Des militaires libanais de la 6e Brigade à bord d'un véhicule tout-terrain équipé d'une mitrailleuse, le 28 août 2017 dans le jurd de Ras Baalbeck, dans un secteur repris aux jihadistes du groupe Etat islamique. Photo AFP / PATRICK BAZ
Le directeur de la Sûreté générale libanaise, Abbas Ibrahim, a assuré mardi que les huit corps déterrés dimanche dans le jurd (les hauteurs) de Ras Baalbeck appartiennent bien aux militaires qui avaient été enlevés à Ersal (Békaa) en août 2014 par les jihadistes du groupe Etat islamique. Des prélèvements ADN ont été effectués sur les proches des militaires, mais les résultats ne sont attendus que d'ici deux à trois semaines.
"Je peux confirmer que les huit corps qui subissent des tests ADN appartiennent aux otages militaires, et les résultats seront annoncés une fois disponibles", a déclaré le général Ibrahim, lors d'une conférence de presse.
Dimanche, après trois ans d'attente insoutenable, les familles ont reçu la nouvelle qu'ils espéraient ne jamais entendre : huit des neuf dépouilles mortelles (à part celle du soldat Abbas Medlej, décapité par ses ravisseurs le 6 septembre 2014) ont été retrouvées grâce à des informations collectées après la reddition de membres de l'EI. Les recherches pour retrouver la dépouille du soldat Medlej se poursuivaient mardi. Selon des informations rapportées par la chaîne LBC, une dépouille aurait été repérée dans un endroit désigné par l'EI comme celui où le soldat Medlej avait été enterré. La chaîne ajoute que des tests ADN seront effectués. L'armée a confirmé qu'une dépouille a été retrouvée dans la région de Rahwé, dans le jurd de Ersal, sans dire s'il s'agissait de celle du soldat.
Les huit militaires dont le sort était inconnu depuis 2015 auraient vraisemblablement été tués en février de la même année. Un neuvième aurait rejoint les rangs des jihadistes peu après son rapt, selon plusieurs médias. Son sort reste inconnu, mais certaines sources affirment qu'il a été tué au combat en Syrie.
Alors qu'elle s'apprêtait à lancer l'ultime phase de sa bataille contre les jihadistes de l'EI retranchés dans les jurds de Qaa et Ras Baalbeck, l'armée libanaise avait annoncé dimanche matin un cessez-le-feu pour laisser place aux négociations sur le sort des otages militaires. Cet accord a été scellé par le Hezbollah, qui combat l'EI avec l'armée syrienne à partir de la Syrie.
(Lire aussi : Quand l'État s'efface devant le Hezbollah)
Fin de l'évacuation des jihadistes de l'EI
Sur le terrain, un convoi transportant des jihadistes de l'EI et leurs familles, évacués de la zone frontalière libano-syrienne, est arrivé mardi en début d'après-midi dans l'est de la Syrie, rapporte un organe de propagande du Hezbollah cité par l'agence Reuters.
Le convoi d'autocars et d'ambulances avait quitté lundi le Qalamoun syrien dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu qui autorise les jihadistes à rejoindre les territoires encore contrôlés par l'EI en Syrie.
L'accord conclu dimanche a mis fin à une semaine d'offensive menée depuis le 19 août par l'armée libanaise d'une part et par l'armée syrienne et ses alliés du Hezbollah d'autre part en vue de reprendre la dernière enclave aux mains de l'EI le long de la frontière entre les deux pays.
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré lundi que quelque 300 combattants et autant de civils avaient été transportés par convoi vers la province orientale de Deïr ez-Zor.
L'armée libanaise s'est en outre déployée au niveau du passage de Martbaya et des hauteurs de Halimé, à la frontière syrienne, alors que l'armée syrienne et les combattants du parti chiite se sont déployés de l'autre côté de la frontière. Les militaires libanais ont hissé le drapeau national à la frontière syrienne.
رفع العلم اللبناني فوق قمم: حليمة قارة وعقابة مرطبيا وحليمة القبو، التي تشكّل المرتفعات الأعلى في منطقة وادي #مرطبيا https://t.co/gWi9RTNQGN pic.twitter.com/q2e1IvKOCG
— الجيش اللبناني (@LebarmyOfficial) August 29, 2017
La zone du Qalamoun occidental est truffée de mines qu'il pourrait être difficile de retirer en l'absence d'une carte précisant leur localisation, a indiqué une source proche des services de sécurité. Les opérations de déminage vont débuter immédiatement, dans le but de permettre aux habitants de regagner au plus vite leurs foyers, a ajouté cette source.
"Atermoiements"
Réagissant à ces développements, Hussein Youssef, porte-parole des familles des militaires otages, a dénoncé mardi des atermoiements, en référence à l'accord conclu avec les jihadistes.
"Les familles ont été meurtries par les développements qui ont permis l'évacuation des terroristes", a affirmé M. Youssef dans des déclarations à une radio locale. "Nous ne comprenons pas comment les choses se sont déroulées, mais il est évident qu'il y a des atermoiements", a déploré le père du militaire Mohammad Youssef. "Nous allons réclamer une enquête afin de juger toute personne qui a commis des erreurs", a-t-il ajouté.
Même son de cloche de la part du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, qui critique aussi l'accord. "Le Hezbollah aurait pu conclure l'accord après que l'armée aura chassé de manière totale les jihadistes de Daech (acronyme arabe de l'EI)", a déploré le leader chrétien, dans un entretien à l'agence Akhbar al-Yom publié mardi. Le chef des FL s'est ainsi interrogé sur "les secrets de l'accord passé entre le Hezbollah et l'EI".
Reportage
Martbaya est tombée, il reste à nettoyer la zone »
Lire aussi
Pour Aoun, après la bataille du jurd, une page «lumineuse» est en train de s'écrire, le décryptage de Scarlett Haddad
Des bilans et des trous, l'édito de Issa Goraieb
Gemayel à Ras Baalbeck : « L'heure des comptes viendra »
Abbas Ibrahim : Nous sommes un pays qui ne commet ni meurtres ni actes de représailles
Sleiman fustige « l'accord entre le Hezbollah et le régime syrien »
Ils ont dit.... à propos des militaires otages
commentaires (2)
PLEURONS-LES TOUS ENSEMBLE EUX ET CEUX DU HEZBOLLAH TOUT AUSSI MARTYRS POUR LA PATRIE... TOUT EN LAISSANT A COTE LES SURENCHERES ET LES MENACES CAMOUFLEES OU FRANCHEMENT PROFEREES CONTRE LES AUTRES CITOYENS... 3AYB !
LA LIBRE EXPRESSION. VERITES ! EQUITE !
18 h 59, le 29 août 2017