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À La Une - Liban

A Hadeth, Amal, Hezbollah et CPL réunis pour insister sur l'unité nationale

"Les conflits politiques ne seront plus désormais traduits en affrontements sur le terrain, mais les divergences politiques persistent", a confié le député Alain Aoun à l'OLJ.

Conférence de presse conjointe Amal-Hezbollah-CPL au siège du Conseil municipal de Hadeth, le 2 février 2018. Photo Ornella Antar

Deux jours après les incidents qui ont secoué la localité de Hadeth, en banlieue de Beyrouth, sur fond de tensions entre le chef du Législatif, Nabih Berry, et le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, le Courant patriotique libre, le mouvement Amal et le Hezbollah se sont réunis vendredi au siège du Conseil municipal de Hadeth pour calmer les esprits.

Entre lundi et jeudi, et suite à la diffusion d'un enregistrement vidéo qui a fuité dimanche et dans lequel M. Bassil traite M. Berry de "voyou", des partisans d'Amal s'étaient mobilisés dans les rues de Beyrouth et sa banlieue, ainsi que dans d'autres régions libanaises. Mais les incidents de Hadeth étaient les plus graves. Dans la soirée de mercredi, des dizaines de voitures et de motos brandissant des drapeaux du mouvement Amal avaient sillonné les rues de Hadeth, tirant des coups de feu en l’air. Des partisans du CPL étaient alors descendus dans la rue, les armes à la main, ce qui avait nécessité l’intervention de l’armée. Le mouvement Amal s’est empressé de se démarquer des fauteurs de troubles, après que les démons de la guerre civile eurent été ravivés à la vue d’éléments armés dans la rue, que ce soit dans le camp Amal ou celui du CPL. Prévu hier soir devant la municipalité de Hadeth, un sit-in de solidarité avec les habitants de la ville, qui devait réunir les députés Ali Ammar et Ali Bazzi (Amal), a finalement été annulé à la faveur de la conférence de presse qui s'est tenue ce matin.

Après un mot d'accueil du président du Conseil municipal de la localité, Georges Aoun, le député Ali Ammar, membre du bloc parlementaire du Hezbollah, a vanté l'importance de l'unité nationale. "Nous sommes attachés au renforcement de l’unité nationale, et je parle d’avenir commun à nous tous, en tant qu’humains, avec nos différences, a-t-il insisté. Je veux féliciter tous ceux qui ont mis en échec ce que l’ennemi israélien tramait contre notre pays", a-t-il poursuivi.


(Lire aussi : « Si nous, chrétiens, ne nous défendons pas, nous n’existerons plus »)


"Là pour rester"
Ali Ammar a ensuite abordé la question de l'entente qui lie sa formation au Courant patriotique libre, en vertu d'un document signé à Mar Mikhaïl en 2006. "Le document d’entente est là pour rester, tant qu’il y a du sang qui coule dans nos veines, et malgré tous ceux qui tentent de porter atteinte à ce document", a-t-il assuré.

Certains observateurs s'interrogeaient sur la solidité de l'alliance entre la formation fondée par le président de la République, Michel Aoun, et le parti chiite, suite à la querelle entre MM. Berry et Bassil.


"Nous sommes responsables"
"Notre rencontre est un message qui s’oppose à tout ce qui a eu lieu ces derniers jours. Un message à nos partisans qui, consciemment ou inconsciemment, ont contribué à exacerber les divisions. Nous voulons assurer que nous sommes responsables", a souligné le député Alain Aoun (CPL). 

"Nous ne permettrons pas qu’un différend politique se transforme en affrontement entre les Libanais. Nous resterons partenaires au sein de ce pays. Et nous avons comme responsabilité de préserver le document d’entente de Mar Mikhaïl, à la veille du 12e anniversaire de la signature de ce document. Cette entente va se poursuivre. Voilà le message que nous adressons à tous les Libanais. Il se peut que nous ayons à nouveau des divergences politiques, mais cela ne va pas mener à la sédition", a-t-il assuré.

Dans une déclaration à notre envoyée sur le terrain Ornella Antar, M. Aoun a affirmé que "les conflits politiques ne seront désormais plus traduits en affrontements sur le terrain, mais les divergences politiques persistent". Il a expliqué que la réunion qui s’est tenue visait uniquement à éviter le recours à la rue, sans aborder la question des divergences politiques entre sa formation et celle du président Berry.


(Pour mémoire : Conflit Berry/Bassil : multiplication des appels au calme après les graves incidents de Hadath)


"Présenter des excuses"
Prenant à son tour la parole, le député Ali Bazzi (Amal) a lui aussi appelé à l'unité. "Nous devons tous, indépendamment de nos divergences, rester toujours au service de l’homme et protéger ses droits, loin de toute atteinte à sa personne. Tout le monde sait que le mouvement Amal n’a aucun lien avec ce qui s’est passé à Hadeth ou dans la rue. Et nous avons eu le courage de présenter des excuses aux Libanais pour toute gêne occasionnée par les manifestations de rue. Et le président Berry a transmis ses directives au responsable (sécuritaire) au sein d'Amal Ahmad Baalbaki, et aux autorités, afin que la vie, la dignité et la sécurité des Libanais ne soient pas en danger. La présidence et le bureau politique d’Amal ont également publié des communiqués en ce sens. Nous avons le courage de présenter des excuses, car nos priorités sont ailleurs, notre priorité c’est le Liban, et les défis dangereux auxquels il fait face, surtout les menaces israéliennes (…)", a-t-il souligné.

A une journaliste qui lui demandait si le mouvement Amal réclamait toujours des excuses à M. Bassil, Ali Bazzi a répondu par la négative. "Gebran Bassil sait ce qu'il a à faire, il doit présenter des excuses à tous les Libanais", s'est-il contenté de dire. Le président Berry avait fait savoir à plusieurs reprises qu'il ne réclamait pas à M. Bassil des excuses pour sa personne, mais plutôt pour "le peuple libanais". Le chef de la diplomatie se trouve actuellement à Abidjan, en Côte d'Ivoire, où il organise le second congrès de la LDE (Lebanese Diaspora Energy), maintenu malgré les tensions.

"La situation est revenue à la normale"
La tension était retombée hier suite à un appel téléphonique effectué par le président Aoun qui s'est entretenu avec le chef du Législatif, et au cours duquel ils ont abordé la crise qui opposent le CPL et Amal.

"La situation est revenue à la normale, après avoir tiré les leçons des derniers événements", a insisté vendredi le chef de l’Etat, lors de propos échangés avec ses visiteurs au palais de Baabda. "Le parcours vers l'édification de l’Etat va se poursuivre, et les institutions sont le lieu où tous les problèmes sont réglés", a-t-il ajouté.


En début d'après-midi, le député Waël Bou Faour, affilié au Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, s'est de son côté rendu à Aïn el-Tiné où il a été reçu par M. Berry. "L'appel téléphonique du président Aoun à M. Berry a donné des signaux positifs. Quant au volet personnel, il revient à M. Berry d'en décider. Nous ne cachons pas notre relation avec le président Berry, et cette relation ne signifie pas que M. Joumblatt est en conflit avec qui que ce soit. Il comptait sur la sagesse du président Aoun pour résoudre cette crise", a souligné M. Bou Faour, lors d'un point de presse. "Les questions politiques en suspens se traitent au sein des institutions", a-t-il conclu.

"Malgré tous les problèmes qui peuvent survenir, nous préserverons toujours la sécurité et la stabilité du pays afin de faire face aux grands défis (...)", a pour sa part réagi le président Berry, lors d'un entretien avec une délégation de femmes libanaises issues du milieu associatif, éducatif et des médias.

Quant au Premier ministre, Saad Hariri, il a prévenu contre le recours aux armes qui mènerait à la "sédition".
 "Ce qui s'est passé la semaine dernière montre que les mots forts attisent les divergences et que le recours aux armes à l'intérieur du territoire libanais mène à la sédition", a déclaré M. Hariri lors d'un discours à Beyrouth. "Nous avons été la cible d'insultes plus graves mais nous considérons que la dignité du pays est plus importante que celle des personnes et des partis".  "Il faut sortir du langage de la rue car les Libanais n'acceptent pas que leur pays soit à la merci d'une déclaration ou d'une réaction", a-t-il ajouté.

"Nous sommes redevables aux Libanais auxquels nous nous engageons à assurer la stabilité du pays afin de libérer tout le territoire de l'occupation israélienne et d'édifier un Etat fort, capable et juste", a de son côté affirmé le numéro deux du Hezbollah, cheikh Naïm Kassem, lors d'un discours à l'occasion du lancement de la machine électorale du parti chiite. "La réunion à Hadeth est signe de l'union en laquelle nous croyons, et un pied-de-nez à tous ceux qui misaient sur la discorde. Nos alliances tiennent, et ne sont pas déstabilisées par quelques problèmes", a conclu le responsable chiite.



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Deux jours après les incidents qui ont secoué la localité de Hadeth, en banlieue de Beyrouth, sur fond de tensions entre le chef du Législatif, Nabih Berry, et le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, le Courant patriotique libre, le mouvement Amal et le Hezbollah se sont réunis vendredi au siège du Conseil municipal de Hadeth pour calmer les esprits. Entre lundi et jeudi, et...

commentaires (11)

Magnifique photo des cravatés en fusion avec les sans-cravates. Quelle superbe pose. Les bras-levés en se tenant par les mains. Cette pose les fait éviter de devoir regarder les uns les autres droit dans les yeux. Regardez-les comme ils sont beaux à voir, ils s'entendent super-bien. N'hésitez plus, votez pour le statu quo - c'est rassurant, comme la dernière fois et comme l'avant dernière fois et comme l'avant d'avant la dernière fois. Yallah les 2 tours sont joués à l'avance

Shou fi

19 h 21, le 02 février 2018

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Commentaires (11)

  • Magnifique photo des cravatés en fusion avec les sans-cravates. Quelle superbe pose. Les bras-levés en se tenant par les mains. Cette pose les fait éviter de devoir regarder les uns les autres droit dans les yeux. Regardez-les comme ils sont beaux à voir, ils s'entendent super-bien. N'hésitez plus, votez pour le statu quo - c'est rassurant, comme la dernière fois et comme l'avant dernière fois et comme l'avant d'avant la dernière fois. Yallah les 2 tours sont joués à l'avance

    Shou fi

    19 h 21, le 02 février 2018

  • DU THEATRE A GRANDE ECHELLE ! ET UNE PREUVE COMME QUOI ILS MANIPULENT LEURS MOUTONS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 37, le 02 février 2018

  • Enfin le Liban est sauvé. .Mais....

    Antoine Sabbagha

    17 h 41, le 02 février 2018

  • le Pape, lorsque Napoléon l'a forcé à venir à Avignon pour son couronnement, a répondu à ce dernier : comediante, tragediante en répliquant aux arguments de dans la démarche de cette réunion de 3 parties représentant chacun sa confession , c'est en plus le délire

    FAKHOURI

    16 h 14, le 02 février 2018

  • Comme le disait si bien mon grand-père, le conflit entre Mr. Berry et Mr. Bassil, c’est la faute aux Italiens...7ak 3al telliene, non?

    Algebrix

    15 h 11, le 02 février 2018

  • La Comedia d'El Arte ...

    Remy Martin

    14 h 55, le 02 février 2018

  • Que vient faire "l'ennemi Israël" dans cette querelle entre Gebran Bassil et Nabih Berry ? En tous cas, il doit bien rigoler de constater une fois de plus le peu de sérieux dans les comportements de nos SUPER-RESPONSABLES POLITICIENS...du plus grand au plus petit, dans tous les domaines ! Et peut'être même que cela lui donnera des idées, comme à tous ceux qui veulent nuire à notre pauvre Liban, les requins rapaces sont tout autour de nous, partout... Irène Saïd

    Irene Said

    14 h 47, le 02 février 2018

  • Quel cinema..

    LeRougeEtLeNoir

    14 h 45, le 02 février 2018

  • Ainsi, c'est encore Israël qui a soufflé à Bassil l'idée d'insulter Berry, et aux partisans de celui-ci de descendre dans la rue! Bravo pour ceux qui ont su déjouer le complot!

    Yves Prevost

    12 h 59, le 02 février 2018

  • Il m'a semblé que Ali Ammar n'a pas oublié qu'il est le neveu de Mahmoud Ammar, l'un des piliers les plus solides du PNL de Camille Chamoun.

    Un Libanais

    12 h 42, le 02 février 2018

  • C'est du pur "replatrage" - Rien pour cimenter la soit disant Union Nationale.

    IMB a SPO

    12 h 36, le 02 février 2018

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