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Liban - Dossier des militaires assassinés

Les parents des militaires assassinés exigent une commission d’enquête « pour (commencer à) guérir la plaie »...

Un sit-in a eu lieu, hier, place Riad el-Solh.

Une femme allumant une bougie, hier place Riad Solh, en hommage aux militaires assassinés par l’État islamique. Photo Anne Ilcinkas

Si tous les protagonistes félicitent l'armée pour avoir réussi à éliminer les terroristes de l'État islamique du territoire libanais avec l'offensive « Aube du jurd », il est évident que la grogne populaire engendrée par le retrait des éléments armés sans être sanctionnés pour avoir tué les militaires kidnappés en août 2014 est loin de se dissiper.

 

 

 

 

C'est dans ce cadre que s'inscrit l'initiative populaire « spontanée » lancée hier sur les réseaux sociaux, pour un rassemblement autour des parents des soldats tués en guise de solidarité.
Une centaine de citoyens de toutes confessions se sont donc rendus hier place Riad el-Solh à Beyrouth – qui a témoigné de la longue attente des parents – pour prier et allumer des bougies à l'intention des familles des militaires assassinés. Étaient présents Khaled Zahraman, député du Akkar (courant du Futur), et Georges Nader, ancien commandant du régiment héliporté au sein de l'armée libanaise.
M. Nader a saisi l'occasion pour plaider en faveur de la création d'une commission d'enquête présidée par un juge afin de définir les responsabilités et mettre les points sur les i une bonne fois pour toutes. Tentant d'absorber la grogne de quelques parents de militaires présents dans leur tente, il a déclaré : « Nous sommes habitués, en tant que soldats et militaires, au martyre. Mais il est intolérable que nos fils et proches continuent à tomber sans que soient sanctionnés ceux qui en sont responsables. »

 

(Lire aussi : Quand l'État s'efface devant le Hezbollah)

 

De son côté, Khaled Zahraman a estimé que « le Liban, dans son ensemble, vit une grande tristesse ». « Je suis venu pour soutenir les parents des militaires dans leur douloureuse peine », a-t-il ajouté.
Mais dans les rangs de la population, on ne manque pas de tirer ouvertement à boulets rouges sur le chef du gouvernement, Saad Hariri, ainsi que sur sa formation à laquelle appartient Khaled Zahraman, dans la mesure où d'aucuns estiment que le cabinet Hariri a donné son approbation au marché qui aurait abouti au retrait des terroristes sans qu'ils ne soient sanctionnés. « Le courant du Futur est venu exprimer sa solidarité avec les parents des militaires, après avoir bloqué en 2014 une décision politique qui devait libérer les otages », lance un participant au sit-in, assurant à L'Orient-Le Jour que « tout le monde est solidaire des parents ».

De même, une femme qui a requis l'anonymat s'en est prise au cabinet. Via L'OLJ, elle s'est posé la question de savoir « comment l'État peut se permettre d'accepter un marché aboutissant au retrait de ceux qui ont tué les soldats qui représentent la souveraineté du pays ». « Pire encore : ils se sont retirés dans des bus climatisés au lieu d'être jugés afin de panser la plaie des parents », a-t-elle souligné.

 

(Reportage : Martbaya est tombée, il reste à nettoyer la zone »)

 

« Le père de tous ? Hussein Youssef » ...
S'il n'était pas présent parmi eux, les participants pensaient hier surtout à Hussein Youssef, porte-parole des parents des militaires otages durant les trois dernières années et devenu le symbole de la longue et douloureuse attente, à laquelle « l'État n'a pas réagi comme il le fallait », selon les termes d'une femme rencontrée hier place Riad el-Solh. Ruchdi Hamadé, un des organisateurs de la manifestation, estime même que « jamais le chef de l'État Michel Aoun n'a été le père de tous, loin de là ; le père de tous, c'est sans doute Hussein Youssef ».

Prié de commenter le dénouement de l'offensive militaire, M. Hamadé se contente de souligner qu' « il s'agit d'une tactique électorale ». Il en veut pour preuve que Daech a envahi le jurd du Liban depuis trois ans et que les militaires ont été enlevés à la même date sans que le dossier ne soit activé, ce qui signifie que la bonne décision politique n'existait pas auparavant, mais qu'elle pourrait servir les intérêts du pouvoir politique avant les législatives.
Plus tôt dans la journée d'hier, le ministre de la Justice, Salim Jreissati, s'était rendu à la place Riad el-Solh et s'est entretenu avec les parents des militaires. Il a assuré que « les responsabilités seront clairement définies », faisant état d'une « sérieuse évaluation politique des développements enregistrés ces derniers jours ». M. Jreissati a toutefois reconnu qu'« en assurant un retrait sécurisé des terroristes, l'État a porté atteinte au droit des martyrs ».

Notons enfin que les proches des soldats victimes ont subi hier des prélèvements nécessaires aux examens d'ADN afin d'identifier les corps retrouvés dimanche dans le jurd de Ras Baalbeck.

 

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Ils ont dit.... à propos des militaires otages

Si tous les protagonistes félicitent l'armée pour avoir réussi à éliminer les terroristes de l'État islamique du territoire libanais avec l'offensive « Aube du jurd », il est évident que la grogne populaire engendrée par le retrait des éléments armés sans être sanctionnés pour avoir tué les militaires kidnappés en août 2014 est loin de se dissiper.
 
 

 
 
C'est...

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