Candidate au siège grec-orthodoxe de Beyrouth I sur la liste « Nous sommes Beyrouth » formée avec le député sortant Serge TerSarkissian et des membres de la société civile, la journaliste Michelle Tuéni, présidente de la Fondation Gebran Tuéni, veut œuvrer notamment à développer l’éducation des jeunes et une assurance-vieillesse pour les moins jeunes.
Quel est votre positionnement au sujet des grands dossiers politiques qui sont au centre du débat national dans le pays (armes du Hezbollah ;
ligne de conduite du Hezbollah ; position au sujet du régime syrien ; attitude à l’égard des conflits régionaux ; décentralisation…) ?
Un État ne peut exister que si sa force militaire est entre les mains exclusives de son armée. Sur base de cette règle élémentaire, le Hezbollah doit livrer ses armes à la troupe (...) Il faut cesser de fournir des prétextes pour couvrir le Hezbollah, comme par exemple d’arguer que l’armée manque de capacités. La victoire qu’a remportée la troupe contre le groupe Fateh el-islam à Nahr el-Bared, en 2007, est une preuve contraire irréfutable (...) Quoi qu’il en soit, le Hezbollah, qui fonde sa raison d’être sur la résistance contre Israël, n’a pas à intervenir dans les conflits en Syrie, à Bahreïn et au Yémen. (...) Il ne peut agir de son propre chef dans ces conflits régionaux et aller ainsi à l’encontre du principe de distanciation. Or les décisions de guerre du parti chiite ont impliqué le pays et le peuple dans leur ensemble, au vu notamment des effets économiques négatifs sur les Libanais travaillant dans les États du Golfe, ainsi que sur les investissements et le secteur touristique au Liban.
Quant à ma position à l’égard du régime syrien, je considère qu’un État dictateur qui mène des guerres contre son peuple ne nous ressemble pas. Nous avons nous-mêmes pâti pendant trente ans de ce régime et avons payé cher l’indépendance de 2005. C’est pourquoi nous ne permettrons pas à ceux qui essaient de ramener l’influence de la Syrie de réussir dans leur tentative. Sur un autre plan, j’estime que la décentralisation administrative serait une solution à la majorité de nos problèmes quotidiens (...).
Avec quel camp ou bloc parlementaire comptez-vous coopérer au Parlement ? Envisagez-vous une coopération avec un bloc ou un camp au cas par cas, en fonction des développements ou des dossiers examinés ?
Il m’importera d’abord de collaborer avec les indépendants et les membres de la société civile qui auront gagné les élections en dehors des partis politiques traditionnels. Mais ceci ne m’empêchera pas de coopérer avec les députés de ces partis lorsqu’il s’agira d’un projet sur lequel nous sommes d’accord. Sachant que je respecte ces élus car ils représentent une partie des citoyens, j’œuvrerai avec eux en vue de réaliser ce qui est dans l’intérêt public. Ce n’est donc pas parce que nous ne pensons pas la même chose en politique que j’adopterai des comportements vexatoires à l’encontre de projets, dont ils seraient les auteurs et qui seraient profitables aux citoyens. Je me retrouverai avec eux autour de ces points, sans toutefois me départir de mes principes et de mon programme. Car l’avantage de ne pas me présenter sur une liste de partis est de pouvoir rester libre et de ne jamais me voir imposer la voie à suivre.
En dehors du champ politique, quel est le domaine que vous envisagez de privilégier dans votre action parlementaire ?
Lorsque l’éducation est en bonne santé, la société et la politique le sont aussi. C’est à partir de cette constatation qu’à travers la Fondation Gebran Tuéni, je me suis attachée à développer trois écoles publiques à Achrafieh. Si j’accède à l’hémicycle, je continuerai à me mobiliser pour améliorer les prestations de l’école publique, de sorte qu’elle atteigne le même niveau que le privé. J’œuvrerai également à organiser des expositions permanentes consacrées aux grands hommes de la nation (...). Car l’éducation et la culture sont à mes yeux une résistance qui combat la régression politique et sociale.
Je m’engagerai aussi en vue de garantir une assurance-vieillesse aux travailleurs qui se sont battus pendant des décennies pour gagner leur vie et payer leurs cotisations, et qui se retrouvent au seuil de leur retraite avec une indemnité de fin de service à peine suffisante pour subsister une ou deux années.
Enfin, je réclamerai d’emblée une loi électorale équitable qui contrôlerait les médias au cours de la période préélectorale. Elle leur imposerait notamment d’accorder un temps d’antenne égal à chaque candidat de chaque liste dans toutes les circonscriptions électorales, un temps qui ne serait pas tributaire des montants versés.
Question des lecteurs : Pourquoi ne vous êtes-vous pas présentée sur la liste des Kataëb, des Forces libanaises et de Michel Pharaon, comme l’avait fait votre sœur Nayla Tuéni en 2009 ?
Pendant neuf ans, cette liste a eu beaucoup d’occasions pour faire des réalisations, mais elle n’a malheureusement pas pu accomplir grand-chose. À mon avis, faire partie d’une combinaison politique ne permet pas toujours de concrétiser les projets que l’on nourrit parce qu’on se trouve dans ce cas dépendant de considérations liées en priorité aux intérêts des colistiers plutôt qu’à ceux des gens. Si les Kataëb n’étaient pas entrés dans cette combinaison, je me serais probablement alliée à eux parce que l’opposition qu’ils représentent est proche de mes idées.
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commentaires (9)
Il nous en faut 128 députés comme elle au parlement. Bonne chance !
Shou fi
20 h 01, le 05 avril 2018