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Moyen-Orient - Dans la presse

Israël a perdu la bataille des réseaux sociaux

Le succès de ces contenus anti-israéliens est dû au fait qu’ils reçoivent le soutien de Pékin et de Moscou et de leurs mandataires en ligne, affirment des analystes du renseignement israélien.

Israël a perdu la bataille des réseaux sociaux

Une militante de l’Islami Jamiat-e-Talaba (IJT) à Islamabad, le 10 mai 2024, portant une pancarte représentant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, alors qu’elle proteste contre l’attaque israélienne sur Rafah. Aamir Qureshi/AFP

Le conflit à Gaza s’est révélé être une guerre d’information, où Israël et les forces palestiniennes, Hamas en tête, s’emploient à s’attirer le soutien de l’opinion internationale via les médias.

Après les attaques du 7 octobre, des dizaines d’initiatives civiles se sont organisées en Israël pour combler le vide laissé par le gouvernement dans ce domaine. Mais après six mois de guerre numérique, la bataille semble déjà perdue, selon le Haaretz.

Dans un article publié vendredi, le quotidien israélien prend pour exemple l’explosion à l’hôpital al-Ahli à Gaza le 17 octobre dernier pour illustrer son propos. Il fait remarquer qu’à l’époque, les réseaux sociaux ont été rapidement envahis d’affirmations selon lesquelles Israël était responsable de ce drame au cours duquel environ 500 personnes sont mortes, selon le Hamas. Il ajoute que de nombreux messages circulent jusqu’à aujourd’hui pour appuyer cette version, bien que la majorité des enquêtes avaient émis l’hypothèse d’un projectile palestinien.

La communication autour de cet incident est perçue par la communauté israélienne comme ayant été l’un des nombreux exemples de la stratégie employée par les réseaux propalestiniens pour gagner l’opinion publique internationale dans la guerre à Gaza. Mais, selon des chercheurs israéliens spécialisés dans la lutte contre les « fake news », cet état de fait reflète surtout l’échec total de la campagne de « hasbara », la stratégie de communication dominante au gouvernement israélien et qui se caractérise par une rhétorique subjective en faveur de l’État hébreu, pilotée par un réseau de spécialistes directement mandatés..

Le Haaretz ajoute que, selon de nombreux chercheurs et bénévoles spécialistes des réseaux d’influences, un ensemble de forces actives sur internet se sont alignées pour soutenir le discours propalestinien dont le noyau est constitué de comptes gérés par des forces pro-Hamas à Gaza et en Iran. Une combinaison qui complique encore plus les tentatives d’Israël de lutter contre la désinformation et l’antisémitisme, et de créer du contenu pro-israélien.

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Une lutte organisée de la société civile

Depuis le début de la guerre, de nombreuses initiatives individuelles et collectives israéliennes se sont jointes aux efforts de surveillance en ligne. Des dizaines de voix indépendantes renforçant la résonance de la « hasbara » ont été mobilisées par des organisations de la société civile, des agences de publicité et des acteurs de la tech pour lutter contre les contenus illicites anti-israélien en ligne, selon le Haaretz.

Mais ces efforts se sont rapidement heurtés à un mur. L’État hébreu n’était en effet pas préparé à un assaut informationnel d’une telle ampleur. De plus, la chasse aux propos antisémites n’a pas toujours porté ses fruits car il était difficile de distinguer les contenus prohibés, tels que les appels à la violence, à la haine raciale, etc., des contenus simplement dérangeants pour les Israéliens. Enfin, les personnes engagées dans la surveillance des contenus sur internet ont également rencontré des problèmes liés à l’impossibilité d’accès aux groupes fermés et privés.

Pour surmonter ces obstacles, les chercheurs et les activistes ont fait appel à des entreprises privées, comme l’israélienne Digital Dome. Cette dernière a signalé plus de 110 000 messages sur une période de 6 mois sur les plateformes numériques et a réussi à supprimer 24 canaux Telegram, messagerie instantanée considérée comme étant la bête noire de la surveillance informatique car la plupart des campagnes de propagande commencent sur cette plateforme avant de se propager sur les autres. Digital Dome s’est également vantée auprès du Haaretz d’avoir restreint les informations défavorables à Israël en piratant des réunions en direct sur le réseau X (anciennement Twitter) et en limitant le partage des vidéos de certaines organisations, comme celles de Eye on Palestine.

L’influence russe et chinoise

Selon les analystes du renseignement israélien cités par le Haaretz, le réseau propalestinien s’étend au-delà du monde arabe. Si le Hamas et l’Iran ne disposent pas d’une véritable infrastructure d’influence en Occident, ils peuvent en revanche compter sur le soutien d’acteurs mobilisés par Pékin et Moscou pour propager des contenus anti-israéliens, souligne le Haaretz.

Le quotidien évoque l’existence de porte-parole connus, d’organes de diffusion et même des campagnes d’influence liées à la Russie et à la Chine, qui cherchent à dénigrer les États-Unis et l’administration du président Joe Biden en utilisant Gaza comme prétexte. Les chercheurs cités par le Haaretz pointent notamment du doigt la campagne d’influence chinoise « Shadow Play » et une autre, russ,e « Doppelgänger ». Depuis, ces deux campagnes ont été suivies par des initiatives similaires lancées par des groupes médiatiques, ainsi que des influenceurs propalestiniens et antioccidentaux, dans divers domaine. Certains de ces groupes appartiennent à la droite antisémite ou à la gauche progressiste aux États-Unis et dans l’Union européenne, assure le Haaretz.

Une bataille perdue d’avance

Le quotidien constate enfin qu’après sept mois de guerre entre l’État hébreu et le Hamas, la plupart des organisations bénévoles pro-israéliennes semblent avoir disparu, les outils à leur disposition étant très limités et coûteux. Le « hasbara » n’a pas pris et le gouvernement israélien ne semble même plus se préoccuper de la guerre médiatique en cours, malgré la multiplication des mobilisations propalestiniennes à travers le monde et l’intensification des critiques de la politique israélienne à l’international.

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Les militants israéliens investis dans la « hasbara » considèrent que le rapport de force est disproportionné. « Nous sommes seuls en tant qu’Israéliens, nous ne pouvons plus arrêter cela », confie l’un d’entre eux au journal israélien. « Il est impossible de se battre plus longtemps, les règles du jeu ne sont tout simplement pas équitables », ajoute-t-il.

De plus, les plateformes de réseaux sociaux ne semblent pas assez impliquées dans la surveillance de leurs contenus, selon Maya Zehavi, une des responsables de Digital Dome. « Il ne semple pas qu’il y ait urgence, comme c’est le cas dans d’autres domaines, tels que la pornographie et le trafic de drogue », a-t-elle déclaré au Haaretz.

Le conflit à Gaza s’est révélé être une guerre d’information, où Israël et les forces palestiniennes, Hamas en tête, s’emploient à s’attirer le soutien de l’opinion internationale via les médias.Après les attaques du 7 octobre, des dizaines d’initiatives civiles se sont organisées en Israël pour combler le vide laissé par le gouvernement dans ce domaine. Mais après six...
commentaires (4)

ILS ONT PERDU SUR TOUS LES FRONTS. L,OCCIDENT NE LEUR EST POINT ACQUIS COMME AVANT. LES ARABES ? VAUT MIEUX NE PAS EN PARLER...

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 45, le 12 mai 2024

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Commentaires (4)

  • ILS ONT PERDU SUR TOUS LES FRONTS. L,OCCIDENT NE LEUR EST POINT ACQUIS COMME AVANT. LES ARABES ? VAUT MIEUX NE PAS EN PARLER...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 45, le 12 mai 2024

  • Le journal haaretz est un journal très à gauche qui n'a presque plus de lecteurs. Il ne représente plus rien. Le 13 avril avec l'attaque de l'Iran, les pays voisins de l'entité et les pays ont vraiment compris

    Dorfler lazare

    01 h 19, le 12 mai 2024

  • Israel à perdu ce qu'il avait de plus précieux : l'image d'un état démocratique, le seul dans une région dominée par des dictatures. Cette perte incalculable ne se limite certainement pas aux réseaux sociaux. Un produit qui pert son image comme l'a construite astucieusement Israel pendant des decennies s'est évaporée en quelques mois pour être remplacée par celle d'un état terroriste, comme le démontre le soulèvement estudiantin global. Cette image restera gravée dans la mémoire collective pendant longtemps, très longtemps. Heureusement. Le masque est finalement tombé.

    Raed Habib

    08 h 43, le 11 mai 2024

  • Et donc, les jeunes Occidentaux qui se mobilisent contre l’horreur de Gaza seraient manipulés par la Chine et la Russie? Une thèse qui ne tient pas la route ne serait-ce que parce qu’aucun État n’a réussi à ce jour à contrôler les réseaux sociaux. Ou alors faut le prouver.

    Marionet

    08 h 38, le 11 mai 2024

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