Après le changement de la stratégie du président Barack Obama concernant le Moyen-Orient qui avait évolué de l'engagement enthousiaste au dos tourné, les États-Unis sont à nouveau engagés à résoudre les perpétuels conflits de cette région.
Le secrétaire d'État américain John Kerry vient d'ailleurs de prononcer un discours-pivot sur le futur de la politique américaine au Moyen-Orient à l'institut Carnegie Endowment for International Peace à Washington. Dans cette adresse, M. Kerry est venu compléter ce que le secrétaire à la Défense Ashton Carter avait annoncé lundi dernier au Sénat, à savoir que « l'Amérique est prête à une guerre directe sur le terrain contre Daech (acronyme arabe de l'État islamique, ou EI) en Syrie et en Irak, incluant donc des troupes au sol », ce à quoi était toujours opposée l'administration Obama, en raison de quoi Kerry a abordé ce retournement de situation avec prudence. Pour bien caractériser l'ampleur du danger de Daech, il a précisé : « C'est un understatement de dire qu'aujourd'hui nous faisons face à un monde différent, un monde d'incroyables complexités. Vous tous avez probablement lu le livre d'Henry Kissinger, Diplomacy, où il est le premier à avoir dit : "il ne m'est jamais venu à l'esprit qu'il existerait un tel nombre de crises dans un tel monde devenu multipolaire. Un monde de violence, non plus d'État à État, car les nouveaux acteurs ont mélangé les États entre eux et ont déstabilisé l'ordre mondial". »
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« Pourquoi vous ne faites pas quelque chose ? »
Selon le secrétaire d'État, les États-Unis sont actuellement, à l'échelle mondiale, aux prises avec des problèmes jamais vus auparavant, mais une région prime sur les autres : le Moyen-Orient. « C'est contre notre intérêt de tourner le dos à cette partie du monde où nous avons des alliés. À partir de là, les menaces locales peuvent devenir globales. Et partout où je vais, on me demande : Pourquoi vous ne faites pas quelque chose ? »
Il fait aussi le constat suivant : « Ici, les peuples ont commencé à ne plus avoir confiance dans n'importe quel leader. Les Palestiniens ne font pas confiance à leurs dirigeants, les Israéliens ne font pas confiance non plus aux leurs, et idem dans tous les pays arabes. Nous devons donc tous faire quelque chose. Soyons honnêtes les uns avec les autres. À part le pétrole, les pays du Moyen-Orient ne produisent tout simplement pas ce que le monde attend d'eux. Ils ne font même pas de commerce efficace entre eux et n'utilisent pas leur capital humain à bon escient. Seulement, une femme sur quatre participe à l'économie. Le chômage des jeunes atteint les 25 %, ce qui laisse des millions de cette tranche (de la population) en colère, qui voit sur les réseaux sociaux ce que le reste du monde a, mais qu'ils n'ont pas. »
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Consolider la guerre et la diplomatie
Il définit par la suite la nouvelle donne politique de l'administration Obama. « L'élément fondamental de notre stratégie sécuritaire au Moyen-Orient est centrée sur la coalition que nos avons mobilisée pour affronter et vaincre Daech, afin de mettre fin à la guerre en Syrie. Tel est le but de l'Amérique. Et la situation en Syrie a rendu impossible un changement pacifique. Bachar el-Assad a rendu la guerre inévitable : en ayant eu recours au Hezbollah, à l'Iran et à la Russie, il a exacerbé les tensions entre les sunnites et les chiites, pavant la voie à l'émergence de Daech. Le défi aujourd'hui n'est pas moins que celui de trouver un passage pour sortir de l'enfer. Pour ce faire, on est obligé d'aller dans deux directions à la fois pour mettre fin à ce conflit : intensifier, et la guerre contre Daech et l'effort diplomatique. Et on va consolider ces deux voies. Il faut éliminer l'état d'esprit qui a été imprimé dès le début par Assad et Daech : acculer les Syriens à choisir l'un ou l'autre. »
L'entrée de l'Iran dans les pourparlers de Vienne a créé une opportunité d'entrevoir la possibilité d'une solution politique, surtout que la Syrie est en grande partie détruite, l'Europe profondément affectée, et le Liban, la Jordanie et la Turquie soumis à d'écrasantes pressions face à l'afflux de réfugiés.
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« Soften » : le mot de l'heure
Pourquoi avoir tant attendu pour intervenir ? Parce que ni ceux qui entendaient battre le fer tant qu'il était chaud (les proguerre) ni ceux qui espéraient que les choses allaient perdre de leur acuité (les défenseurs de la soft diplomacy) n'ont pu, après moult tentatives, faire primer leurs positions dans ce conflit aux causes et effets si disparates. D'où, finalement, la nécessité pour tous de se tourner vers un consensus. Dans ce contexte, Aaron Miller (ancien conseiller du département d'État et vice-président du Woodrow Wilson Center) écrit : « Pour qu'un deal puisse se faire, les États-Unis et la Russie doivent créer un centre de gravité et y attirer les autres joueurs. »
À noter qu'à Vienne, en entend souvent le mot soften, qu'il s'agisse du camp russo-iranien ou du camp américano-européen, qui (se) doivent tous deux de mettre de l'eau dans leur vin. Ou, du moins, d'en afficher l'intention.
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commentaires (14)
je suis d'accords a 100% avec mon collègues !! d'ailleurs les américains hésitaient a faire confiance a staline non seulement ils avaient eu vent de ses méfaits sur le peuple russe mais ils etaient au courant qu'Hitler avait un accords avec les meme russes .. c'est Hitler qui a ete tres motiver et qui a doubler cette accord en attaquant la russie, s'il s'etait montrer realiste et avait epargner (pour un moment la russie saurait on jamais ce qui aurait pu se passer ...
Bery tus
23 h 36, le 31 octobre 2015