Les réunions diplomatiques de haut niveau se succèdent, les belles paroles aussi. Pendant ce temps, la situation sur le terrain évolue, et les nuances dans les discours des dirigeants se font de moins en moins subtiles. La Russie est passée à l'offensive à la fois militaire et diplomatique, prenant les choses en main et l'Occident de court. Les positions de certaines puissances ont (très légèrement) évolué, et concèdent aujourd'hui que le président syrien Bachar el-Assad aurait le droit de rester quelques « mois » supplémentaires, le temps d'une transition gouvernementale et, pourquoi pas, d'élections. Moscou a même proposé de soutenir l'Armée syrienne libre (ASL) dans son combat contre l'organisation jihadiste État islamique (EI) et d'élargir les discussions à « tout le spectre » de l'opposition syrienne.
Cette dernière brille d'ailleurs par son absence des récentes discussions, et il en sera de même apparemment des futures rencontres qui réuniront les puissances occidentales anti-Assad à ses alliés. Ce fait ne semble aucunement troubler Alia Mansour, représentante au Liban de la Coalition nationale des forces de l'opposition et de la révolution syrienne (CNFORS), qui rappelle, interrogée par L'Orient-Le Jour, l'absence d'une représentation quelconque de l'opposition aux discussions de Genève I (fin juin 2012, les États membres du Groupe d'action sur la Syrie se sont mis d'accord sur les principes d'un processus de transition politique dirigé par les Syriens, sous l'égide notamment de l'émissaire international Kofi Annan). « Aujourd'hui, on communique de manière constante avec les pays amis, comme l'Arabie saoudite, la Turquie, le Qatar, les États-Unis, la France, etc. Il y a bien entendu des problèmes avec certains États. Ainsi, la Russie refuse la présence de l'opposition syrienne au sein du gouvernement syrien », affirme d'ailleurs à plus d'une reprise Mme Mansour, qui répète garder « une coordination de tous les instants avec ce qui reste des amis du peuple syrien » – une nuance digne d'être soulignée.
(Lire aussi : Assad pressé par la Russie d'envisager des élections)
Condition sine qua non
La Russie a par ailleurs proposé une alliance militaire avec l'ASL qui a répondu samedi par la négative, affirmant ne pas comprendre l'attitude de Moscou. Le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov avait pourtant affirmé la semaine dernière que l'ASL n'existe même pas. « Et aujourd'hui il veut travailler avec cette même ASL. Pas plus tard qu'il y a deux, trois jours, l'aviation russe a bombardé des civils à Talbissé, faisant de nombreuses victimes. On ne la voit pas bombarder l'EI, ni d'autres terroristes. On la voit seulement bombarder l'opposition syrienne modérée et des civils innocents », dénonce Mme Mansour qui rappelle que, dès le début, la CNFORS garde la même position. « On croit fermement à l'application des accords de Genève en Syrie, à une période transitoire, et qui n'inclut pas (le président syrien) Bachar el-Assad. C'est un point crucial, une condition sine qua non. Ce n'est pas de l'entêtement », explique l'opposante syrienne, laissant deviner que ce reproche fut adressé à la CNFORS à plus d'une reprise, c'est un sujet purement politique et sécuritaire pour le bien du pays.
(Lire aussi : En Syrie, c'est Moscou, et non plus Téhéran, qui mène la danse)
En attendant, les pourparlers se poursuivent. Vendredi dernier, une réunion exceptionnelle a eu lieu entre la Russie et la troïka États-Unis-Arabie saoudite-Turquie, prouvant que ce qui fut un temps inimaginable est aujourd'hui possible. L'offre russe à l'ASL, tout aussi surprenante, laisse entrevoir des possibilités d'alliances hier encore impensables. Est-ce pour autant une raison de penser que l'opposition revêt encore une quelconque importance (diplomatique et militaire), et qu'elle acceptera en outre la tenue des élections prônée hier par la délégation russe en visite à Damas ? « Quelles élections ? La révolution a eu lieu pour que justement il y ait des élections libres et justes. Ce n'est pas pour réélire un homme qui a utilisé des armes chimiques contre son peuple, tué plus de 11 000 personnes sous la torture seulement, causé la mort de centaines de milliers de civils », s'indigne Alia Mansour, avant d'ajouter que si la Syrie a une histoire et une culture riches, « ce n'est pas pour que les Russes et les Iraniens présentent Assad comme étant la solution au conflit syrien ».
Lire aussi
Quel impact réel de la Russie sur le terrain en Syrie ?
Vidéo
Avec les soldats russes présents en Syrie (caméra cachée)
Dossiers
Syrie : qui combat qui, et où
les faits et actes prouvent les dires, d'un coter les US parachute munition de l'autre Lavrov affirme maintenant vouloir parler avec cette opposition moderer d'un coup ... haha il faut aller apprendre la politique !!
18 h 50, le 26 octobre 2015