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Liban - Gouvernement

Le Hezbollah en quête du tiers de blocage ?

La formation du cabinet bute encore sur les nœuds sunnite, chiite et chrétien.

Le chef du gouvernement désigné est attaché à son droit à être représenté par six ministres. Photo d’archives

Avec le retour du Premier ministre désigné Saad Hariri à Beyrouth, on est en droit de s’attendre à une relance du processus de formation du nouveau cabinet. D’autant que le président de la Chambre Nabih Berry est à nouveau monté au créneau pour insister sur l’importance de former une nouvelle équipe ministérielle dans les plus brefs délais.

Selon des visiteurs de Aïn el-Tiné cités par l’agence locale al-Markaziya, le chef du législatif estime que la dangereuse conjoncture locale et régionale exige la mise sur pied d’une équipe ministérielle le plus rapidement possible, incitant les divers protagonistes à ne pas imposer des conditions rédhibitoires quant à la répartition des portefeuilles ministériels.
Sauf que les diverses formations politiques ne semblent aucunement en mesure de faire des concessions au sujet de leurs demandes gouvernementales.

La formation du nouveau gouvernement semble ainsi buter d’abord sur le nœud du Hezbollah. À l’heure où le parti chiite ne cache pas son désir de renforcer sa présence au sein des institutions étatiques, notamment après les élections législatives, certains milieux politiques placent cette volonté dans un contexte plus large, lié au rapport de forces au sein de la nouvelle équipe Hariri. Le parti chiite – qui a chargé Nabih Berry des négociations à caractère gouvernemental – serait en quête d’un nouveau tiers de blocage. Une façon pour le Hezb d’affirmer sa présence au sein des institutions libanaises, à l’heure où il fait l’objet d’importantes sanctions américaines et internationales, et d’accusations de terrorisme.

Dans les mêmes milieux, on indique que le Hezbollah tient à obtenir onze sièges (sur trente), répartis comme suit : six chiites (le tandem Amal-Hezbollah), deux Marada, deux sunnites du 8 Mars (qui seraient Fayçal Karamé et Abdel Rahim Mrad), et un druze qui devrait être accordé au chef du Parti démocrate libanais Talal Arslane.

C’est dans ce cadre que s’inscrit aussi la rencontre tenue vendredi dernier entre le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, ainsi que la réunion d’une délégation du Hezbollah avec le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt à Moukhtara, dimanche. Une série d’entretiens que Hassan Nasrallah devrait compléter par une réunion avec le chef des Marada Sleiman Frangié et son fils Tony, nouvellement élu député de Zghorta, ajoute-t-on de même source.



Les sunnites du 8 Mars
Or le Hezbollah n’est pas la seule composante du 8 Mars qui retarderait la formation du gouvernement. Il y a aussi les personnalités sunnites n’appartenant pas au camp haririen. C’est en tout cas ce que laisse entendre via L’Orient-Le Jour un proche de Fayçal Karamé, député de Tripoli. « En tant que Coalition nationale (un bloc parlementaire regroupant les Marada, Fayçal Karamé, Farid Haykal el-Khazen, Moustapha Husseini et plusieurs députés proches du 8 Mars), nous sommes attachés à notre droit à un ministère de service et à un portefeuille-clé », déclare le proche de l’ancien ministre. Mais il précise, toutefois, que jusqu’à présent, les négociations n’ont pas abordé cette question. Il assure également que M. Karamé serait prêt à s’engager dans un dialogue à même de faciliter la tâche de Saad Hariri.


(Lire aussi : Berry se prononce contre le principe d’une quote-part allouée à Aoun)


CPL-FL
Quant aux formations chrétiennes, elles insistent, elles aussi, sur leurs demandes formulées devant Saad Hariri, lors des consultations non contraignantes tenues il y a une semaine. À la faveur de cette logique, et en dépit de leur querelle avec leur partenaire de la réconciliation interchrétienne de janvier 2016, les Forces libanaises semblent de plus en plus attachées à ce qu’elles appellent « des demandes à même de permettre au parti d’être représenté conformément à son poids politique issu du scrutin de mai », pour reprendre les termes d’un proche de Samir Geagea interrogé par L’OLJ. « Il va sans dire que le nœud chrétien existe. Pour le défaire, il suffit de respecter les poids dictés par les résultats des législatives », souligne le proche du leader des FL, qui ajoute : « Gebran Bassil a tenté, sans succès, de nous contourner. Nous l’appelons aujourd’hui à un dialogue sérieux et constructif, dans la mesure où la nouvelle phase de la vie politique exige un nouvel élan. »

Mais chez les aounistes, on se veut plus optimistes. Contacté par L’OLJ, Edy Maalouf, député CPL du Metn, assure que personne ne voudrait isoler les FL, soulignant que son collègue Ibrahim Kanaan (également député du Metn) est en charge des contacts avec la formation de M. Geagea.

En dépit de tous ces obstacles, Saad Hariri reste optimiste. Mais il semble, toutefois, déterminé à mettre les points sur les i, une bonne fois pour toutes. « Il n’est pas question d’intégrer au cabinet une figure sunnite (8 Mars) jugée provocatrice », souligne ainsi Moustapha Allouche, membre du bureau politique du Futur à L’OLJ, avant de poursuivre : « Il nous importe que les FL et le CPL parviennent à mettre fin à leur querelle. Il faut également trouver une issue au désaccord opposant Walid Joumblatt à Talal Arslane autour de la quote-part druze. » « Tout comme Michel Aoun, Saad Hariri est attaché à son droit à six ministres », ajoute Moustapha Allouche, estimant que le gouvernement devrait voir le jour quelques semaines après la fête du Fitr.



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commentaires (3)

Rêver...ça ne coûte (heureusement) rien et fait passer agréablement le temps... surtout quand on fuit sans cesse la dure réalité ! Irène Saïd

Irene Said

16 h 31, le 05 juin 2018

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Commentaires (3)

  • Rêver...ça ne coûte (heureusement) rien et fait passer agréablement le temps... surtout quand on fuit sans cesse la dure réalité ! Irène Saïd

    Irene Said

    16 h 31, le 05 juin 2018

  • En espérant que la formation de ce gvnmt ne tarde pas à se faire étant donné que les données sont claires, il y a les vainqueurs et les vaincus . Donc une majorité et une opposition qui servira de faire valoir.

    FRIK-A-FRAK

    14 h 23, le 05 juin 2018

  • PARALYSER LES GOUVERNEMENTS POUR AVOIR LE DERNIER MOT A DIRE EST LA SPECIALITE DU TANDEM CHIITE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 35, le 05 juin 2018

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