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Lifestyle - L’aile ou la cuisse

Luigi Cucina Italiana, italiano vero

C’est une histoire de transmission, une histoire de cœur et de gastronomie qui a accompagné celle de Beyrouth depuis plus de 65 ans.

Pizza tartufo. Photo C.C.

La famille Casini fait partie du « paysage gastronomique libanais », puisqu’elle est dans la restauration depuis le début des années 50, avec l’un des premiers restaurants italiens de Beyrouth, le Romano 222, initialement fondé par Mirella Casini. Situé au 222, rue Ahmad Chawki, il déménage tout près, à la rue de Phénicie, en 1966. C’était jadis le quartier des hôtels où se vivait le plus beau de la vie nocturne de Beyrouth. On y trouvait, en bons voisins, le Quo Vadis, l’hôtel Excelsior, les Caves du Roy, pour n’en citer que les plus mythiques. Le Romano 222 était l’un des restaurants « chics » de la ville, offrant de bons prix et une bonne qualité ; un lieu où politiciens, acteurs, artistes et journalistes se retrouvaient, appréciaient et savouraient de délicieux repas. En 1985, la famille de Luigi Casini (le frère de Mirella) déplace le restaurant à Sin el-Fil, avant que, en 1991, son fils aîné, Sandro, ne décide de revenir au point de départ et de rénover le restaurant familial de la rue de Phénicie, tout en préservant l’ambiance et l’atmosphère d’antan. Fin 2013, Sandro ouvre Luigi Cucina Italiana dans le quartier de l’église Saint-Nicolas, rendant ainsi hommage à son père en lui donnant le nom de son restaurant. Après avoir appris de lui tous les secrets de la cuisine italienne, ainsi que les recettes authentiques qui ont fait la réputation de leurs établissements pendant plus de 60 ans, y compris leurs pâtes faites maison à la « vraie » façon italienne, Sandro a finalement installé son restaurant au coin de la rue, pouvant accueillir 70 personnes, pour environ 45 $ par personne : 70 y compris les sièges sur la terrasse, qui est en fait le trottoir attenant. Le propriétaire a « couvert » cette terrasse par des auvents rouges et l’a décorée comme un jardin « botanique », malheureusement constitué de plantes artificielles. Des rideaux de plastique supplémentaires forment les murs invisibles de cette terrasse, bloquant ainsi les fumées des échappements des voitures, mais retenant, hélas, la fumée de cigarette à l’intérieur !



Cucina italiana
Même si la cuisine italienne du chef Sandro n’est pas exceptionnelle, il faut admettre que c’est l’un des rares restaurants de la ville à avoir au menu des plats italiens authentiques dans un restaurant de quartier convivial, avec une équipe très accueillante… On se croirait presque à la maison.

La déception majeure est sans doute le manque de finesse dans la présentation de la plupart des plats. Aucun soin particulier n’est apporté pour valoriser les assiettes qui, cependant, sont délicieuses. Sachant que Sandro fait partie de la troisième génération de chefs, cette maladresse est désolante et inattendue. Les portions sont assez généreuses, mais cela ne suffit pas. L’Insalatina di Luigi, leur version rehaussée du simple endives-roquefort avec des champignons frais, des feuilles de roquette et de fines tranches de parmesan, en est l’exemple parfait.

Tout au long du dîner, vous serez bercés par une musique italienne douce, et séduits par les peintures accrochées au mur (les propriétaires ont apparemment une affinité pour Picasso et le cubisme) et par les lampes créées à la main avec des pâtes, et qui ornent le plafond. Ce restaurant familial vous charmera surtout avec la multitude de plats authentiques, et ils sont nombreux : plus de 125 plats à choisir parmi les différentes sélections de soupes, salades, risottos, pâtes, pizzas, viandes, poissons et desserts ! Il serait peut-être préférable de réduire ces options et d’en offrir certaines en « spécialité du jour », et inciter ainsi les clients à revenir. À goûter, en priorité, les Calamari alla plancha, servis avec des feuilles de roquette et du zeste de citron, et les Melanzane alla parmigiana parfaitement cuites, tous deux à être partagés. Évitez le pain, trop basique, sans saveur, probablement congelé, qui n’est pas compatible avec l’image de « petit bistrot de quartier » que Luigi Cucina Italiana tente d’avoir, ni avec le reste du menu.

Ainsi, les Crostini ai funghi sont délicieux, mais le pain en tranches sur lequel ils sont servis altère le goût. Nous avons également tenté la Pizza tartufo, garnie de crème à la truffe, pas trop épaisse, mais juste comme il faut, avec des champignons porcini. Un régal. Quant à la Pizza diavola, le chef pourrait utiliser une meilleure qualité de saucisse pepperoni, qui serait un peu plus épicée, comme il se doit pour ce genre de recette. La Pizza di Luigi est également bonne, garnie de feuilles de roquette, de tomates cerises et de mozzarella fraîche. Pour le plat principal, vous ne pouvez pas vous tromper, n’importe quel choix de pâtes est le bon. Les Fettucine al salmone, avec leurs pâtes préparées maison combinées avec du saumon fumé, de la crème fraîche et de l’aneth, sont un délice. Les Linguine gambari e limoni sont encore un autre plaisir à découvrir : ses crevettes sont parfaitement grillées avec de l’ail, du zeste de citron et du safran et très peu de crème fraîche pour ne pas que le goût soit trop sec. Les Cannelloni con ricotta e spinaci sont tout aussi parfaits. Essayez aussi le Risotto al limone, à la saveur fumée parfaitement associée au jus de citron et à la crème, cuit al dente juste comme il le faut. Si vous n’êtes pas amateur de pâtes, optez donc pour le Filetto di Luigi, enrobé d’une sauce crémeuse riche en paprika et à l’origan, ou le Abbachio alla romana, une façon italienne de servir les jarrets d’agneau.

Assurez-vous de laisser de la place pour le dessert et un tout petit espace pour le dernier verre de limoncello fait maison. Pain perdu et Tiramisu font partie des desserts favoris, mais la vedette reste quand même leur incontournable Sorbetto al limone qui, bien que très appétissant, est gâché par le choix de citron où servir le sorbet taché de brun et plus vraiment jaune. C’est ce genre de détails que le chef Sandro devrait travailler pour que son restaurant atteigne le niveau que Luigi Cucina Italiana mérite. Après tout, c’est le nom de son père, et c’est lui qui lui a tout enseigné sur la cuisine italienne.



LUIGI CUCINA ITALIANA, Saint-Nicolas, Achrafieh

DATA

Son : niveau max = 95,3 dB, TWA = 59,9 dB

qualité de l’air : 71/100 (moyen), COV 0.47 ppm, humidité 34 %, température +24 °C.

NOTES

Son : 4/5

Décoration : 3,5/5

Personnel : 3,5/5

Plats : 3,5/5

Propreté : 4/5

Avis : bon

Prix : raisonnables.

En résumé…

On aime bien : Calamari alla plancha, Pizza tartufo, Fettucine al salmone, Linguine gambari e limoni, Risotto al limone, Filetto di Luigi, Abbachio alla romana, Sorbetto al limone.

On aime moins : le pain, les plantes artificielles, la présentation des plats et la multitude de choix au menu.

Le conseil : optez pour une table à l’intérieur, loin de la rue, du bruit et de la pollution, et profitez de la simplicité de la décoration.


*Critique gastronomique

*Trois ans que, sous un nom d’emprunt, cette Cruella des fourneaux sévit undercover dans la Dernière de L’Orient-Le Jour, un samedi sur deux. Qu’elle multiplie ses visites dans un restaurant, observe les gestes, les plats, les goûts, le service et l’aménagement des lieux. Qu’elle apprécie ou critique avec la plus grande objectivité.Applaudie par beaucoup, haïe par d’autres, crainte par tous, elle permet surtout aux Libanais d’être (enfin) plus exigeants en termes de gastronomie.

FB : www.facebook.com/CordonCourtine/

Insta : cordon.courtine

E-mail : cordoncourtine@gmail.com



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La famille Casini fait partie du « paysage gastronomique libanais », puisqu’elle est dans la restauration depuis le début des années 50, avec l’un des premiers restaurants italiens de Beyrouth, le Romano 222, initialement fondé par Mirella Casini. Situé au 222, rue Ahmad Chawki, il déménage tout près, à la rue de Phénicie, en 1966. C’était jadis le quartier des hôtels...

commentaires (4)

On sent bien apres une absence de quelques mois que ce nest pas la même personne qui a enfile l'identité de Cordon Courtine. Avant c etait le doute exquis du mystérieux ou de la mystérieuse critique mais depuis quelques semaines, a la lecture des articles, il est de plus en plus insinué volontairement peut être que c’est bien Madame et non pas Monsieur qui est critique Gastronomique. Qui que ce fut je prefere de loin l’ancienne version de la rubrique Cordon Courtine. Cependant, Se focaliser sur les moins bons restaurants depuis quelques temps est désolant. Il existe tant d’endroits a Beyrouth ou en montagne, dignes d’intérêt et que nous autres lecteurs aimerions tant connaitre ou faire partager. Pour en revenir a l’article d’aujourd’hui, je ne relèverais qu’une observation que la Critique a pointé , que les Crostini al funghi sont délicieux... Or quand je vois sur la photo qui les présente... une poêlée de champignons ‘ En Boite ‘ alors que l‘essence d’une bonne cuisine est l’utilisation de produits frais.... je me pose des questions et deplore ce silence ... ou cette distraction ! Je n’en dirais pas plus. J'espère que nous aurons a nouveau l’occasion de découvrir de nouveaux endroits, de lire les impressions de tel patron ou tel Chef de Bistrot ou de Cantine, car le lecteur gourmet et gourmand ne s'intéresse nullement au mediocre, et a soif de découvrir l’authentique, le bon, sinon le meilleur.

Cadige William

12 h 26, le 25 mai 2019

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Commentaires (4)

  • On sent bien apres une absence de quelques mois que ce nest pas la même personne qui a enfile l'identité de Cordon Courtine. Avant c etait le doute exquis du mystérieux ou de la mystérieuse critique mais depuis quelques semaines, a la lecture des articles, il est de plus en plus insinué volontairement peut être que c’est bien Madame et non pas Monsieur qui est critique Gastronomique. Qui que ce fut je prefere de loin l’ancienne version de la rubrique Cordon Courtine. Cependant, Se focaliser sur les moins bons restaurants depuis quelques temps est désolant. Il existe tant d’endroits a Beyrouth ou en montagne, dignes d’intérêt et que nous autres lecteurs aimerions tant connaitre ou faire partager. Pour en revenir a l’article d’aujourd’hui, je ne relèverais qu’une observation que la Critique a pointé , que les Crostini al funghi sont délicieux... Or quand je vois sur la photo qui les présente... une poêlée de champignons ‘ En Boite ‘ alors que l‘essence d’une bonne cuisine est l’utilisation de produits frais.... je me pose des questions et deplore ce silence ... ou cette distraction ! Je n’en dirais pas plus. J'espère que nous aurons a nouveau l’occasion de découvrir de nouveaux endroits, de lire les impressions de tel patron ou tel Chef de Bistrot ou de Cantine, car le lecteur gourmet et gourmand ne s'intéresse nullement au mediocre, et a soif de découvrir l’authentique, le bon, sinon le meilleur.

    Cadige William

    12 h 26, le 25 mai 2019

  • "taché de brun et plus vraiment jaune" - c'est une indication qu'il utilise des véritables citrons ! Malheureusement il y a une tendence aujourd'hui de jetter les fruits ou légumes "moches" et que le citron "doit" être parfaitement jaune. Je préfère le citron "moche" qui vient d'un véritable arbre citronnier ... Chez nous en Europe on trouve des citrons du laboratoire parfaitement jaunes et rondes mais sans le goût d'un simple arbre naturel , je pense que beaucoup d'italiens et libanais et syriens ont d'ailleurs "nostalgie" pour le saveur de citron de leur pays car le fruit parfaitement jaune d'ici n'a pas de goût.

    Stes David

    12 h 25, le 25 mai 2019

  • Bientôt les restaurateurs dans la rue pour manifester contre cette rubrique de l'OLJ. Très peu de restaurants trouvent grâce aux yeux de votre critique gastronomique. Les phrases assassinent est une chose et la critique professionnelle en est une autre.

    Shou fi

    11 h 24, le 25 mai 2019

  • À n'y rien comprendre: la rubrique d'aujourd'hui souffle le chaud et le froid et au final, on ne sait plus s'il faut éviter cette cucina"pas exceptionnelle" ou s'il faut aller déguster ces plats "délicieu"...

    Marionet

    09 h 40, le 25 mai 2019

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