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Liban - Législatives 2018 - Trois questions à...

Émile Kanaan : Un État fort l’est-il par ses navires-centrales ?

Candidat à l’un des sièges maronites du Metn, Émile Kanaan fait partie des derniers fidèles au legs du Bloc national : le sens de l’État, le refus de toute concession sur l’indépendance, le rejet de la violence et de tout aspect milicien, et le serment presque solennel de transparence face à l’enrichissement illicite. Dans un pays épuisé par la corruption et en passe de normaliser le mini-État, ces principes ont cela de probant qu’ils allient, dans une parfaite cohérence, le combat contre la milice et celui contre la corruption. Séduit en outre par la pensée chéhabiste, qui elle aussi aspire à une structure d’État fédératrice, son appui a toujours été, dans les législatives du Metn, aux « héritiers » du Amid, Albert Moukheiber et Émile Salhab. Avocat chevronné de droit international privé, qui a vécu entre Beyrouth et Londres, il a acquis un sens aigu de la justice et pris conscience de la valeur des droits de l’homme. Acteur du printemps de Beyrouth, il s’est porté candidat aux législatives en 2009 sur la liste du 14 Mars, qui sera défaite par le Courant patriotique libre. C’est dans un digne espoir d’intégrer la Chambre qu’il se présente à nouveau en s’alliant à la société civile. C’est par elle qu’il a été sollicité, une preuve de la plus-value qu’il lui apporte d’ores et déjà.


(Lire aussi : Farès Souhaid : Non aux armes du Hezbollah et à l’hégémonie iranienne sur le Liban)



Quel est votre positionnement au sujet des grands dossiers politiques qui sont au centre du débat national dans le pays ?
Nous assistons à un effritement de l’État sous l’action du mini-État, qui est à l’évidence le produit des armes du Hezbollah. Jamais un tel déséquilibre n’a été ressenti entre les composantes du pays : alors qu’elles prétendent dialoguer, elles oublient que l’une d’elles est seule à détenir une arme. Personne ne peut accepter un tel déséquilibre. Pourtant, celui-ci n’est plus au centre du débat national. Le silence des acteurs du pouvoir sur le problème du Hezbollah – je dirais même du fardeau qu’il est devenu pour le pays – est une capitulation, camouflée par une soi-disant décision de mettre à l’écart les problèmes litigieux. La gestion du pays se limite désormais à un partenariat économique intéressé, un partenariat d’affaires suspectes, maquillé par une résignation à un état de fait politique. Dites-moi, comment peut-on prétendre édifier un État fort, à l’ombre d’un mini-État ? Ou encore, un État fort l’est-il par le respect de la légalité ou par les navires-centrales ? Comment parler d’un État fort, lorsque le monde a perdu confiance en nous, en l’occurrence lorsque les donateurs, à la CEDRE, exigent des réformes internes préalables au déblocage des fonds et un droit de regard sur l’usage de ces fonds ? Il est clair que les deux questions de souveraineté et de corruption sont liées. Je ne suis pas d’accord sur le fait que la coalition de la société civile (Koullouna watani), à laquelle je suis allié, parle de corruption en occultant le problème des armes illégales. Les deux problèmes sont évoqués dans notre problème. Notre projet fondamental est la construction de l’État. C’est la base de toute réforme.

Avec quel(s) camp(s) ou bloc(s) parlementaire(s) comptez-vous coopérer au Parlement et sur quelles bases ?
Je coopérerai avec quiconque adhère à la ligne d’action instaurée par la coalition civile, que devrait mener son bloc parlementaire éventuel. Le Hezbollah par exemple, le parti fort, qui aujourd’hui axe sa campagne sur la lutte contre la corruption est-il prêt à aller jusqu’à demander des comptes à tous ceux qui y sont impliqués ? Si oui, il aura tout mon soutien.


(Lire aussi : Ibrahim Kanaan : La réconciliation interchrétienne, une réussite dont tout le monde parle)


En dehors du champ politique, quel est le domaine que vous envisagez de privilégier dans votre action parlementaire ?
Prendre en compte les souffrances des gens, leur dignité. Mon travail dans les cours de justice et les établissements publics occidentaux – c’est-à-dire dans les pays qui se respectent – m’a permis de prendre conscience de la vanité de la vie humaine chez nous, la légèreté avec laquelle les individus sont traités. La peine que l’on fait subir (en formalités et fausses promesses) aux retraités en âge avancé pour obtenir des allocations de la Sécurité sociale m’afflige. L’infiltration du clientélisme dans le système éducatif public (on trouve des écoles publiques avec plus de professeurs que d’élèves) est, dans ce domaine en particulier, d’une injustice insoutenable : pour les élèves, dont le droit à l’éducation est confisqué, ainsi que pour les parents, contraints de recourir à une éducation privée qui souvent épuise leurs moyens.




La question du lecteur : Pourquoi avez-vous opté pour une alliance avec la société civile ?
J’ai été sollicité par de nombreux acteurs de la société civile dans la circonscription. Ma condition pour me rallier à eux a été qu’ils se fédèrent dans une seule liste. Cette condition s’est accomplie. Il me semble que j’y ai été pour quelque chose. Ce n’est pas peu dire que de grands collectifs de la société civile, notamment Sabaa et Mouwatinoun wa mouwatinat fi dawla, aient pu s’unir sous un même label, Koullouna watani, qui a désormais plus de soixante candidats dans neuf circonscriptions. Et de s’unir autour d’un projet électoral commun, sérieux et applicable. Il est vrai que j’ai été sollicité par des partis politiques, notamment les Kataëb, qui toutefois n’y ont plus donné suite. Sur le fond, mes constantes trouvent un écho dans les principes défendus par la société civile : pensée indépendante, refus de l’ordre établi par les forces politiques traditionnelles... Ces points communs ont facilité le choix de mes alliances.


Candidat à l’un des sièges maronites du Metn, Émile Kanaan fait partie des derniers fidèles au legs du Bloc national : le sens de l’État, le refus de toute concession sur l’indépendance, le rejet de la violence et de tout aspect milicien, et le serment presque solennel de transparence face à l’enrichissement illicite. Dans un pays épuisé par la corruption et en passe de...

commentaires (2)

ET EN PLUS LOUES AU PRIX FORT OU LA LATTA SE SENT DE TRES LOIN !

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 24, le 12 avril 2018

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Commentaires (2)

  • ET EN PLUS LOUES AU PRIX FORT OU LA LATTA SE SENT DE TRES LOIN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 24, le 12 avril 2018

  • EN CITANT Mr. E. KANAAN-(NE JAMAIS LE CONFONDRE AVEC L'AUTRE !) "Je coopérerai avec quiconque adhère à la ligne d’action instaurée par la coalition civile," "Le Hezbollah par exemple, le parti fort, qui aujourd’hui axe sa campagne sur la lutte contre la corruption est-il prêt à aller jusqu’à demander des comptes à tous ceux qui y sont impliqués ? Si oui, il aura tout mon soutien" CLAIR, NET & PRECIS - SANS LANGUE DE BOIS- SANS HYPOCRISIE ELECTORALE OU AUTRE : DU RAREMENT ENTENDU/LU !

    Gaby SIOUFI

    12 h 30, le 12 avril 2018

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