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Liban - Gouvernement

Hariri face à la guerre d’influence interchrétienne...

Le CPL dénonce « la dramatisation » de la part des FL, Meerab insiste sur le respect des poids parlementaires.

Saad Hariri, chargé de former un nouveau gouvernement, s’est recueilli hier sur la tombe de son père à Beyrouth. Photo Dalati et Nohra

En dépit d’une volonté générale manifestée pour faciliter la formation d’un « gouvernement d’entente nationale », pour reprendre les termes du Premier ministre désigné Saad Hariri, ce dernier fait déjà face à certains obstacles qui menacent de compliquer la formation de son équipe. Des obstacles principalement liés à la qualité et la représentation numérique de chacun des protagonistes au sein de la prochaine équipe ministérielle.

C’est l’impression qui se dégage des propos tenus par le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, à l’issue d’un entretien avec le chef de l’État Michel Aoun hier à Baabda. Fort de sa nette victoire aux législatives du 6 mai, M. Geagea a déclaré sans détour : « Les blocs (parlementaires) devraient être perçus conformément à leur véritable poids. »

C’est dans la même logique qu’un cadre FL interrogé par L’Orient-Le Jour ne cache pas ses craintes quant à une éventuelle tentative aouniste « d’isoler les FL ». « Mais en dépit de cela, le parti veut contribuer au succès du sexennat de Michel Aoun », dit-il, avant d’expliquer : « M. Geagea a évoqué ce point avec Michel Aoun hier. Il lui a souligné que cela exige un respect du partenariat entre les FL et le CPL. » À partir de ce constat, le proche du locataire de Meerab précise les conditions de la participation du parti au prochain cabinet Hariri : « Nous voulons être représentés conformément à notre poids populaire. Cela signifie qu’un portefeuille régalien devrait nous être accordé, de même qu’un poste ministériel » principal, « comme la Santé ou la Justice, pour ne citer que ces deux exemples ».


(Lire aussi : Trois nœuds pour la formation du gouvernement, mais des tractations rapides)


« Le délai » de Michel Aoun
S’il est normal que chaque partie impose ses conditions en période de négociations gouvernementales, les aounistes semblent percevoir les choses sous un autre angle. Ils dénoncent « la dramatisation » pratiquée par Meerab et refusent les conditions « rédhibitoires » que certains protagonistes imposent déjà à la formation du cabinet. Joint par L’Orient-Le Jour, Alain Aoun, député CPL de Baabda, souligne que « tout le monde veut former un cabinet, loin des conditions rédhibitoires ». « Le chef de l’État accordera un délai pour la formation du gouvernement, faute de quoi il prendra les mesures nécessaires. » Le député de Baabda ne semble pas écarter la possibilité d’une équipe ministérielle issue de la majorité parlementaire, insistant sur l’importance d’en préserver la conformité au pacte national. Commentant ce que ses collègues appellent « les conditions FL », Alain Aoun y voit « une dramatisation mal placée ». « Nous étions écartés du bureau de la Chambre pendant neuf longues années, et cela n’a pas suscité une opposition de la part de Meerab », rappelle-t-il.


(Lire aussi : Coucou, les revoilà !, le billet de Gaby NASR)


Le nœud du Hezbollah
En dépit de ce paysage complexe, auquel s’ajoutent les demandes du Hezbollah et du Parti socialiste progressiste qui exigent trois portefeuilles chacun, les haririens semblent confiants que le Premier ministre désigné parviendra à former un cabinet d’union nationale. Mais Moustapha Allouche, membre du bureau politique du courant du Futur, se veut plus pragmatique. Interrogé par L’OLJ, il explique qu’outre le désir de tous les protagonistes de prendre part au cabinet, la mission de Saad Hariri fait face à de sérieux obstacles qui seraient liés au Hezbollah. « Le parti chiite tient à être représenté par certaines figures (sunnites) opposées à M. Hariri », dit-il, avant de faire valoir que les récentes sanctions américaines infligées à la formation de Hassan Nasrallah pourraient également entraver une formation rapide de l’équipe ministérielle.

Parallèlement, le courant du Futur semble passer par de sérieuses secousses, qui laisseront, sans nul doute, des séquelles sur les négociations gouvernementales. Une semaine après la démission-surprise de Nader Hariri, directeur du cabinet du chef de gouvernement désigné, le ministre sortant de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, s’est démarqué à deux reprises de son parti. Il a quitté la séance parlementaire de mercredi et le palais présidentiel hier, avant le reste des membres de son bloc. Mais pour M. Allouche, « il s’agit d’une manifestation du mécontentement lié au non-cumul des fonctions décidé par le parti ».


(Portrait: Saad Hariri, Premier ministre devenu rassembleur pragmatique)


« La nouvelle chance » des Kataëb
Même les forces de l’opposition adoptent une attitude positive à l’égard de la nouvelle phase initiée par le scrutin du 6 mai. Ainsi, les Kataëb ont créé la surprise en nommant Saad Hariri pour la formation du gouvernement, en dépit des rapports troublés avec le chef des Kataëb Samy Gemayel. Expliquant la position de sa formation, Élias Hankache, député du Metn, souligne que Saïfi n’a pas rompu avec son discours d’opposition. « Nous adoptons une attitude positive et nous voulons donner une nouvelle chance à M. Hariri. Mais cela ne signifie pas que nous demandons un portefeuille ministériel », déclare M. Hankache à L’OLJ.



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commentaires (6)

Théoriquement la démocratie est religieusement aveugle. Chrétien, druze, musulman, atheiste etc. Tous devraient être à pied d'égalité quand il s'agit de planifier, accepter et exécuter un plan de développement avec l'avenir pour vision. La majorite des chrétiens de toutes affiliations, ainsi que celle des Druzes libanais, suivent cet idée et œuvrent dans cette logique quitte à se retrouver peint comme atheiste. Des minorités musulmanes se joignent aussi souvent à leur risque et péril. Le côté musulman ne peut se défaire de son affiliation religieuse au profit de la construction de l'avenir independent et visionnaire. Le fait qu'ils soient dans un environnement où leurs co-croyants sont majoritaires, que ce soit sunnites ou chiites, les empêchent de se concentrer sur leur patrie. Alors là démocratie sera impossible à concrétiser et le marasme dû aux partages des pouvoirs et des ministères perpétuera cette incapacité de progresser et cette course vers l'abîme

Wlek Sanferlou

15 h 48, le 26 mai 2018

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Commentaires (6)

  • Théoriquement la démocratie est religieusement aveugle. Chrétien, druze, musulman, atheiste etc. Tous devraient être à pied d'égalité quand il s'agit de planifier, accepter et exécuter un plan de développement avec l'avenir pour vision. La majorite des chrétiens de toutes affiliations, ainsi que celle des Druzes libanais, suivent cet idée et œuvrent dans cette logique quitte à se retrouver peint comme atheiste. Des minorités musulmanes se joignent aussi souvent à leur risque et péril. Le côté musulman ne peut se défaire de son affiliation religieuse au profit de la construction de l'avenir independent et visionnaire. Le fait qu'ils soient dans un environnement où leurs co-croyants sont majoritaires, que ce soit sunnites ou chiites, les empêchent de se concentrer sur leur patrie. Alors là démocratie sera impossible à concrétiser et le marasme dû aux partages des pouvoirs et des ministères perpétuera cette incapacité de progresser et cette course vers l'abîme

    Wlek Sanferlou

    15 h 48, le 26 mai 2018

  • C'est drôle quand même que un sunnite et un chiite sont les modérateurs des forces chrétiennes. ON a l'impression de voir les palestiniens s'écharper .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 08, le 25 mai 2018

  • comme on avait donne le sur nom de Mohamed Meouchy au Cardinal , Pt't on donnera celui de Maroun Hariri a Saadeddine , S'il saura etre celui qui creera cet equilibre entre les deux !

    Gaby SIOUFI

    09 h 40, le 25 mai 2018

  • SI LES FORCES CHRETIENNES POUVAIENT S'UNIR LES CHOSES CHANGERAIENT DRASTIQUEMENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 14, le 25 mai 2018

  • Malgré tout nous voulons tous la réussite de notre pays. Bonne chance à nos dirigeants et espérons qu'ils puissent former un gouvernement le plus utile possible au peuple libanais.

    Sarkis Serge Tateossian

    07 h 35, le 25 mai 2018

  • Il n y a pas de guerre interchretienne. Ce qu il y a à déplorer , c est l attitude de ceux qui se désolidarisent de l entente de Meerab malheureusement.Ils perdront à long terme.

    Esber

    07 h 03, le 25 mai 2018

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