À force de jouer avec le feu, on finit par se brûler. Transposé sur la scène libanaise, ce proverbe prend tout son sens dans les débordements des derniers jours. Verbaux d’abord, sécuritaires ensuite, réseaux sociaux y compris. Dérapages incontrôlés qui ont transformé des médias en porte-étendards de tel ou tel chef politique, maronite pour les uns, chiite pour les autres, et certains quartiers du Grand Beyrouth en véritables scènes de guerre.
D’abord Sin el-Fil, devant le siège du Courant patriotique libre, puis Mar Mikhaël (Chiyah) et la route de l’aéroport, dans la banlieue sud. Et enfin, Hadeth, mercredi soir, où des partisans chiites du seigneur de Aïn el-Tiné ont pris d’assaut la place du village. À bord de véhicules et de deux-roues, ils ont déversé leur haine à qui mieux mieux, terrorisant les habitants déjà couchés. La réponse a été prompte. Les armes à la main, les militants du CPL se sont déployés eux aussi. Pas question de permettre à ces hordes de va-t-en-guerre d’envahir un quartier chrétien. Des coups de feu ont été tirés. Dieu seul sait comment les choses se seraient terminées, sans l’intervention rapide de l’armée, qui a séparé les belligérants et renvoyé chez eux dare-dare les militants des deux camps. On aurait pu compter des blessés, des morts même. Des civils auraient pu être atteints, des habitations touchées, des enfants traumatisés. La providence a fait le reste.
La guerre civile et confessionnelle, les Libanais ne peuvent pas l’oublier. Ils n’en ont pas le droit. Pas plus qu’ils n’en ont la volonté. Non seulement en mémoire des morts, des disparus dont nul n’a jamais réussi à clore le dossier. Non seulement en souvenir de ce sanglant conflit de 15 ans qui a mis l’économie du pays à plat et poussé à l’exil une grande partie de sa population et de ses têtes pensantes. Mais aussi pour les jeunes générations et celles à venir, qui ont droit au développement et à la paix, plus particulièrement dans cette région du monde qui va de crise en crise.
Ce qui devait arriver, arriva. Tout a commencé par un mot déplacé, par une accusation, une insulte, prononcée dans la sphère privée par le gendre du chef de l’État, Gebran Bassil, un maronite pur et dur, contre le chef du législatif, Nabih Berry, de confession chiite, lui. Depuis des années, il est vrai, le courant ne passe pas entre les deux hommes. Pas plus qu’il ne passe entre le président du Parlement et le chef de l’État. Les réseaux sociaux ont fait le reste. Les nouvelles technologies ne pardonnent pas. Peu digne d’un homme politique. Encore moins digne d’un ministre des Affaires étrangères. Le confessionnalisme primitif a rapidement pris le dessus. Outre les appels à la démission lancés par les proches du président de la Chambre, la rue partisane chiite s’est enflammée, en colère, agressive, incontrôlable. Avec toutes les dérives commises, les pneus brûlés, les coups de feu en l’air, les fiers-à-bras qui terrorisent une population incrédule, les menaces et les discours haineux qui n’en finissent pas de fuser, de part et d’autre.
Le problème c’est que toute étincelle commence par un mot, une gifle, une humiliation. Les pires guerres qu’ont vécues les Libanais ont commencé par un événement, qui aurait dû être évité. La guerre fratricide, par l’autobus de Aïn el-Remmaneh, le 13 avril 1975. La guerre israélienne contre le pays, par l’enlèvement de deux soldats israéliens, le 12 juillet 2006, par le Hezbollah. Les choses ont alors dérapé. Tout est allé très vite. La violence a pris le dessus. Impossible de faire marche arrière. Mais à chaque fois, ce sont les citoyens qui en ont payé le prix fort.
Il s’en est fallu de peu pour que les choses dégénèrent, ces derniers jours. Les discours confessionnels aidant, chaque partie a contribué à la dégradation ambiante, haussant le ton, mobilisant ses troupes, divisant encore plus les Libanais. Normal en cette veille d’élections législatives, diront certains. Sauf que le crêpage de chignon entre Gebran Bassil et Nabih Berry nous aura menés à deux doigts d’une guerre civile. Ce qui est inadmissible. Et mérite d’être sévèrement sanctionné.
Face à la gravité de la situation, le président Aoun a initié une détente hier. « Jusqu’à la prochaine querelle », répond le citoyen, incrédule.
Liban - Citoyen grognon
Dérapages incontrôlés
OLJ / Par Anne-Marie El-HAGE, le 02 février 2018 à 00h00
changement , reformes C beau comme slogan. que chacun adopte sans honte. mais qu'est est il de la JUSTICE ? on demande au citoyen de croire en ces solgans , et du meme coup on laisse passer des "derapages" linguistiques ( pr ne pas user de termes incriminants) ,soit derapages de "rues" provoques par d'autres responsables, actes pourtant VISIBLEMENT PASSIBLES de poursuites judiciaires . mais que dis-je la, les "rues" vite confessionalisees auront vite fait oublier au citoyen L'ESSENTIEL et betement defendre corps et ames son "zaim " . DU BEAU
11 h 22, le 02 février 2018