Le président Michel Aoun, a affirmé mardi qu'Israël a fait savoir au Liban, à travers les Etats-Unis, qu'il n'avait "pas d'intentions belliqueuses" à l'égard du pays du Cèdre, alors que l'Etat hébreu mène depuis une semaine une opération à la frontière entre les deux pays afin de neutraliser des tunnels souterrains creusés selon lui par le Hezbollah.
"Les Etats-Unis nous ont communiqué la position d'Israël qui affirme ne pas avoir d'intentions belliqueuses" à l'égard du Liban, a affirmé le président Aoun, lors d'une conférence de presse conjointe au palais de Baabda en début d'après-midi avec son homologue autrichien, Alexander Van der Bellen, arrivé lundi à Beyrouth pour une visite officielle de trois jours.
"Le Liban non plus n'a pas d'intentions belliqueuses et la paix à la frontière n'est pas menacée. Nous attendons les résultats de l'enquête pour prendre des décisions en conséquence", a ajouté le chef de l'Etat libanais. Il a également estimé que l'opération israélienne "s'inscrit dans le cadre des pressions continues qu'exerce Israël contre le Liban, notamment à travers ses violations répétées des espaces aérien, terrestre et maritime libanais".
Dans la soirée, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a toutefois prévenu le Hezbollah qu'il s'exposait à une riposte "qu'il ne pouvait même pas imaginer", s'il lançait une attaque contre son pays. "Nous poursuivrons cette opération tant que subsistera la menace des tunnels du Hezbollah", a-t-il souligné lors d'une visite dans le nord d'Israël accompagné du chef d'état-major de l'armée, selon un communiqué de son bureau.
Le 4 décembre, l'armée israélienne avait lancé l'opération "Bouclier du Nord" après avoir annoncé avoir découvert des tunnels du Hezbollah partant du Liban sud et parvenant à son territoire. La Finul avait confirmé, après s'être rendue de l'autre côté de la Ligne bleue, l'existence d'un tunnel partant d'une maison du village libanais de Kfar Kila. Dans un communiqué, elle a confirmé l'existence d'un deuxième tunnel dans le même secteur, plus au nord.
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Entretien avec le chef de la Finul
Le président Aoun s'était entretenu auparavant à Baabda avec le commandant en chef de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), le général italien Stefano del Col, au sujet de l'opération israélienne. Le chef de l'Etat lui a assuré que "le Liban est attaché à l'application de la résolution 1701 car il tient au maintien de la sécurité et de la stabilité dans le Sud et refuse toutes les actions qui peuvent mener à des tensions à la frontière".
Votée en août 2006, la 1701 a permis de mettre fin à la guerre de juillet 2006, qui a opposé Israël au Hezbollah, et stipule que le Liban doit étendre son autorité à l’ensemble de son territoire, conformément aux dispositions des résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006) et de l’accord de Taëf. La résolution 1701 réaffirme le respect de la ligne bleue et indique qu’aucune force armée, à part l’armée libanaise et la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban), ne doit se trouver au sud de la rivière Litani.
"Le Liban est un pays qui aime la paix et œuvre pour son implémentation, en dépit des violations israéliennes répétées à l'encontre des décisions internationales relatives à ce sujet", a-t-il ajouté.
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Le président Aoun a ensuite insisté sur "la coopération et la coordination entre l'armée libanaise et la Finul et sur l'importance des mesures prises au niveau libanais et international afin de faire face aux tentatives de porter atteinte à la sécurité des habitants du Liban-Sud".
Le chef de l'Etat a enfin expliqué au général del Col que "le Liban attend les résultats des enquêtes libanaise et internationale au sujet des tunnels afin de prendre les décisions appropriées".
Le commandant en chef de la Finul a pour sa part informé le président libanais "des derniers développements concernant les travaux israéliens qui ont débuté la semaine dernière", selon le communiqué de la présidence.
Dans ce contexte, le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, a affirmé à l'ANI que "la performance du contingent italien de la Finul est bonne et le nombre de militaires italiens ne doit pas être revu à la baisse".
Le président Aoun s'est également entretenu avec l'ambassadeur de France, Bruno Foucher. Selon un communiqué de la présidence, le chef de l'Etat libanais a évoqué avec M. Foucher "la situation à la frontière et la question des tunnels". L'ambassadeur de France a indiqué pour sa part sur Twitter que l'entretien avait porté sur les "tensions sur la frontière du sud", et qu'il avait pour but la "réaffirmation de la résolution 1701 et de la souveraineté de l'Etat libanais sur tout le Liban".
M. Foucher et le président Van der Bellen ont été plus tard été reçus séparément par le chef du Parlement, Nabih Berry. Lors de sa réunion avec le président autrichien, le président de la Chambre lui a affirmé que le Liban "respecte la résolution onusienne 1701". "Ce qui est demandé, c'est que toutes les parties la respectent", a-t-il souligné, en référence aux "160 violations mensuelles israéliennes de la résolution".
En fin de semaine, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait appelé à sanctionner le Hezbollah, exhortant le Conseil de sécurité de l'ONU à prendre des mesures sur ce plan.
Le Hezbollah est la seule faction libanaise à avoir maintenu ses armes après la guerre civile du Liban (1975-1990).
Une délégation de l'armée israélienne s'est par ailleurs rendue mardi en Russie pour évoquer l'opération militaire à la frontière israélo-libanaise contre des "tunnels d'attaque" du Hezbollah libanais, selon l'AFP citant l'armée israélienne. Il s'agira de la première rencontre officielle entre responsables russes et israéliens depuis la visite d'une délégation israélienne fin septembre, après que le système anti-missiles aériens syrien a torpillé un avion russe en essayant d'éviter une attaque aérienne israélienne.
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QUAND A L,ASSURANCE DE WASHINGTON QU,ISRAEL N,A PAS D,INTENTIONS BELLIQUEUSES C,EST QUE LE PERMIS LUI A ETE REFUSE A BIBI...
LA LIBRE EXPRESSION
13 h 11, le 12 décembre 2018