Rechercher
Rechercher

Liban - Gouvernement

Formation du gouvernement : Hariri va s’efforcer de défaire le nœud interchrétien

Le Premier ministre devrait s’entretenir avec Gebran Bassil et Samir Geagea.

Saad Hariri avec Samir Geagea au cours d’une de leurs rencontres. Photo d’archives

En dépit du tollé suscité par le décret de naturalisation signé récemment, la formation du nouveau gouvernement reste au centre des préoccupations du Premier ministre désigné Saad Hariri. C’est en tout cas l’impression qui se dégage des propos qu’il a tenus hier. 

S’exprimant devant une délégation du Conseil libano-saoudien des affaires, M. Hariri a déclaré qu’il « appuie sur l’accélérateur » pour mettre sur pied la nouvelle équipe ministérielle. Il a, en outre, exprimé le souhait que son prochain cabinet soit composé de personnalités compétentes, à même de permettre au gouvernement de plancher sur les projets approuvés dans le cadre de la conférence dite CEDRE (Conférence économique pour le développement du Liban par les réformes avec les entreprises), tenue à Paris le 6 avril dernier. 

Il reste que plusieurs obstacles entravent encore la formation du prochain cabinet. Un de ces nœuds réside au niveau de la représentation des sunnites ne gravitant pas dans l’orbite du courant du Futur. À l’heure où les proches du Premier ministre insistent sur le fait qu’il n’est pas question d’intégrer à l’équipe ministérielle une personnalité (sunnite) ayant un profil « provocateur », comme par exemple un Abdel Rahim Mrad, jugé trop proche de Damas, les regards sont surtout braqués sur l’ancien Premier ministre Nagib Mikati, député de Tripoli. Dans les milieux de ce dernier, on est optimiste. « Nous avons tourné la page des législatives. Mais nous sommes attachés à notre droit d’être représentés au gouvernement », déclare un proche de l’ancien chef de gouvernement à L’Orient-Le Jour. Il fait également savoir que lors des consultations non contraignantes tenues la semaine dernière, Nagib Mikati a ouvertement exprimé son désir de prendre part au prochain gouvernement, sans pour autant imposer des conditions quant aux modalités de cette représentation. Dans les mêmes milieux, on met l’accent sur un point important : le bloc parlementaire de M. Mikati est pluricommunautaire. M. Hariri n’est donc pas tenu de lui accorder un siège sunnite, et cela devrait lui faciliter la tâche. 

Sauf que les haririens ne semblent pas percevoir les choses sous cet angle. Ils n’écartent pas la possibilité de former une équipe ministérielle qui ne comprendrait pas le groupe de M. Mikati. « Nous n’avons pas encore oublié ce qui s’est passé en 2011 », déclare ainsi sans détour à L’OLJ Moustapha Allouche, membre du bureau politique du Futur. Il faisait allusion aux événements du 25 janvier 2011 connus sous le nom de l’épisode des « chemises noires » (du Hezbollah), à l’issu desquels Nagib Mikati a été nommé Premier ministre, après la démission des ministres du 8 Mars du premier cabinet Hariri. « Il n’est pas nécessaire que M. Mikati prenne part au cabinet. Mais il ne constitue pas un nœud », ajoute M. Allouche. 



L’obstacle chrétien
Outre l’obstacle lié à la représentation des sunnites indépendants ou du 8 Mars, la querelle opposant le Courant patriotique libre aux Forces libanaises semble loin de s’estomper, en dépit de la tentative du chef du CPL, Gebran Bassil, lors de la réunion hier du bloc parlementaire du « Liban fort », dirigé par le courant aouniste, de réitérer son attachement à la réconciliation interchrétienne de 2016, c’est-à-dire à l’accord de Meerab avec les FL. M. Bassil a par ailleurs insisté sur le fait que son parti agit selon une logique axée sur la compétition démocratique positive, et non l’isolement politique. Le chef de la diplomatie répondait implicitement aux récentes accusations lancées contre son parti par les FL. Selon celles-ci, les aounistes œuvreraient à isoler Meerab, en dépit de sa belle réussite aux législatives du 6 mai. 

Les propos de M. Bassil n’ont pas calmé les appréhensions du parti de Samir Geagea. Eddy Abillamaa, député FL du Metn, s’indigne via L’OLJ du fait qu’« un député nouvellement élu se permette de délimiter les poids des protagonistes au sein du gouvernement ». « Le scrutin du 6 mai a fixé notre nouveau poids parlementaire. Et nous ne permettrons à personne de le négliger et de nous contourner », ajoute-t-il. Un cadre FL interrogé par L’OLJ se veut pragmatique. « Les propos de M. Bassil sont positifs et bons. Mais nous sommes attachés à notre droit à une présence gouvernementale conforme aux résultats des législatives », dit-il. 

Face à tous ces obstacles, des sources politiques citées par l’agence locale al-Markaziya n’écartent pas la possibilité de former un cabinet de 24 (au lieu de 30) dans le but de faciliter la mission du Premier ministre. Cependant, le Hezbollah a renouvelé hier sa demande de trois portefeuilles (au lieu de deux actuellement), dont un ministère « important » (à l’instar de la Santé, des Travaux publics ou de l’Agriculture), toujours selon al-Markaziya. 

Un commentateur politique contacté par L’OLJ estime qu’on en est à ce stade à des spéculations normales en période de négociations gouvernementales. Mais il assure, toutefois, que Saad Hariri s’efforcera prochainement d’aplanir tous les obstacles. C’est d’ailleurs dans ce cadre que s’inscrivent des entretiens qu’il devrait tenir prochainement avec Samir Geagea et Gebran Bassil.



Pour mémoire
Tout le monde attend Saad Hariri...

Berry se prononce contre le principe d’une quote-part allouée à Aoun

Le Hezbollah en quête du tiers de blocage ?

Gouvernement : Hariri évoque, depuis Baabda, « la part du Premier ministre »

Hariri sous pression des députés sunnites du 8 Mars

Hariri face à la guerre d’influence interchrétienne...


Repère
Qui convoite quel ministère : le point sur la formation du gouvernement Hariri

En dépit du tollé suscité par le décret de naturalisation signé récemment, la formation du nouveau gouvernement reste au centre des préoccupations du Premier ministre désigné Saad Hariri. C’est en tout cas l’impression qui se dégage des propos qu’il a tenus hier. S’exprimant devant une délégation du Conseil libano-saoudien des affaires, M. Hariri a déclaré qu’il «...

commentaires (4)

permettez que l'on soit sceptiques !

Gaby SIOUFI

14 h 38, le 06 juin 2018

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • permettez que l'on soit sceptiques !

    Gaby SIOUFI

    14 h 38, le 06 juin 2018

  • Faut avouer que la présence des chrétiens est une chance pour le Liban , en ce sens qu'ils ont des opinions qui divergent et que cela influence l'occident sous le joug des sionistes usurpateurs de terre . Que Dieu bénisse leur présence éternellement.

    FRIK-A-FRAK

    14 h 34, le 06 juin 2018

  • LE NOEUD GORDIEN ETAIT PLUS FACILE A DEFAIRE... IL AVAIT SUFFI D,UN COUP DE L,EPEE D,ALEXANDRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 25, le 06 juin 2018

  • “La vie appartient à ceux qui ne reculent pas.” de Frédéric Dard Extrait de Des yeux pour pleurer

    FAKHOURI

    09 h 55, le 06 juin 2018

Retour en haut