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Lifestyle - L’aile ou la cuisse

Le Petit Gris, atmosphère intime et expérience culinaire plutôt réussie

Cheeseburger incontournable. Photo C.C.

Il y a près de 15 ans, Makram Rabbath obtenait son diplôme de l’École hôtelière de Lausanne. Aux côtés d’un autre ancien élève, Mazen Chéhab, ils ouvrent en 2011 Le Petit Gris, en référence à une des variétés d’escargots les plus connues, l’Helix Aspersa. L’idée, dès le départ, était d’utiliser des ingrédients frais et naturels, et, plus encore, d’introduire des produits biologiques dans tous leurs plats.

Huit ans plus tard, ce bistrot français, qui ne peut pas accueillir plus de 50 personnes, a su conserver son atmosphère chaleureuse et proposer une expérience culinaire intime, même après avoir agrandi sa salle en prenant l’espace attenant. En raison de son petit espace, quand il est plein, et il l’est souvent, il devient un peu bruyant, ce qui peut être gênant. Côté cuisine, les deux partenaires ont réussi à maintenir la qualité de leurs plats même s’ils ont légèrement perdu leur identité « française ». Le design du restaurant est assez moderne, avec des bouteilles de vin suspendues sur les parois latérales, contrastant avec le sol en carrelage libanais traditionnel. Pour une raison inconnue, le revêtement du sol n’a pas été répliqué dans l’extension qui a été rajoutée par la suite… Les auvents rouges de la façade sont en harmonie avec l’identité française des premières années, et les grandes fenêtres permettent à la lumière naturelle d’éclairer l’espace.

Bon et léger

Avec le chef Chady Hreiz, les deux propriétaires ont choisi de revisiter les recettes traditionnelles en éliminant les matières grasses. Une réussite, notamment avec leur spécialité du moment, le bœuf Stroganoff. Le repas commence toujours avec des lamelles de concombre saupoudrées de sel, des tranches de baguette française chaudes et croustillantes couvertes de sésame, provenant directement de la boulangerie Paul, située quelques mètres plus loin, accompagnées de quelques olives noires et de trois petites noix de beurre.

Même si le menu n’a pas beaucoup changé au fil des années, hormis quelques modifications mineures comme le carpaccio de courgettes remplacé par un carpaccio de betterave, l’ajout de quelques salades à base de crevettes, le fait que les escargots aient maintenant leur propre section (une chose qui aurait dû être faite dès le départ étant donné le nom du lieu), voire l’ajout du Paillard de Veau, force est de constater que certains plats ne méritaient pas de rester aussi longtemps au menu. Ne vous méprenez pas, dans l’ensemble, je pense que Le Petit Gris est un très bon restaurant et qu’il a réussi à maintenir un certain niveau d’excellence au fil des ans. Peu de restaurants à Beyrouth peuvent s’enorgueillir de le faire. De plus, le personnel s’efforce de vous faire sentir bien en vous réservant un excellent service.

Les « à ne pas rater »

Pour commencer, ne manquez pas la « friture de calamars ». Les calamars sont panés et parfaitement frits. Ils sont très croquants, un peu huileux certes, mais tendres et juteux à l’intérieur, et accompagnés d’une sauce cocktail. Le carpaccio de betteraves est un autre délice, servi avec un mélange de laitue et de champignons frais découpés. Cependant, la betterave aurait pu être présentée en tranches plus fines, ce qui aurait rendu ce plat beaucoup plus sophistiqué. La salade de poulet façon thaïlandaise et la salade de bœuf façon asiatique sont si rafraîchissantes qu’on aurait pu espérer des portions plus grandes pour pouvoir les partager. Quant à la salade de sashimi de saumon affichée au menu spécial du jour, elle était pour le moins alléchante, et proposait des saveurs justes et équilibrées. Les deux grandes déceptions ont été le tartare de saumon bio et les escargots à la bourguignonne. Bien que le saumon cru utilisé soit de très bonne qualité, le mélange utilisé pour la marinade, trop riche en coriandre, manquait de câpres, de cornichons et de vinaigre de vin blanc. Les escargots contenaient beaucoup plus de beurre et de persil que d’ail, ce qui en a altéré le goût. Enfin, la salade de crabe frais était feuilletée et plutôt sèche. Dans ce cas, il est conseillé de choisir des crabes femelles plutôt que des mâles, puis les enduire d’une dose d’huile/citron bien plus généreuse.

Pour le plat principal, le Cheeseburger est un must qu’on aurait aimé, évidemment, un tout petit peu plus grand. Servi avec des oignons caramélisés, des cornichons et recouvert de Cheddar fondu, il se laisse déguster avec un énorme plaisir. La petite salade qui l’accompagne est inutile, alors que les frites sont juste parfaites : minces, croquantes et pas grasses.

Le bœuf Stroganoff est également une réussite. Fidèle à leur mission de limiter les matières grasses, Rabbath et Chéhab ont tenu leurs promesses. La sauce crémeuse qui l’accompagne est à la fois légère et goûteuse et les tranches de viande sont tendres. En ce qui concerne le steak-frites, sa température de cuisson était exactement comme exigée. La viande était tendre, mais l’ail dans la sauce était trop présent. Si seulement ceci avait été le cas avec les escargots! De plus, habitués à avoir une assiette de steaks-frites tranchée, nous avons été surpris de recevoir une viande servie à la manière d’un filet mignon. Néanmoins, c’était un très bon choix. Le saumon bio grillé et les crevettes jumbo (déclassées dans le nouveau menu pour devenir simplement « grosses crevettes » ) n’ont pas fait l’unanimité. Quant au plat de Linguine aux crevettes sauce pistou, la spécialité du restaurant, il était hélas trop gras. Dans les plats principaux, aussi, le grand « raté » était le tartare, cette fois-ci le tartare de bœuf, apparemment préparé à partir d’une viande de bœuf australien, et sans doute émincé avec une machine, ce qui lui donne des airs de « kibbe nayyé ». Encore une fois, de nombreux ingrédients essentiels semblaient également manquer, tels que les câpres, la moutarde. Et surtout, comme la plupart des restaurants de Beyrouth, « bien relevé » est souvent confondu avec « plus de Tabasco » !

Quant aux desserts, et comme je l’ai signalé précédemment dans cette rubrique, il n’existe pas encore de « grands desserts » à Beyrouth. Au Petit Gris, le chocolat utilisé dans la crêpe choco-banane n’était pas de grande qualité et la crêpe épaisse… Dans la pêche caramélisée, la pêche n’était pas mûre, sans doute hors saison et pas vraiment caramélisée.

Dans l’ensemble, Le Petit Gris est un bon restaurant, en dépit de ses quelques plats décevants et ses tarifs un peu élevés. Avec une moyenne de 85 dollars par personne, on pourrait s’attendre à mieux... Même si la carte des vins propose un grand choix, les prix restent ici aussi élevés – nous avons eu droit à deux choix de vin au verre à 12 et 16 dollars chacun ! Et pourtant, Le Petit Gris est constamment plein, accueillant en moyenne un peu plus de 20 tables par jour dans l’espace non fumeur.


*Critique gastronomique.

Trois ans que, sous un nom d’emprunt, cette Cruella des fourneaux sévit under cover dans la Dernière de « l’Orient-le Jour », un samedi sur deux. Qu’elle multiplie ses visites dans un restaurant, observe les gestes, les plats, les goûts, le service et l’aménagement des lieux. Qu’elle apprécie ou critique avec la plus grande objectivité.

Applaudie par beaucoup, haïe par d’autres, crainte par tous, elle permet surtout aux Libanais d’être (enfin) plus exigeants en termes de gastronomie.

FB : www.facebook.com/CordonCourtine/

Insta : cordon.courtine

E-mail : cordoncourtine@gmail.com


LE PETIT GRIS : rue du Petit Collège, Saïfi, Beyrouth.

DATA

Son: niveau max = 91,0 dB, TWA = 58,2 dB.

Qualité de l’air : 76/100 (moyen), COV 0,40 ppm. Humidité 49 %, température +20 °C.

NOTES

Son : 3/5

Décoration : 3,5/5

Personnel : 4/5

Plats : 3,5/5

Propreté : 4/5

Avis : bon

Prix : élevé

En résumé…

On aime bien : friture de calamars, salade de sashimi de saumon, salade de poulet façon thaïe, salade de bœuf façon asiatique, cheeseburger, bœuf Straganoff, steak frites.

On aime moins : tartare de saumon bio, escargots à la Bourguignonne, tartare de bœuf, pêche caramélisée.

Le conseil : partagez les entrées, car il y en a beaucoup à essayer ; évitez les escargots ; choisissez n’importe quel plat de viande comme plat principal ; sautez le dessert. Enfin, profitez du petit banc placé juste à l’extérieur, sur lequel vous pouvez vous asseoir en attendant de récupérer votre voiture !



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