Pour le Hezbollah, les négociations semblent avoir officiellement commencé. Lors de sa sixième prise de parole depuis le début de la guerre du 7 octobre, le secrétaire général du parti chiite, Hassan Nasrallah, a mis l’accent sur l’après-guerre au Liban-Sud, à l’heure où les émissaires internationaux se succèdent à Beyrouth pour tenter de calmer le front et de stabiliser la frontière avec Israël. Dans un discours prononcé mardi, à l’occasion de la « Journée du blessé », le dignitaire chiite a fait monter les enchères dans le cadre des tractations, appelant le Liban officiel, derrière lequel il s’est naturellement caché, à « exiger plus que la (résolution onusienne) 1701 », d’autant que, selon lui, le pays est « en position de force », contrairement à l’État hébreu qui « ne doit pas sortir vainqueur ». Cependant, mot d’ordre iranien oblige, le chef du Hezbollah a répété que tout accord restait impossible tant que la guerre à Gaza ne s’est pas arrêtée.
Autre nouveauté dans ce discours, et alors que l’éloignement du Hezbollah de la frontière israélo-libanaise est un point essentiel des pourparlers, le dignitaire chiite a placé les habitants de cette région au cœur de son action, dans une claire tentative de rendre tout retrait de son parti impossible du sud du fleuve Litani. « Les habitants des villages frontaliers ne soutiennent pas seulement dans leur majorité écrasante la résistance. Ils sont la résistance, a-t-il martelé. Parmi les martyrs tombés dans les combats, il y en a beaucoup qui sont originaires de ces villages. » « Ce phénomène est dû au fait que ces gens-là ont le plus souffert des agressions israéliennes, et savent que seule la résistance peut protéger leur dignité », a-t-il ajouté. Et de lancer, non sans ironie : « Un responsable politique que je ne citerai pas a dit qu’il serait plus facile pour les Israéliens de déplacer le fleuve vers le sud. » Conscients du fait qu’un retrait pareil serait hautement improbable et concrètement difficile, les médiateurs internationaux tentent au moins d’arracher un éloignement de quelques kilomètres de l’unité d’élite du Hezbollah (el-Radwane) et de son arsenal le plus lourd, que Nasrallah n’a (sciemment) pas mentionnés.
« Position de force »
Il s’en est toutefois pris aux émissaires internationaux, les accusant d’avoir uniquement en tête la sécurité d’Israël. « Ils prennent la feuille de route israélienne, texto, et la transmettent au Liban », a-t-il accusé. Une allusion au ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, qui a transmis aux autorités, lors de son déplacement à Beyrouth la semaine dernière, une feuille de route qui a été jugée trop favorable à Tel-Aviv. Nasrallah n’a toutefois pas nommé un pays ou un émissaire en particulier, vraisemblablement pour ne pas affecter les relations cordiales qui le lient à Paris.
Dans ce contexte, le chef du Hezbollah a appelé l’État libanais à « demander plus que l’application (par Israël) de la 1701 », une position maximaliste qui rappelle celle que le parti avait adoptée en 2022 alors que Beyrouth négociait un accord de démarcation maritime avec Tel-Aviv. Dans ses grandes lignes, la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a mis fin à la guerre de 2006, prévoit un retrait du Hezbollah du sud du Litani en échange d’un arrêt des incursions israéliennes dans l’espace souverain libanais. Quelles devraient être, selon Nasrallah, les exigences supplémentaires du Liban ? « Les émissaires internationaux ne nous disent pas ce qu’ils comptent faire de nos territoires occupés », a-t-il lancé, en référence aux points de litige sur la frontière libano-israélienne, dont les fermes de Chebaa et le village de Ghajar. « Ils ne nous disent pas non plus ce qui adviendra de Gaza », a-t-il ajouté, réitérant que son parti n’est pas disposé à cesser les hostilités contre Israël si les combats contre le Hamas ne s’arrêtent pas en même temps. « Une fois que le cessez-le-feu sera déclaré à Gaza, les attaques s’arrêteront au Liban », a-t-il promis, alors que, côté israélien, on menace de garder le front sud ouvert même en cas de trêve dans l’enclave palestinienne. « S’ils continuent les combats, nous continuerons aussi », a assuré Hassan Nasrallah.
Le leader pro-iranien ne semble cependant pas inquiet d’un élargissement du conflit, quand bien même Israël, par la bouche de ses ministres mais aussi des envoyés internationaux, menace que s’il n’arrive pas à obtenir vite une entente permettant un retour sécurisé des habitants de ses localités frontalières (évacuées après le 7 octobre), il aura recours à la guerre totale. « Il y a un mois, un envoyé nous disait que les Israéliens ne nous donnaient plus que deux jours », a ironisé Hassan Nasrallah, qui n’a d’ailleurs pas reconnu que l’État hébreu opte depuis quelques jours pour l’escalade, menant des frappes en profondeur à Nabatiyé et même au Mont-Liban et assassinant de hauts responsables militaires. « Nous sommes toujours (les deux belligérants) dans le cadre des règles d’engagement », a-t-il affirmé, comme pour justifier la timidité de sa riposte. Et de menacer : « Quoi qu’il en soit, si Israël choisit la guerre, il lui faudra ajouter deux millions de personnes à la liste des déplacés du Nord. »
« Jetez vos smartphones ! »
Le secrétaire général du Hezbollah a également tenté de consolider sa position sur le plan interne. « Votre responsabilité, c’est de soutenir fortement la résistance », a-t-il affirmé à l’intention de sa base populaire, en première ligne des affrontements, ce qui ne manque pas de susciter un malaise. Nasrallah a d’ailleurs fait porter aux habitants du Sud la responsabilité des infiltrations qui ont permis à Israël de mener avec précision des assassinats ciblés contre des cadres du Hezb et du Hamas. « Le smartphone est un appareil d’espionnage ! Il entend tout ce que vous faites, dites, envoyez et prenez en photo. Votre localisation, votre maison... Israël n’a pas besoin de plus que cela », a-t-il prévenu, demandant aux Sudistes de se séparer de leurs appareils téléphoniques et de débrancher leurs caméras d’ici à la fin des combats. « Jetez-les, enterrez-les, mettez-les dans une boîte de métal et éloignez-les ! C’est dangereux ! » Une façon de se dédouaner de toute responsabilité, à l’heure où les soupçons de la présence d’espions ou de taupes au sein de son mouvement affectent sa crédibilité.
Le leader du Hezbollah est également revenu sur les polémiques qui ont éclaté ces dernières semaines quand des soutiens de son parti ont accusé de trahison des figures chrétiennes opposées à l’implication du Hezbollah dans la guerre, notamment le patriarche maronite Béchara Raï et le leader des Kataëb Samy Gemayel. « Depuis 1982 (quand le Hezbollah a été fondé, NDLR), des personnes critiquent la résistance, a-t-il regretté. Ils ont, de toute façon, des points de vue préconçus. Quelle que soit la victoire, ils ne la reconnaissent pas. » « Même lorsqu’on leur montre quelque chose, ils ne le voient pas. Ils ne parviennent pas à reconnaître leurs torts. Ces individus sont peine perdue, nous n’arriverons jamais à les convaincre... » a-t-il ajouté, appelant tout de même ses soutiens à les ignorer plutôt que de les attaquer. « Nous devons empêcher que cela ne dérive en conflits confessionnels, a-t-il souhaité, car cela profite à Israël. » Également sur le plan libanais, Hassan Nasrallah a évoqué les « gains politiques » qu’on lui aurait promis dans le cadre des tractations sur l’avenir de la frontière libano-israélienne, à l’heure où le camp de l’opposition redoute que le Hezbollah ne réclame en échange l’élection à Baabda de son favori, le leader des Marada Sleiman Frangié. « Le dossier présidentiel est très important », a-t-il affirmé alors que depuis le début de la guerre il reléguait ce dossier au deuxième, voire au troisième plan. « Tout ce qui concerne cette échéance et les gains politiques au niveau national, nous l’aborderons dans mon discours vendredi. » Rendez-vous donc dans trois jours.
commentaires (13)
- TARTARIN DE TARASCON, - OUBLIEZ MA RIGOLADE, - VOUS ETES MAITRE FANFARRON, - VOS CONTINUES HABLERIES, - FONT RIRE LES LIBANAIS, - MEME SOUS LE POIDS DES ARMES. - VOUS N,ETES PAS EN MESURE, - DE DICTER DES CONDITIONS. - AU COTE ISRAELIEN, - MAIS PLOYER AUX INJONCTIONS, - TRANSMISES AVEC DES TIERS. - NI LE TRES FAMEUX QUINTETTE, - NI HOCHSTEIN NI CAMEROUN, - NI VOS SUJETS LE MIKO, - ET LE PERCHE DU PERCHOIR, - NE PEUVENT PLUS VOUS SAUVER. - VOUS PLIEZ AUX INJONCTIONS, - OU VOUS CHOISISSEZ LA GUERRE. - QUEL QUE SOIT LE CAS CHOISI, - VOUS ETES BARBU FICHU.
LA LIBRE EXPRESSION
11 h 40, le 15 février 2024