Candidat au siège maronite de la circonscription du Mont-Liban I, qui regroupe les deux cazas de Jbeil et du Kesrouan, membre de la liste du Courant patriotique libre, l’ancien ministre de l’Intérieur répond aux questions de L’Orient-Le Jour.
Quel est votre positionnement au sujet des grands dossiers politiques qui sont au centre du débat national dans le pays (armes du Hezbollah, ligne de conduite du Hezbollah, position au sujet du régime syrien, attitude à l’égard des conflits régionaux…) ?
Nous sommes tous d’accord pour dire que c’est l’armée libanaise qui devrait défendre le pays, mais en même temps nous ne pouvons pas occulter ou mettre de côté le sacrifice de Libanais, de jeunes Libanais, qui ont défendu le territoire et qui ont permis la fin de l’occupation israélienne – bien qu’il y ait encore les hameaux de Chebaa à libérer et cela donne à la résistance une raison d’être. Cependant, la résistance devrait se limiter à son rôle de résistance contre Israël. J’appuie ouvertement le droit fondamental qu’est celui de la résistance, mais je pense qu’il faut qu’une stratégie de défense se mette en place sous le parrainage du président de la République.
Ma position par rapport au régime syrien est très claire. Pendant des années, les Libanais se sont plaints de l’ingérence syrienne dans les affaires libanaises internes, alors que parallèlement, aujourd’hui, je pense que nous ne devons pas nous immiscer dans les affaires internes syriennes. Moi, libanais, je respecte le choix des Syriens, tout comme je souhaite que les Syriens respectent notre souveraineté.
La question de notre attitude à l’égard des conflits régionaux s’est souvent posée au Liban. Aujourd’hui, la question se pose avec insistance parce que justement les conflits sont tels que je vois mal comment le Liban pourrait faire partie de tel axe ou de tel autre. La distanciation n’est pas une option parmi d’autres, c’est la seule option. Le Liban est solidaire des pays arabes lorsqu’ils sont menacés, lorsqu’ils sont en accord face à un même ennemi, mais il ne peut pas être de la partie lorsqu’il s’agit de conflit entre Arabes. La décision du Liban officiel de ne pas suivre un axe particulier est une garantie pour la stabilité du pays. Le Liban a besoin d’être à l’abri des retombées des conflits. Cela est principalement dû à la composition du pays, à sa diversité politique et même structurelle. Avec une telle composition, il faut absolument avoir une position ferme. Je trouve que la décision de principe du gouvernement est sage et nécessaire. Et elle est appliquée dans une certaine mesure. La preuve : le Liban a malgré tout préservé un minimum de stabilité.
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Avec quel camp ou bloc parlementaire comptez-vous coopérer au Parlement ? Envisagez-vous une coopération avec un bloc ou un camp au cas par cas, en fonction des développements ou des dossiers examinés ?
En ce qui concerne ma candidature, je fais partie d’une alliance avec Chamel Roukoz, Neemat Frem et le Courant patriotique libre. Je suis un candidat indépendant qui fait des alliances comme tout le monde en fait. Quand je dis indépendant, cela veut dire que je ne ferai pas partie d’un groupe politique, mais oui je fais des alliances sur des axes bien déterminés, tels que la mise en place d’un État fort, le combat contre la corruption…
Je suis allié avec le CPL et je ne le cache pas. Donc oui, je coopérerai avec le bloc parlementaire qui sera né de ces élections, car je me dois d’honorer mes engagements. Mais cela ne me rend pas incapable de réfléchir, discuter et débattre avec l’ensemble des membres qui composent le Parlement. Un député n’est pas prisonnier de ses alliances. Je garderai une marge de manœuvre qui me permettra de préserver ma personnalité politique.
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En dehors du champ politique, quel est le domaine que vous envisagez de privilégier dans votre action parlementaire ?
Tout est politique. Même l’économie et le social. En anglais on parle de policy au lieu de politics. Les politiques à plus d’un niveau m’intéressent beaucoup, de même que légiférer. Ces dernières années il y a eu beaucoup de lacunes au niveau de la législation, et cela doit cesser.
Je trouve que l’aspect social des choses est mis de côté : beaucoup d’efforts se font au niveau de la législation purement économique et de la législation d’organisation, et je serai plutôt tenté de travailler la législation dans le sens de la justice sociale. Nous manquons de justice sociale. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l’action gouvernementale doit être suivie. Nous avons un gouvernement qui ressemble beaucoup au Parlement de par sa composition, ce qui fait que les parlementaires ne jouent pas leur rôle au niveau du contrôle gouvernemental. Or, même si la majorité est la même au Parlement et au gouvernement, il faut quand même être capable d’interroger le gouvernement.
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La question du lecteur : Pourquoi ne pas faire partie d’une liste, ou former une liste, représentant la société civile ?
Dans ma région, la multiplicité des listes rend les choses plus complexes. Et la loi est mauvaise, avec un coefficient électoral élevé et un seul vote préférentiel. La proportionnelle actuelle a ses défauts, et cela rend les choses plus difficiles pour la société civile. De plus, celle-ci ne peut pas être de la partie lorsqu’il s’agit d’élections, elle est obligée de changer de chapeau. Car du moment où nous nous présentons aux élections, nous devenons des politiciens.
Quand j’ai été nommé ministre de l’Intérieur, je n’étais plus membre de la société civile. Je faisais partie du pouvoir, que je le veuille ou pas. Pendant ces trois années, je crois avoir servi la société civile beaucoup plus que si je faisais partie d’une association. J’ai servi les causes que défend la société civile, lorsque, par exemple, j’ai publié la circulaire qui permet aux Libanais de biffer leur appartenance confessionnelle sur les fiches d’état civil.
Tout ce que j’ai entendu quand j’avais ce chapeau de société civile, j’ai essayé de le mettre en pratique quand j’étais au pouvoir. Où que je sois, j’aurai toujours cette sensibilité et ce désir de mettre en pratique et traduire les désirs de la société civile en propositions de lois.
commentaires (11)
cette phrasiolosie de Mr Baroud est sans couleur sans saveur.Du pur sofisme
Massoud Younes
00 h 53, le 31 mars 2018