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Économie - Liban - Un homme, un métier - Élias, 34 ans, développeur de l’application pour mobile « Anchor Newsreader »

« Si une telle application n’existe pas, je vais la créer ! »

Élias utilisant son application « Anchor Newsreader ». Autoportrait.

« Elle s'appelle Anchor Newreader, tout juste née le 21 février dernier. » C'est avec un enthousiasme palpable et des yeux pétillants qu'Élias parle de son nouveau bébé, une application pour mobile à laquelle il se consacre depuis plusieurs mois. Il y a encore un an, le jeune homme était loin de se douter que son parcours professionnel le conduirait vers ce chemin, mais les circonstances de la vie, et surtout ses ambitions entrepreneuriales, en ont décidé autrement.


Il y a 12 ans, Élias décroche son diplôme en génie informatique et télécommunications à l'Université américaine de Beyrouth (AUB), et comme beaucoup de ses camarades, s'installe à Dubaï où il travaille comme développeur et concepteur de logiciels pour une entreprise spécialisée dans le domaine de l'assurance. Deux ans et demi plus tard et alors que la boîte connaît un succès croissant, Élias démissionne, car il a envie d'élargir ses horizons. « Je suis revenu à Beyrouth et me suis formé tout seul au monde de la finance qui me passionnait à l'époque. » Quatre mois plus tard, il est embauché à la « dealing room », ou salle des marchés, de la Libano-Française Finance (LFF), la banque privée de la Banque libano-française (BLF). « J'avais le monde à la portée de mes doigts, en quelques clics je pouvais suivre le cours des métaux précieux, du pétrole ou du cacao... C'était un métier passionnant, même si parfois avec des horaires esquintants. » Le jeune homme gravit rapidement les échelons jusqu'à devenir le responsable du bureau États-Unis et gagne très bien sa vie, même s'il préfère rester discret sur son salaire. Mais une fois de plus, l'impression d'avoir fait le tour du poste et l'envie d'élargir ses horizons le poussent à démissionner, au grand étonnement de ses proches. Cap vers l'Angleterre, à Oxford, pour un MBA. « Ce ne fut pas un choix facile, je quittais mon pays, un excellent job et devais compter environ 100 000 dollars d'investissement personnel pour payer mes études et mon séjour. » À la fin de l'année, Élias a du mal à trouver l'emploi de ses rêves : la crise financière secoue l'Europe, et la Grande-Bretagne restreint les visas de travail pour étudiants étrangers, mais surtout, « il était hors de question pour moi d'accepter n'importe quelle offre après tellement d'efforts et de sacrifices ».


Retour au Liban, donc, avec beaucoup de temps libre, qui lui permet de faire de grandes balades à pied « pour réfléchir à mon avenir ». « Au début, j'écoutais de la musique, mais au fil des jours et des kilomètres foulés, l'envie de faire quelque chose d'utile en marchant me travaillait. » Élias se dit qu'il lui faudrait pouvoir écouter non seulement les informations à la radio, mais également les articles qu'il lit sur Internet. « Si une telle application, qui me lise les articles que j'ai préalablement choisis, n'existe pas, je vais la créer ! » Et c'est ainsi que l'aventure commence avec « Anchor Newsreader », un aggrégateur et lecteur d'informations, téléchargeable sur les téléphones Apple. « L'application est très simple à utiliser, il suffit de choisir ses articles parmi les 16 catégories disponibles (politique, sports, culture, santé...) et de les transférer sur sa playlist. »

L'application est gratuite, et pour espérer en tirer des bénéfices, Élias compte proposer une option « freemium », gratuite mais avec des options payantes, mais table surtout sur la publicité à travers des bannières visibles directement sur l'application et des annonces sonores entre les articles écoutés. « Mais pour que mon application intéresse les annonceurs et devienne profitable, il faut compter des centaines de milliers d'utilisateurs. » Le risque est grand, et le jeune homme est conscient que l'investissement de plusieurs dizaines de milliers de dollars pour créer cette application ne sera pas rapidement rentabilisé. Mais Élias est confiant et il a déjà plein de nouvelles idées, à commencer par une version pour appareils Android et une version en arabe.

 

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