« Ce qui se passe de l’autre côté de la frontière ne nous concerne pas. Les juifs défrichent leur terrain et le nettoient des rochers. Ils prétendent détruire des tunnels que le Hezbollah aurait construits du Liban vers les territoires occupés. Ce ne sont que des allégations. D’ailleurs, nous n’avons que faire de leur propagande. Chez nous, la situation est calme. Rien n’a changé. Nous continuons à vivre normalement. » C’est en ces termes que Nazib Halaoui, moukhtar à Kfar Kila, village frontalier, commente l’opération « Bouclier du Nord » lancée par l’armée israélienne dans la nuit de lundi à mardi pour détruire des tunnels souterrains du Hezbollah débouchant en territoire israélien. Pour lui, comme pour un autre habitant de la région, ce qui se passe à Metulla, en Israël, est « ordinaire ». « Nous n’avons rien à craindre », affirment-ils, soulignant que les travaux se déroulent à quelques mètres des blocs de béton érigés par l’État hébreu à la frontière.Hier matin, le Liban s’est réveillé sur une opération surprise de l’armée israélienne pour détruire les « tunnels d’attaque » du Hezbollah, dont l’un part de Kfar Kila vers Israël, selon un tweet du porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee, qui a, en fin d’après-midi, posté sur son compte Twitter des vidéos des présumés tunnels. Selon le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, porte-parole de l’armée israélienne, le tunnel qui a pour point de départ Kfar Kila fait deux mètres de haut sur deux mètres de large, court sur 200 mètres, dont 40 en Israël, à environ 25 mètres sous le sol. L’opération a été lancée quelques heures après la rencontre lundi, à Bruxelles, entre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le secrétaire d’État américain Mike Pompeo. « Quiconque cherche à s’en prendre à la sécurité d’Israël le paiera cher », a prévenu M. Netanyahu dans un communiqué. Plus tard en soirée, il a, dans une intervention au journal télévisé israélien, déclaré que l’État hébreu avait décidé il y a plusieurs semaines de lancer cette opération, a rapporté l’AFP. Celle-ci, a-t-il noté, se poursuivra « jusqu’à ce qu’elle réalise ses objectifs ». M. Netanyahu a en outre affirmé que ces tunnels étaient destinés à « faire entrer en territoire israélien des terroristes ». Il a, dans ce cadre, dénoncé la main de l’Iran dans la construction de ces tunnels, estimant qu’ils « font partie du réseau de terrorisme et d’agression régional et mondial dirigé par l’Iran ». « Nous agissons avec détermination pour empêcher l’enracinement de l’Iran en Syrie. (...) Nous agissons aussi contre les agissements terroristes de l’Iran au Liban », a ajouté M. Netanyahu. Il a par ailleurs indiqué qu’il s’entretiendrait du sujet « dans les jours qui viennent avec des responsables mondiaux, y compris avec le secrétaire général de l’ONU ». Il a ajouté qu’il avait demandé à la représentation israélienne à l’ONU « d’exiger une réunion urgente du Conseil de sécurité pour discuter de l’agression » du Hezbollah.
(Lire aussi : Israël lance son « Bouclier du Nord », mais sans bruit de bottes...)
Silence radio chez le Hezbollah
Le parti chiite qui a refusé hier de commenter l’opération a observé les travaux de l’autre côté de la frontière où des bulldozers et une grue se sont activés à creuser le terrain à Metulla, toute la journée et jusque tard en soirée, selon des habitants de Kfar Kila. L’organe d’information du parti chiite a toutefois publié des photos et une vidéo de plus de cinq minutes montrant des mouvements de soldats israéliens de l’autre côté de la frontière.
Quelques heures après le début de l’opération, la Finul a publié un communiqué assurant que les zones sous son contrôle au Liban-Sud étaient « calmes », soulignant que « l’armée israélienne l’avait informée hier matin qu’elle entamait des activités au sud de la ligne bleue à la recherche de tunnels ».
Une porte-parole des Casques bleus, Malene Kamp Jensen, a de son côté affirmé que « la Finul suivait les informations des médias et s’entretenait avec toutes les parties concernées afin de garantir que celles-ci aient recours aux mécanismes de contact et de coordination mis en place par la Finul pour assurer le calme et la stabilité permanents ». La force onusienne a par la suite annoncé avoir « augmenté le nombre de ses patrouilles le long de la ligne bleue, en collaboration avec l’armée libanaise, afin (...) d’éviter une escalade ».
De son côté, l’armée libanaise a fait part dans un communiqué de « sa totale disposition à faire face à toute situation d’urgence » et indiqué que ses unités accomplissaient « leurs missions habituelles le long de la frontière en coopération et en coordination avec la Finul ». La troupe a ajouté que la situation au Liban-Sud était calme.
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commentaires (1)
Faut qu'ils se décident les Israelos. Sont-ils à la recherche de tunnels comme ils l'ont affirmé à la FINUL? Ou sont-ils en train de les détruire? C'est le trou noir pr eux ma parole! Lol.
Tina Chamoun
12 h 17, le 05 décembre 2018