Pour contester l’incurie de l’État dans son rôle de gestion du dossier des migrants syriens au Liban, Marc Habka, avocat à la cour, a annoncé qu'il compte incessamment déposer une plainte devant le juge des référés de Beyrouth, en sa qualité personnelle et celle de représentant de la chaîne MTV.
Me Habka a fait cette annonce jeudi, lors d’une émission animée par le journaliste Marcel Ghanem sur la chaîne télévisée. Contacté par L’Orient-Le Jour, il a indiqué qu’il présentera ladite plainte lundi, l’administration financière devant laquelle les frais de procès doivent être réglés, n’ayant pas ouvert ses portes ces deux derniers jours.
L'avocat a affirmé que sa démarche judiciaire vise les ministères de l’Intérieur, de la Défense, et des Affaires étrangères, représentés par le département du Contentieux de l’État. Elle cible également la Banque du Liban, pour avoir permis aux réfugiés syriens en situation illégale d’« ouvrir des comptes bancaires », ainsi que les deux sociétés de télécommunication, Touch et Alpha, pour « leur avoir fait bénéficier des services des réseaux de communication ».
Il a insisté sur le fait qu’il ne cherche pas à entrer « en conflit » avec les institutions publiques, mais à « les contraindre d’exécuter les lois et les accords en vigueur », notamment en appliquant « les mécanismes de retour des réfugiés ». L’idée est de « demander des comptes à l’administration qui enfreint la loi », a-t-il insisté, estimant que sa démarche cherche à « forcer l’État à prendre des mesures sérieuses pour sortir des slogans et des accusations réciproques entre les responsables ».
Selon la MTV, la plainte en question comporte 24 pages, dans lesquelles l’avocat fustige « les entrées illégales et le trafic d’êtres humains à travers les frontières ». « On note la présence de Syriens dans 950 municipalités sur les 1050 existantes », indique-t-il, citant des statistiques en possession de la Sûreté générale, qui chiffrent à « 2 080 000 le nombre de ressortissants sur le territoire », d’où « un impact démographique ».
Lors de l'émission sur la MTV, le juriste est allé jusqu'à dire que la présence syrienne n'est plus un simple «déplacement» de population mais une « invasion déguisée ».
L’avocat évoque en outre des « pertes économiques », les évaluant à « 3 millions de dollars annuels » dus à « l’usure des infrastructures » et à « un non-paiement de factures ». Sur le plan social et éducatif, il cite la Banque mondiale (BM) qui estime que le nombre d’écoliers syriens est de « 240 000 », soit 2/3 des élèves libanais. Il attribue, par ailleurs, la hausse de la criminalité à la présence des réfugiés syriens, notant que ceux-ci «représentent 35% de la population carcérale».
Me Habka stigmatise enfin l'Office du Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) qui, d’une part, « ne procure pas aux autorités libanaises les données relatives aux réfugiés syriens » et, d’autre part, « fournit des certificats d’habitation de manière illégale ». À la question de savoir pourquoi il ne présenterait pas de recours contre l’organisme de l'ONU devant une instance internationale, l’avocat affirme qu’il n’en a pas la compétence.
Quant à sa saisie d’un juge des référés plutôt que du Conseil d’État, il souligne que cette juridiction est compétente lorsque qu’il s’agit d’infractions à l’encontre d’institutions administratives, tandis que c’est la justice judiciaire qui doit être saisie lorsque ces mêmes institutions empiètent sur les droits des citoyens.
commentaires (6)
On paie le prix de la gestion irréprochable du dernier mandat du président fort.
Lecteur excédé par la censure
10 h 23, le 27 avril 2024