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Liban - Décryptage

Le retour en force de Riyad : deux lectures opposées

Les médias libanais rapportent depuis quelques jours des informations sur « la colère saoudienne » à l'égard du régime libanais et en particulier du chef de l'État suite à ses propos sur la complémentarité entre les armes de la résistance et celles de l'armée libanaise dans le cadre d'une stratégie de défense nationale face à la menace israélienne. Tantôt, c'est le roi Salmane d'Arabie qui aurait décidé d'annuler une visite prévue au Liban et tantôt c'est le ministre des Affaires étrangères qui ne serait pas le bienvenu aux réunions préparatoires du prochain sommet arabe qui doit se tenir à Amman à la fin du mois.

Les médias libanais évoquent aussi la dernière visite au Liban du ministre saoudien chargé des Affaires du Golfe Saer al-Sabhane, précisant qu'elle s'inscrit dans le cadre d'une volonté saoudienne de resserrer les rangs du 14 Mars ou sinon de lancer un nouveau mouvement hostile au Hezbollah et aux thèses affichées par le chef de l'État. D'ailleurs, cette visite de quelques jours avait été perçue comme le retour de l'influence saoudienne au Liban après le rôle direct de Riyad dans l'élection du président Michel Aoun... Enfin, l'invitation adressée par les autorités saoudiennes au Premier ministre libanais Saad Hariri à se rendre en visite officielle à Riyad ne serait que le début d'une longue série de mesures destinées à permettre au royaume wahhabite de reprendre l'initiative au Liban.

Une source diplomatique arabe en poste à Beyrouth a toutefois une autre lecture. Selon cette source, les Libanais qui misent sur une relance du rôle saoudien au Liban risquent fort d'être déçus, les Saoudiens ayant actuellement d'autres priorités. Même si la volonté affichée du nouveau président américain Donald Trump de contenir « l'influence iranienne dans la région » et même de chercher à la réduire séduit les Saoudiens et leur ouvre de nouvelles opportunités dans leur lutte contre la République islamique d'Iran, l'Arabie reste empêtrée dans des problèmes trop compliqués pour lui permettre de changer la donne et les rapports de forces au Liban. Selon cette même source, le rôle attribué à Riyad dans l'élection du président de la République sur la base d'un accord avec l'Iran serait une invention des médias, puisqu'il n'y a pas eu d'accord entre Riyad et Téhéran, ce qui s'est passé se limitant à un feu jaune saoudien accordé au chef du courant du Futur Saad Hariri.

 

(Pour mémoire : Le Liban devrait agir rapidement pour convaincre les pays arabes de l'aider)

 

Toujours selon la source diplomatique précitée, il n'aurait jamais été question d'une visite du roi Salmane au Liban et ce dernier, qui clôture sa tournée dans le Pacifique par une visite aux Maldives, n'a certainement pas prévu le Liban dans son agenda. De même, le rendez-vous de « la visite officielle » du Premier ministre à Riyad n'a toujours pas été fixé et il y a peu de chances qu'il le soit dans un proche avenir. Dans le même sillage, les officiels saoudiens que rencontrent les personnalités politiques libanaises sont unanimes pour affirmer que leur pays n'est pas prêt à réinvestir au Liban ni à donner des aides aux parties politiques. Cette période serait donc révolue. Les seules aides saoudiennes sont actuellement données aux écoles et aux institutions des Makassed, via Dar el-Fatwa. Ce qui est en soi un indice clair de la nouvelle politique saoudienne au Liban. Pour la source diplomatique arabe en poste à Beyrouth, la visite de quelques jours effectuée par le ministre saoudien visait en apparence à resserrer les liens avec toutes les parties libanaises, mais en réalité, il s'agissait de créer un noyau sunnite solide et uni pour faire face au Hezbollah.

C'est dans ce contexte que le ministre saoudien a conseillé aux différentes personnalités sunnites de se réconcilier entre elles. Plus précisément, il aurait cherché à réconcilier le Premier ministre Saad Hariri et l'ancien ministre de la Justice Achraf Rifi, tout comme il aurait poussé les différentes personnalités comme l'ancien Premier ministre Nagib Mikati, l'ancien ministre Abdel Rahim Mrad et l'ancien ministre Fayçal Karamé à nouer des alliances électorales avec le courant du Futur. Selon la source diplomatique, ce serait là le signe que Riyad ne mise plus uniquement sur le Premier ministre et son courant, mais souhaite élargir l'éventail de ses alliances au Liban à tous les courants et personnalités sunnites.

Pour l'instant, ces conseils n'ont pas été suffisamment écoutés. Ce serait la raison pour laquelle Riyad aurait choisi d'envoyer ses aides sociales au Liban aux institutions de bienfaisance islamiques par le biais de Dar el-Fatwa. Mais les portes ne sont pas fermées et les médiations se poursuivent. La source diplomatique arabe précitée laisse entendre que les Saoudiens seraient décidés à poursuivre leur projet de créer « un front sunnite » au Liban pour faire face au Hezbollah, mais pour l'instant, ce n'est pas leur priorité. C'est d'ailleurs pourquoi leur opposition de principe au point relatif à l'appui arabe au Liban dans son conflit avec Israël qui figure dans toutes les déclarations finales des sommets arabes s'est atténuée. Selon la source diplomatique précitée, les médias seraient en train d'amplifier un conflit qui n'a pas réellement éclaté, pour des raisons internes libanaises...

 

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commentaires (6)

on est en plein Mme Irma...

Lebinlon

11 h 42, le 13 mars 2017

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Commentaires (6)

  • on est en plein Mme Irma...

    Lebinlon

    11 h 42, le 13 mars 2017

  • La Sagess est de rigueur mrs....

    Soeur Yvette

    16 h 33, le 11 mars 2017

  • Ttôffnnîîîsséb'ttôffnnîsses....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 03, le 11 mars 2017

  • L'Arabie Saoudite et l'Iran sont deux puissances islamistes antagonistes qui exercent une influence negative sur le Liban. Mais celle de l'Iran est plus nocive a travers son appui au Hezbollah, tandis que le pouvoir de nuisance du wahhabisme est compense par l'importance des intérêts economiques des libanais en Arabie.

    Tabet Ibrahim

    08 h 40, le 11 mars 2017

  • DE SUPPOSITIONS EN SUPPOSITIONS ET LE BARATIN A L,HONNEUR...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 30, le 11 mars 2017

  • Mais c'est du journalisme ou bien l'art du peut être ?!

    Bery tus

    07 h 22, le 11 mars 2017

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