Rechercher
Rechercher

Économie - Un homme, un métier ... Nadim, 27 ans, administrateur d’affaires et de stratégies chez Google

« Le Liban a toutes les capacités pour devenir un hub technologique »

Du haut de ses 27 ans, Nadim a déjà un parcours impressionnant pour un jeune homme de son âge. Mais il est également l'exemple parfait de cette « fuite de cerveaux » que connaît le Liban depuis des années et qui a tendance à s'accentuer encore plus aujourd'hui, au vu de la dégradation de la situation politique dans le pays.
Diplômé de l'Université américaine de Beyrouth (AUB) en génie informatique, Nadim est embauché par l'un des plus importants cabinets de conseil en stratégie au monde, Booz & Co, en 2009, avec un salaire mensuel de 2 750 dollars. Il travaillait pour le bureau de Beyrouth, tout en faisant des allers-retours vers l'Arabie saoudite, l'Égypte, les Émirats arabes unis ou la Hollande. « Le travail était épuisant, mais le salaire, le prestige de la compagnie et le fait de pouvoir rester au Liban étaient des avantages presque inespérés, compte tenu de l'énorme compétitivité dans ce domaine et de la difficulté à se faire embaucher dans une grande entreprise de renommé internationale », se souvient Nadim. Au bout de trois ans, ses employeurs lui proposent de lui payer un MBA à l'Université de Columbia aux États-Unis, à condition qu'il s'engage à revenir dans l'entreprise.


C'est ainsi que Nadim atterrit à New York et se spécialise pendant deux ans dans le management de la technologie et effectue plusieurs stages dans des start-up. « Ce monde de l'entrepreneuriat et des nouvelles technologies m'a fasciné et je me suis rendu compte à quel point j'avais envie de recréer ce type de dynamique au Liban, qui a toutes les capacités pour devenir un hub technologique. » La fin de son master ne se déroule pas comme prévu, puisqu'au lieu de rentrer à Beyrouth ou à Dubaï pour travailler chez Booz & Co, à sa grande surprise, et après plus d'une dizaine d'entretiens, Nadim est embauché à Google, à un poste senior et dans l'équipe des BizOps (Business Operators and Strategy), en lien direct avec le président-directeur général.


« Financièrement parlant, cette décision n'était pas la plus intéressante, puisque je devais rembourser à Booz & Co les frais de deux années à Columbia, qui s'élèvent à plusieurs dizaines de milliers de dollars, pour un salaire net plus ou moins équivalent dans les deux entreprises, mais auquel je dois soustraire 38 % d'impôts aux États-Unis, alors qu'à Dubaï par exemple je n'aurais rien payé », explique Nadim. Mais il admet que ce « sacrifice » financier reste tout de même très relatif. Le jeune homme a un salaire annuel de 150 000 dollars et possède environ le même montant en actions Google. Pour son studio à San Francisco, Nadim paye un loyer de 2 600 dollars par mois, auquel s'ajoutent environ 600 dollars pour l'alimentation, 300 dollars pour le transport (surtout des taxis) et 200 dollars pour les sorties.


« Pour l'instant j'ai envie de rester aux États-Unis pour profiter de tout ce que Google peut m'apporter comme expérience et connaissance dans le domaine des nouvelles technologies, mais, dans le fond, mon rêve est de pouvoir rentrer au Liban dans quelques années et créer ma propre boîte pour les start-up technologiques », insiste Nadim. Selon lui, le Liban devrait vraiment parier sur le développement dans ce domaine-là pour booster sa croissance. « Nous avons les meilleures ressources humaines, que s'arrachent d'ailleurs les compagnies internationales, et la situation politique n'est pas vraiment un frein puisque le marché visé ne se limite pas au marché local et l'investissement est souvent moins important que dans le secteur du commerce, du tourisme ou de la restauration. » Ce qu'il faut, selon lui, c'est une volonté politique, qui encourage les jeunes, les rassure et leur offre des garanties et des aides pour se lancer. Alors Nadim attend beaucoup de l'annonce faite par la Banque du Liban (BDL) d'investir 400 millions de dollars dans des start-up. « Comment va être utilisé cet argent ? Est-ce que les banques vont savoir choisir la bonne start-up prometteuse, selon ses véritables capacités et non selon ses affinités familiales, politiques ou religieuses ? » Beaucoup de questions qui restent en suspens et qui feront figure de test qui décidera Nadim à rentrer au Liban... ou pas.

 

Dans la même rubrique

Firas, 32 ans, chef : « Beaucoup de restaurateurs ne s'intéressent pas à la gastronomie, mais aux gains »

Karim, 33 ans, graphic designer : « Je dois systématiquement brader mon travail si je veux retenir le client »

Nabil, 38 ans, cameraman : « Je joue au jeu du chat et de la souris »

Rabih, 30 ans, coiffeur : « Sans gouvernement, c’est vraiment la cerise sur le gâteau ! »

Ghayath, 33 ans, manager d’artistes internationaux : « Le monde de la musique est très compétitif »

Khaldoon, 24 ans, barman à plein temps : « Un travail physique épuisant et une situation très précaire »

Alain, 38 ans, restaurateur : « J’avoue que je ne sais pas à combien s’élèvent mes revenus »

Mohammad, 42 ans, gardien d’immeuble : « Je n’attends que de rentrer en Syrie... »

Sara, 60 ans, professeur d'arabe : « Le problème du salaire met en péril la profession »

Mahmoud, 56 ans, agent de sécurité : « Je m’offre de petits luxes de temps en temps »

Du haut de ses 27 ans, Nadim a déjà un parcours impressionnant pour un jeune homme de son âge. Mais il est également l'exemple parfait de cette « fuite de cerveaux » que connaît le Liban depuis des années et qui a tendance à s'accentuer encore plus aujourd'hui, au vu de la dégradation de la situation politique dans le pays.Diplômé de l'Université américaine de Beyrouth (AUB) en...

commentaires (3)

Le Liban peut devenir un Silicon Valley pour les pays arabes. J'en suis convaincu. Mais comment faire comprendre aux politiciens libanais qu'il faut d'abord penser à notre pays, à sa survie et à sa prospérité autrement que la leur... Les Libanais dans le monde sont diplômés à haut niveau, occupent des postes importants et souhaitent de tout cœur renter au pays. Si je fais cas de mon expérience,j'avais l'âge de Nadim et ingénieur système sur de gros ordinateurs chez IBM Plus d'une fois j'ai rêvé de rentrer au Liban J'ai fini par céder à mon rêve... Je suis venu au Liban dans la ferme intention de créer une société informatique de haut niveau... c'était en 1981... Je ne vous parlerais pas de ma déception. Je me suis établi aux Émirats et en Suisse... Si notre pays se décide de transformer le Liban en Silicon Valley arabe, je rentrerais immédiatement au Liban pour y participer, même à l'age de 75 ans.. Quand les Libanais vont s'unir pour chasser ces vieux politiciens ? Pacifiquement, bien sûr

FAKHOURI

16 h 42, le 06 janvier 2014

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Le Liban peut devenir un Silicon Valley pour les pays arabes. J'en suis convaincu. Mais comment faire comprendre aux politiciens libanais qu'il faut d'abord penser à notre pays, à sa survie et à sa prospérité autrement que la leur... Les Libanais dans le monde sont diplômés à haut niveau, occupent des postes importants et souhaitent de tout cœur renter au pays. Si je fais cas de mon expérience,j'avais l'âge de Nadim et ingénieur système sur de gros ordinateurs chez IBM Plus d'une fois j'ai rêvé de rentrer au Liban J'ai fini par céder à mon rêve... Je suis venu au Liban dans la ferme intention de créer une société informatique de haut niveau... c'était en 1981... Je ne vous parlerais pas de ma déception. Je me suis établi aux Émirats et en Suisse... Si notre pays se décide de transformer le Liban en Silicon Valley arabe, je rentrerais immédiatement au Liban pour y participer, même à l'age de 75 ans.. Quand les Libanais vont s'unir pour chasser ces vieux politiciens ? Pacifiquement, bien sûr

    FAKHOURI

    16 h 42, le 06 janvier 2014

  • AVEC CE QU'ON LIT ICI ET CE QU'ON LIT DANS LE DOSSIER DIASPORA LE SEUL COMMENTAIRE EST : LES CHEFS ET LES CITOYENS RESTÉS AU PAYS SONT FRAPPÉS D'ABRUTISSEMENT CHRONIQUE... LES UNS PAR LEUR DÉCONFITURE ET AGRESSIVITÉ ET LES AUTRES PAR LEUR TOLÉRANCE DE CES SUPER VERTUS !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 08, le 06 janvier 2014

  • Sauf que nos politiciens s’occupent tous de géopolitique (à laquelle ils ne peuvent rien) plutôt que ce qui intéresse les libanais et qui est bon pour le pays !

    Emile Antonios

    07 h 12, le 06 janvier 2014

Retour en haut