Maintenant que le Premier ministre désigné, Saad Hariri, est rentré de Riyad, où il s’est rendu, a-t-il dit, pour voir sa famille, le chantier de la formation du gouvernement peut enfin démarrer. Alors qu’abondent fuites et suppositions sur la distribution des portefeuilles et sur le partage du gâteau entre les différentes forces politiques, les informations se font rares. Selon des sources proches du dossier, la formation du gouvernement se fera dans le respect des constantes. Certains portefeuilles sont même déjà réservés à des parties politiques, et plus particulièrement des ministères régaliens qui resteront aux mains des mêmes formations, comme il a été convenu. La Défense irait donc au chef de l’État et serait attribuée à Élias Bou Saab. Les Affaires étrangères devraient rester aux mains du CPL et de Gebran Bassil. Les Finances seraient une nouvelle fois accordées aux chiites et au ministre Ali Hassan Khalil. L’Intérieur devrait rester au courant du Futur et pourrait être attribué à Jamal Jarrah. De plus, l’Énergie (et l’Eau) serait accordée au CPL et pourrait être donnée à Nada Boustani, conseillère du ministre César Abi Khalil, si toutefois ce dernier n’était pas nommé une nouvelle fois. Enfin, les Télécoms resteraient entre les mains du Futur et pourraient être données à une nouvelle figure. Et ce, alors que le CPL réclame un des deux portefeuilles des Finances ou de l’Intérieur, et que les ministères dits de services devraient être répartis entre les parties de manière équitable sur les plans politique et développemental, avec quelques menus changements.
Dans les milieux proches de la Maison du Centre, on garde le silence. Mais selon des sources de la banlieue sud, il n’existe pas d’obstacle essentiel ou substantiel lié à la formation du gouvernement. Depuis le retour de Saad Hariri, hier soir, le train peut donc se mettre en marche. Il a aussi été dit que les forces politiques sont soucieuses d’accélérer le processus, suite aux propos du gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, qui avait tiré la sonnette d’alarme et invité la classe politique à placer le pays dans l’unité des soins intensifs. De même, les instances économiques appellent les forces en présence à s’éloigner du bazar politique qui accompagne généralement la formation du gouvernement, vu que la situation économique ne permet pas les caprices. Quant aux visiteurs de Aïn el-Tiné, ils rapportent que le président de la Chambre s’en tient au silence. Nabih Berry rappelle en revanche qu’une fonction ministérielle n’est pas un honneur, mais une mission assignée au service des gens. Une mission qui ne peut être utilisée à des fins hégémoniques, ni pour une quelconque exploitation partisane ou personnelle. D’où la nécessité de former un gouvernement harmonieux.
Il n’en reste pas moins que, selon des sources proches du dossier, deux obstacles freinent aujourd’hui la formation du gouvernement : d’une part, le leader druze, Walid Joumblatt, insiste pour que son parti représente exclusivement la communauté druze au sein du cabinet. D’autre part, les Forces libanaises réclament d’être représentées selon leur poids, sur base du résultat des législatives. Des obstacles minimes, selon des observateurs, qui affirment que le gouvernement verra le jour rapidement.
(Lire aussi : Berry se prononce contre le principe d’une quote-part allouée à Aoun)
Quoi qu’il en soit, Saad Hariri voudrait renforcer la présence féminine au sein du prochain gouvernement, comme l’indiquent des sources proches du dossier. Il envisage aussi de nommer des ministres jeunes, et d’autres issus de minorités. Il partirait du principe que les ministères régaliens ne sont en aucun cas réservés aux quatre grandes communautés religieuses, et que les ministères de services ne sont pas non plus réservés aux partis politiques. Qu’il est donc nécessaire de placer la bonne personne à la bonne place. Autrement dit, le Premier ministre voudrait former le gouvernement sur base de nouvelles règles, quitte à surprendre. Mais la pression exercée par les forces politiques pourrait en décider autrement.
Concernant enfin la séparation de la fonction de député de celle de ministre, ce principe devrait être respecté par les FL, le Hezbollah, les Kataëb et le PSNS. Si le PSP n’a pas encore tranché, Nabih Berry s’accroche à l’attribution de portefeuilles ministériels à des députés d’Amal et réclame même un amendement de la Constitution dans ce sens. Il en est de même pour le CPL, qui avait pourtant présenté une proposition de loi au Parlement visant à empêcher le cumul des fonctions de député et de ministre. Mais pour l’instant, place à l’action, à commencer par la visite imminente du chef des FL Samir Geagea à la Maison du Centre.
Pour mémoire
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Repère
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commentaires (6)
""il est permis au poete ce qui ne l'est a nul autre !"" pour la ressemblance et similitude : notre crasse politique se permet ce que nul autre n'OSE meme rever se le permettre !
Gaby SIOUFI
13 h 22, le 05 juin 2018