4/5
Avis : très bon
Prix : raisonnable

EN RÉSUMÉ...

On aime bien : aubergines farcies, makanek, batata harra, soujouk, ailes de poulet, cuisses de grenouille, manteh, foie de poulet, achta et balah.

On aime moins : le soubereg et la musique

Le conseil : sautez le déjeuner lorsque vous allez dîner à Varouj et essayez tous les plats chauds car ils sont tous savoureux. Et... munissez-vous d'un GPS !

 

*Critique gastronomique

FB : www.facebook.com/CordonCourtine/
Insta : cordon.courtine
E-mail : cordon.courtine@gmail.com

 

Dans la même rubrique

Beroe, un grand potentiel, mais encore de grandes maladresses

Lola, une histoire d’amour

Punta Del Este, un délicieux voyage de tous les sens

La Parrilla n'a d'argentin que le nom...

Al-Sultan ? Birdy Nam Nam !

Le Sushi Bar, simply the best ?

Gilt, une adresse pour les carnivores

Le Relais de l'entrecôte de Beyrouth, une pâle copie

Tavolina, pas de prétention, mais beaucoup de saveurs

Skirt, un concept fort, mais des viandes faibles

Baron, une première année bien épicée

Al-Halabi, la qualité dans la continuité

Bar du Port : quelques consolations...

Casablanca, 20 ans et toutes nos dents

 

Arriver chez Varouj relève d'un véritable périple et constitue une partie importante et amusante de cette expérience authentique. Car pour le trouver, il faut s'engouffrer dans les petites ruelles de Bourj Hammoud, garer sa voiture quelque part à proximité (le stationnement là-bas est un problème majeur), le plus proche possible, si toutefois cela est possible, et finir sa course à pied....

commentaires (4)

seriously? prix raisonnable de 40$ dans une ruelle de bourj hammoud? il faudrait redefinir l'adjectif "raisonnable".

kindarji joseph

13 h 14, le 02 décembre 2017

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • seriously? prix raisonnable de 40$ dans une ruelle de bourj hammoud? il faudrait redefinir l'adjectif "raisonnable".

    kindarji joseph

    13 h 14, le 02 décembre 2017

  • Très bonne cuisine MAIS! Le père- RIP- était ronchon, le fils est carrément désagréable.

    Christine KHALIL

    12 h 29, le 02 décembre 2017

  • Un tres bon article qui nous rappelle l’excellence de la cuisine du terroir armenienne a la table de Varooj. La description detaillee des specialites donne l’eau a la bouche et nous incite a revisiter ce temple de la gastronomie populaire dans le cadre pittoresque de Bourj Hammoud.

    Cadige William

    11 h 56, le 02 décembre 2017

  • Très bons conseils cet article. Merci à Cordon Courtine, cela m'a permis de replonger avec un brin de nostalgie dans un passé dont le parfum est encore vivace, coloré...et si doux... Je ne manquerai ce Noble restaurant Varouj à ma prochaine visite de la région. Les douceurs du Liban....bravo

    Sarkis Serge Tateossian

    08 h 29, le 02 décembre 2017

Retour en haut