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Économie - Un homme, un métier

« Sans les problèmes sécuritaires, le Liban serait le paradis des couturiers »

Sami, 27 ans, couturier libanais

Dans un Liban en perpétuel remous, le jeune couturier a été obligé de s’adapter en se rendant lui-même chez la plupart de ses clientes dans les pays du Golfe.

À seulement 27 ans, Sami* fait partie de cette nouvelle génération de talents libanais s'étant définitivement fait une place dans le monde de la haute couture. Après avoir ouvert son premier atelier à 23 ans grâce à l'aide de partenaires financiers, le jeune homme rachète son propre nom il y a quatre ans pour des centaines de milliers de dollars, « le prix de la liberté ».
Depuis, il gère avec sa famille son entreprise qui compte une vingtaine d'employés. « De ma première expérience j'ai beaucoup appris, explique-t-il. J'ai racheté mon nom car je tenais beaucoup à ma liberté artistique. Depuis, je suis très regardant quant aux dépenses de la société. Nous sommes une entreprise qui s'autosuffit, nous n'avons eu recours ni à des crédits ni à l'aide de partenaires externes et je tiens à maintenir ce modèle économique. »


Dans un Liban en perpétuel remous, le jeune homme a été obligé de s'adapter pour ne pas perdre la plus grande partie de ses clientes qui viennent des pays du Golfe. « Nous devons relever beaucoup de challenge, admet-il. Nous avons du mal à suivre le rythme du pays, mais en bon Libanais, nous trouvons toujours des solutions. »
Si Sami a tenu à maintenir son atelier et sa production au Liban, voilà près de trois ans que le couturier se déplace lui-même chez ses clientes au Qatar, au Koweït et en Arabie saoudite. « Elles tiennent à mon travail, mais ont peur de venir au Liban, poursuit-il. Elles me paient alors le billet d'avion à mon équipe et moi pour venir sur place prendre les mesures. »


Preuve à nouveau du talent libanais à toute épreuve. « Dans les pays arabes et dans le domaine de la haute couture, la marque Liban séduit énormément, ajoute Sami. C'est une des raisons pour lesquelles j'ai tenu à maintenir mon atelier et la production ici au Liban en dépit des épreuves. »


Pour le jeune couturier, hors de question de quitter le Liban. « C'est mon pays, je ne me vois pas vivre ailleurs. » En outre, dans le monde de la haute couture, le Liban est idéalement situé géographiquement. « Nous sommes le lien entre l'est et l'ouest. Nous nous situons près des pays arabes qui adorent la touche libanaise. Pour la production, nous bénéficions d'une main-d'œuvre de talent et de qualité. »


Parmi les points négatifs, il cite tout de même, outre les événements sécuritaires, des loyers exorbitants malgré la situation, et les taxes élevés à l'importation pour les tissus en provenence d'Europe. Pour son showroom, son bureau et son atelier, le jeune couturier doit s'acquitter de 100 000 dollars par an et 5 000 dollars d'entretien. Il se verse un salaire de 5 000 dollars par mois, qu'il dit dépenser entièrement entre sa location à Mar Mikhaël à 1 200 dollars par mois, ses cours de gym et « les petits plaisirs de la vie ». « Je suis une personne qui aime la vie et les belles choses, que ce soit dans la mode ou dans mon assiette. Alors, généralement, quand j'ai les moyens, je me fais plaisir. Je ne suis pas du genre à épargner. »

 

*Le nom du couturier a été changé

 

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