Le mouvement Amal et le Courant patriotique libre ont appelé au calme jeudi après les graves incidents survenus la nuit précédente entre partisans de ces deux formations politiques à Hadath, dans le caza de Baabda.
Dans le contexte de la crise née après la fuite d'une vidéo dans laquelle le chef du CPL et ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, qualifie de "voyou" le chef du Parlement Nabih Berry, plusieurs dérapages ont eu lieu dans les rues. L'un des plus graves a eu lieu dans la nuit de mercredi, quand des partisans d’Amal, à bord de véhicules et de motos, ont déboulé au centre de Hadath, tirant des coups de feu en l’air. L'affaire a provoqué une tension notoire et une mobilisation des partisans du CPL, qui sont descendus dans la rue les armes à la main, ce qui a nécessité l’intervention de l’armée pour calmer les esprits.
Remerciant dans un communiqué "ceux qui ont condamné et exprimé leur solidarité envers M. Berry après les propos à son encontre qui ont été diffusés", le bureau politique du mouvement Amal a appelé "ceux qui se sont mobilisés de manière spontanée en organisant des convois qui ont suscité des problèmes ne reflétant pas l'image et la position du mouvement", à "cesser les mouvements et les blocages de rue", afin de ne pas donner "une excuse à ceux qui cherchent à torpiller les relations entre les Libanais". Mercredi soir, des sources proches d’Amal avaient attribué l’incident à l’irruption d’une "cinquième colonne".
"Nous ne voulons pas paralyser le gouvernement, mais la situation n'est pas simple", a déclaré de son côté le ministre des Finances et proche conseiller de M. Berry, Ali Hassan Khalil. "Sur le terrain, nous avons appelé nos partisans à quitter les rues", a-t-il ajouté, soulignant que "c'est à l'armée d'interdire les mouvements de rue".
"Nous condamnons les provocations mettant en péril la sécurité des citoyens qui se sont déroulées à Hadath la nuit dernière", ont de leur côté indiqué les responsables du CPL du caza de Baabda, dans un communiqué. "Nous refusons le langage de la rue, car la rue appelle la rue et l'action appelle la réaction", poursuit le texte, saluant les prises de position et les contacts entrepris par le Hezbollah avec Amal pour "calmer la rue" et insistant sur l'importance de préserver "la paix civile et les intérêts nationaux".
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"Dislocation progressive et rapide de l’entente nationale"
Dès mercredi soir, le député Alain Aoun (CPL) avait qualifié l’incident de Hadath de "signal très grave tant du point de vue de la forme que du fond", appelant à mettre fin à cette "dislocation progressive et rapide de l’entente nationale".
Dans une intervention télévisée à la chaîne locale LBCI, Alain Aoun a déclaré que "les responsables politiques doivent créer un climat d'apaisement, particulièrement en cette période". Une réunion regroupant les municipalités de la banlieue sud de Beyrouth devait lieu à 18 heures au siège de la municipalité de Hadath "pour affirmer l'attachement à l'unité", mais elle a été ajournée après un entretien téléphonique entre MM. Aoun et Berry, à l'initiative du chef de l'Etat. Plus tôt dans la matinée, Ibrahim Kanaan, membre du bloc parlementaire du CPL, avait estimé sur son compte Twitter que "cette crise commence à menacer la stabilité du Liban et les ententes nationales".
De son côté, le patriarche maronite Mgr Béchara Raï s'est également exprimé sur cette crise, pointant du doigt, en des termes particulièrement forts, la responsabilité des leaders politiques.
Depuis lundi, des partisans d'Amal se mobilisent dans les rues de Beyrouth et sa banlieue, ainsi que dans d'autres régions libanaises, après les propos de M. Bassil ayant fuité dimanche. Mercredi, M. Berry s'était excusé "auprès de ceux qui ont subi des préjudices à la suite des manifestations populaires", mais réclame toujours des excuses à M. Bassil qui s'est envolé dans la journée pour Abidjan, en Côte d'Ivoire, où il organise le second congrès de la LDE (Lebanese Diaspora Energy), maintenu malgré les tensions entre le CPL et Amal.
Jeudi encore, plusieurs sits-in de soutien à M. Berry ont été organisés dans la journée, notamment dans les locaux de l'Université libanaise à Hadath, ainsi que dans des établissements scolaires à Chiyah, Ghobeiry et Bir Hassan, dans la banlieue sud de Beyrouth.
Par ailleurs, le président exécutif de l'Union des syndicats du transport aérien au Liban, Ali Mohsen, a démenti les informations selon lesquelles le syndicat proclamerait "la désobéissance civile" à l'aéroport de Beyrouth, affirmant que l'Union n'avait publié aucun communiqué mercredi en ce sens.
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À Abidjan, des menaces contre Bassil en pleine ambassade
Après avoir prononcé le mot "baltagi" Gébran Bassil avait ajouté : Nous voulons lui casser la tête avant qu'il ne casse les nôtres" (An-Nahar du 1/2/2018). Je crois que le gendre a trouvé le "chacouche" (marteau) avec lequel son beau-père avait promis à l'AIB en 2005 de casser la tête de Bachar el-Assad.
21 h 20, le 01 février 2018