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Liban - Législatives 2018 - Interview express

Boutros Harb : La grande culture démocratique des Libanais est en train de tomber

Le député sortant et candidat à l’un des sièges maronites de Batroun revient, pour « L’Orient-Le Jour », sur son expérience au sein du Parlement.

Boutros Harb. Photo ANI

Dans quel domaine particulier avez-vous principalement axé votre activité parlementaire au cours de votre mandat ?
J’ai essayé de remplir mes fonctions en tant que représentant de la nation dans les différents domaines, que ce soit au niveau législatif, du contrôle des gouvernements, en tant que ministre ayant tenu au moins cinq portefeuilles et en tant qu’électeur.
En tant que parlementaire, j’ai présenté plusieurs propositions de loi dont la majorité ont été adoptées, au nombre desquelles notamment la loi sur l’enrichissement illicite qui, durant les discussions tenues au Parlement, a malheureusement été vidée de son sens. L’expérience a montré qu’il faudrait réviser cette loi. J’ai aussi présenté des propositions de loi pour l’élimination de tous les éléments de distinction entre les droits des hommes et des femmes. Cinq lois ont été votées dans ce cadre. Au nombre des propositions de loi, également celle relative au commerce électronique qui est toujours au Parlement.
En tant que député, j’ai aussi le devoir de suivre le travail du gouvernement et par la suite de demander un vote de confiance en cas de dérogation à la loi. J’ai beaucoup travaillé sur ce plan, sachant que dans la plus grande partie de ma vie politique, j’étais dans les rangs de l’opposition et non de la majorité.

Dans quelle mesure avez-vous réussi à établir une coopération avec des députés de blocs adverses ?
Dans le travail législatif et en politique, si on coupe le dialogue, on perd la possibilité de connaître les opinions des autres. On se limite ainsi à ce qu’on croit être la vérité, ce qui est totalement déroutant. J’ai toujours cru que le dialogue est une nécessité qu’il faudrait garder, notamment avec les gens qui sont d’un avis différent. C’est pour cela que durant les grands événements que le Liban a subis, j’avais lancé l’idée de créer un regroupement de députés maronites indépendants qui avaient comme rôle principal d’être le pont de dialogue entre Beyrouth-Est et Beyrouth-Ouest. C’était l’une des plus belles œuvres que j’ai pu réaliser. Le contact a ainsi pu être gardé entre les musulmans et les chrétiens que les événements avaient séparés. Cette initiative a facilité la reprise du dialogue lorsque les circonstances l’ont permis.
Dans le passé, le dialogue au Parlement n’était pas lié à des intérêts particuliers ou à des partisans. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La grande culture que le Libanais avait sur le plan démocratique est en train de tomber. Désormais, la grande réalisation aux yeux de quelques parvenus politiques est celle d’empêcher la personne qui ne partage pas leur avis d’accomplir quelque chose. Par la suite, ils sabotent toute idée qui n’est pas la leur. C’est une chose que j’ai vécue au cours des dernières années avec beaucoup d’amertume.


(Lire aussi : Législatives et budget 2018, deux processus engagés, mais aux contours encore imprécis)


Dans quelle mesure votre longue expérience parlementaire a-t-elle eu pour conséquence de modifier ou de faire évoluer quelque peu votre perception de la situation dans le pays et votre position par rapport au camp adverse ?
Certainement, les années que j’ai passées au Parlement m’ont aidé à voir plus clair, à respecter la diversité et par la suite à considérer que personne au monde ne peut avoir raison dans tous les domaines, que la vérité n’est pas absolue et que votre adversaire peut avoir des attitudes et des positions qui sont authentiques, réelles et justes… Cela m’a appris à être ouvert aux idées différentes et à ne pas avoir honte de changer d’avis sans pour autant bafouer les principes auxquels je crois. C’était une longue expérience, très riche, qui m’a appris la valeur de vivre avec les autres et de ne pas considérer qu’on a le monopole de tout ce qui est juste et vrai. C’était la réelle école qui m’a appris comment vivre en société.

Question d’un lecteur
Que proposez-vous pour faire face à l’hégémonie du Hezbollah sur le Liban ?

Je crois qu’il est impossible aux Libanais de résoudre le problème du Hezbollah par la force. Ce sont des circonstances internationales qui vont nous aider à revenir à un État débarrassé du mini-État.
Je pense que proclamer la neutralité positive du Liban en gardant certainement notre obligation vis-à-vis de la cause palestinienne serait le seul moyen de pouvoir faire sortir le Liban du guêpier dans lequel il se trouve.
Il n’y a pas de solution magique. Il faut être très patient et éviter de s’aventurer pour ne pas tomber de nouveau dans des affrontements civils qui ne servent à rien. Il faut savoir sauver ce qu’on peut en attendant la solution internationale et régionale, et ne jamais légitimer l’existence des armes illégales, ce que malheureusement sont en train de faire notre président et notre ministre des Affaires étrangères. En tant que chef d’un parti, chacun est libre de ses opinions, mais lorsqu’on devient président de la République et ministre des Affaires étrangères de la République libanaise, on ne doit pas tenir un discours qui donne une légitimité à un arsenal illégal.



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Dans quel domaine particulier avez-vous principalement axé votre activité parlementaire au cours de votre mandat ? J’ai essayé de remplir mes fonctions en tant que représentant de la nation dans les différents domaines, que ce soit au niveau législatif, du contrôle des gouvernements, en tant que ministre ayant tenu au moins cinq portefeuilles et en tant qu’électeur.En tant que...

commentaires (9)

mais il faut comprendre que cette forme de démocratie confessionnel se transformera en un autre qui sera juste une façade a la confession ... donc il faut continuer sur la confessionnel et éduquer le peuple tout le peuple a se défaire du confessionnalisme programme que nos pères fondateurs ont mis sur papier mais jamais realiser et voila ou nous en sommes ..

Bery tus

20 h 21, le 09 mars 2018

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Commentaires (9)

  • mais il faut comprendre que cette forme de démocratie confessionnel se transformera en un autre qui sera juste une façade a la confession ... donc il faut continuer sur la confessionnel et éduquer le peuple tout le peuple a se défaire du confessionnalisme programme que nos pères fondateurs ont mis sur papier mais jamais realiser et voila ou nous en sommes ..

    Bery tus

    20 h 21, le 09 mars 2018

  • Aucune communauté seule, n'ira très loin ....sans l'appui de tous

    Sarkis Serge Tateossian

    15 h 50, le 09 mars 2018

  • Notre constitution "confessionnaliste", est incontestablement un obstacle au progrès démocratique au Liban mais aussi au progrès tout court. (qui dit le contraire est un menteur ou ignare) Justement, notre défi principal, est de transformer cette faiblesse en force. C'est possible et même recommandée. Pour ça il faut créer des ponts entre les communautés confessionnelles, pour atteindre à une dynamique. La "somme" de forces vives des communautés peut créer une union redoutable, de génie. Chaque confession possède forcément, au sein de sa communauté des personnes capables d'assumer de telle mission. Je pense que cette initiative peut être provoquée soit par un gouvernement (quelque soit le gouvernement), soit des personnes charismatiques issues de la société civile.

    Sarkis Serge Tateossian

    15 h 48, le 09 mars 2018

  • « Dans le passé, le dialogue au Parlement n’était pas lié à des intérêts particuliers ou à des partisans. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La grande culture que le Libanais avait sur le plan démocratique est en train de tomber. » dit-il. Il serait intéressant que M. Boutros Harb nous cite des périodes précises et même des dates pendant lesquels la culture démocratique au Liban faisait pâlir de jalousie les suisses, les anglais ou les français.

    Emile Antonios

    13 h 27, le 09 mars 2018

  • Sur l'hégémonie du Hezbollah sur le Liban, la réponse est là, claire et limpide comme "l'oeil du coq". L'ayatollah Khamenei a adressé à Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères sans le nommer : L'Iran n'a pas à négocier avec l'Occident sur son rôle au Moyen-Orient, c'est notre région. Pourquoi êtes-vous ici ? Notre Président et son gendre-ministre des Affaires étrangères n'y sont pour rien.

    Un Libanais

    12 h 59, le 09 mars 2018

  • C'est pas pour vous apprendre quoi que se soit Mr Harb , mais c'est le cas un peu partout dans le monde , surtout en occident dit DÉMOCRATIQUE.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 48, le 09 mars 2018

  • et c'est en s'alliant aux nazillons de PSNS que tu vas ramener la culture democratique au Liban toi ?

    Lebinlon

    10 h 59, le 09 mars 2018

  • I 3AWED BI SALAMTAK MEN ZAMEN...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 34, le 09 mars 2018

  • Nous dit-il alors qu'on sait que tout les deputes et presidents/ministres/deputes qui sont reste/arrive au pouvoir pendant l'ere syrienne (1990-2005), on pu le faire exclusivement parcequ'ils ont prete allegeance a ghazi kanaan...et maintenant ils veulent se positionner comme les parangons de la souverainete, integrite et democratie....dommage qu'il n'y ai pas de taxe sur le ridicule

    George Khoury

    06 h 29, le 09 mars 2018

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