Au Montagnou, tout pour la musique

Le Montagnou est l’endroit « in » pour voir et être vu dans la région de Faqra-Faraya. L’arrêt incontournable de tous les people locaux. Vous pouvez y aller en journée et piquer une tête dans la piscine avec vue imprenable sur un paysage à perte de vue, en profitant du bar et de ses cocktails alcoolisés. Ou vous y rendre en soirée pour une expérience bien plus musicale que gastronomique. Vous pouvez même, à condition d’avoir réservé votre place en terrasse, y admirer le magnifique coucher du soleil, à condition d’être bien couvert, car la nuit il fait assez froid, même en été.

Réservations obligatoires, car Le Montagnou, toujours plein à craquer, est depuis son ouverture en 2003 le rendez-vous incontournable des jetsetteurs libanais. La raison de ce succès n’est pas vraiment la qualité de la cuisine servie, mais l’expérience dans son ensemble et surtout la musique qui insuffle une magie supplémentaire aux soirées. Le DJ choisit des morceaux évoquant les succès des années 70, 80 puis très rapidement, en 30 secondes chrono, passe au morceau suivant, au rythme d’une génération impatiente qui s’ennuie rapidement et qui doit être constamment divertie. La musique est si bonne que la plupart des clients finissent même par danser, à côté des tables.

Ce qui contribue également à créer cette ambiance, c’est le personnel très sympathique – pour la plupart vêtus de chemises rouges –, l’aspect chalet suisse traditionnel, la piscine, ainsi que la cuisine typique des Alpes. Et certainement le fait que le directeur, Ziad Haddad, et le propriétaire, Tony Saadé (qui a débuté à Faraya en 1996 avec Red Oven puis La Fondue au 3S), sont toujours présents pour s’assurer que tout se déroule bien.

Fautes de goût

Au début du repas, une corbeille de petits pains chauds et croustillants est servie avec un peu de beurre. Puis viennent les salades. À ce stade, tout va encore très bien. Leur meilleure salade est la mozzarella fraîche, servie avec des tomates cerises et du coulis de basilic. Mais de nombreux autres choix sont tentants, même une simple salade verte aux noix, fraîche et assaisonnée d’une vinaigrette parfaite.

Malheureusement, et d’une manière inattendue vu les prix élevés, c’est avec la suite des plats que les choses commencent à se gâter. Composées de peu d’ingrédients, les pizzas manquent de saveur. La pâte, elle, est heureusement très fine, ce qui rend sa croûte croustillante et savoureuse. Que ce soit la pizza Margherita, la Pepperoni ou leur spécialité, le Flammeküeche gratiné couvert de crème fraîche, lardons, beaufort et oignons, ou encore la Pizza Montagnarde garnie de sauce tomate, d’un mélange de mozzarella et de fromage de chèvre et jambon, le résultat est, au final, décevant.

Pareil pour le plateau de charcuterie savoyarde. Nous nous attendions à du saucisson au Beaufort, une viande des Grisons, des Diots de Savoie fumés, un saucisson sec aux noisettes… À l’assortiment de charcuteries, nous avons préféré les cornichons...

Quand est venu le moment attendu de déguster la fondue au fromage, les morceaux de pain ont été trop lentement servis. Pas coupés suffisamment tôt, ils n’avaient pas eu le temps de sécher à l’extérieur, ce qui peut s’avérer un peu problématique au moment de récupérer le fromage fondu.

Enfin, et c’est plus grave, la fondue savoyarde manquant de saveurs riches, nous semblant, dès lors, ne pas avoir été préparée avec des fromages d’une qualité adéquate. On y trouve, certes, du Beaufort, mais pas le meilleur. La fondue gagnerait en saveurs avec un Beaufort plus fruité ou plus âgé par exemple. Ou avec du fromage Abondance, au goût de noisette. Un fromage fruité avec une touche d’amertume. Enfin, un bon emmental de Savoie aurait ajouté de la douceur. Et puis il y a le vin blanc de Savoie (vin des Abymes, sec) et le kirsch qui ajoutent la dernière touche, essentielle, à toute fondue savoyarde. Enfin, la fondue, servie avec une texture trop liquide, n’a malheureusement pas été préparée à la bonne température. Il manquait également des accompagnements, des légumes croquants, des cubes de pomme de terre et un choix de pain plus vaste, ainsi que quelques raisins rouges pour affûter le palais.

La pierrade de viande ne permet pas de rattraper l’affaire. La viande manquait de goût et la découpe, trop fine, presque comme un carpaccio, ne permettait pas une cuisson appropriée.

De plus, la portion servie était petite et accompagnée de frites malheureusement molles, de champignons coupés, de tranches de tomate et d’oignons dont l’odeur couvrait les plats. Quatre sauces différentes ont été proposées, que nous avons choisi d’ignorer.

Enfin, pour le dessert, le pain perdu nous a paru sec et pas assez goûteux. Cela dit, nous avons terminé le dîner comme nous l’avions commencé, sur une note positive, avec une fondue au chocolat et des fruits fraîchement coupés. Un délice pour nos palais gourmands qui en demandaient plus encore.

Dans l’ensemble, la cuisine n’est pas mauvaise mais mériterait vraiment d’être revue, sur certains points, pour gagner en qualité. La musique, bien heureusement, fait oublier le reste. L’ambiance est l’atout essentiel, la carte maîtresse qui donne son éclat à ce lieu. Par ailleurs, un meilleur système de ventilation est à prévoir à l’intérieur, car on rentre chez soi les vêtements imprégnés d’odeurs de fromage fondu.

En ce qui me concerne, je préfère Le Montagnou en hiver, pour un déjeuner tardif après une journée de ski trépidante. À cette période, une bonne soupe à l’oignon est proposée avec un bon verre de vin bienvenu lors de ces froides journées. Le grand écran qui passe de nombreuses scènes de ski extrêmes permet de rester dans l’ambiance sportive. Cependant, le service est supérieur après les heures normales de travail, car les employés, plus dispos, ne sont pas accaparés par une foule de clients affamés. Pour une moyenne de 100 dollars par personne, nous nous attendions à plus. Il est vrai que la formule du dîner coûte 65 dollars, mais il faut y ajouter les boissons et quelques plats qui n’y sont pas inclus, et vous voilà en train de frôler les 100 dollars. Si vous êtes là pour « juste passer », prendre une photo et la poster sur les réseaux sociaux, vous êtes au bon endroit.

*Critique gastronomique.

Trois ans que, sous un nom d’emprunt, cette Cruella des fourneaux sévit under cover dans la Dernière de « l’Orient-le Jour », un samedi sur deux. Qu’elle multiplie ses visites dans un restaurant, observe les gestes, les plats, les goûts, le service et l’aménagement des lieux. Qu’elle apprécie ou critique avec la plus grande objectivité.

Applaudie par beaucoup, haïe par d’autres, crainte par tous, elle permet surtout aux Libanais d’être (enfin) plus exigeants en termes de gastronomie.

FB : www.facebook.com/CordonCourtine/

Insta : cordon.courtine

E-mail : cordoncourtine@gmail.com

Le Montagnou, Ouyoun el-Siman Kfardebiane.

DATA

Son : Niveau Max = 106,4 dB, TWA = 76,7 dB.

Qualité de l’air : 89/100 (bien), COV 0,18 ppm, humidité 33 %, température +13 °C.

NOTES

Son : 4/5

Décoration : 4/5

Personnel : 3/5

Plats : 3/5

Propreté : 3/5

Avis : bon

Prix : très élevé

En résumé…

On aime bien : la musique, l’ambiance, la déco style chalet suisse, les salades, la fondue au chocolat avec ses fruits frais.

On aime moins : la charcuterie de Savoie, la pierrade de viande, la fondue savoyarde.

Le conseil : optez plutôt pour leur viande Black Angus. Certes, un plat facturé 27 dollars de plus par personne, en plus d’un ticket moyen déjà élevé, mais au moins vous dégusterez une bonne viande. Choisissez une table en terrasse pour éviter l’odeur résistante sur les vêtements.

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