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À La Une - Liban

Plus de 300 Libanais rapatriés dimanche, "un premier test" pour le mécanisme modifié par le gouvernement

"S'il venait à apparaître qu'un grand nombre d'expatriés étaient contaminés par le coronavirus, les rapatriements s'arrêteront", affirme Hassane Diab.


Discussion entre le président Michel Aoun et le Premier ministre Hassane Diab jeudi 2 avril 2020 avant le Conseil des ministres au palais de Baabda. Photo Dalati et Nohra.

Plus de 300 Libanais bloqués à l'étranger en raison de la fermeture de l'aéroport de Beyrouth, décidée dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus dans le pays, seront rapatriés dimanche dans le cadre du mécanisme mis en place il y a deux jours par le gouvernement. Ce mécanisme a été modifié aujourd'hui en Conseil des ministres en raison du refus de certains pays d'accueil qu'une équipe médicale fasse passer des tests avant l'embarquement des passagers.

"Le gouvernement a dû modifier le mécanisme en raison d'obstacles apparus hier soir, des pays refusant que des équipes médicales effectuent des tests", a précisé la porte-parole du gouvernement, la ministre de l'Information, Manal Abdel Samad, à l'issue du Conseil des ministres, précisant que les tests de contrôle seront effectués à l'arrivée à l'aéroport de Beyrouth.  "Cette modification du mécanisme fera baisser le nombre de vols à trois ou quatre par jour", selon Mme Abdel Samad. "Il était prévu de rapatrier 1.500 personnes par jour, pendant une semaine, soit environ 10.000 personnes en tout. Mais avec ces nouvelles données, nous ne serons en mesure de rapatrier que 25% du nombre prévu à l'origine pour le premier jour", a-t-elle poursuivi.

Lors d'une discussion à bâtons rompus avec des journalistes, le Premier ministre Hassane Diab a, lui, indiqué que 340 passagers arriveront dimanche à Beyrouth à bord de quatre avions, deux venant d'Afrique, un troisième de Riyad, en Arabie saoudite, et un dernier des Emirats arabes unis. "Ces passagers qui arriveront dimanche constitueront un premier test. S'il venait à apparaître qu'un grand nombre d'expatriés étaient contaminés par le coronavirus, les rapatriements s'arrêteront", a-t-il souligné. Par ailleurs, le Premier ministre a appelé les banques à faciliter les transferts bancaires à destination des étudiants libanais à l'étranger.



(Lire aussi : Coronavirus au Liban : les Etats-Unis affrètent un vol Qatar Airways le 5 avril pour évacuer leurs ressortissants)



"Une organisation précise"
Sur ce plan, le chef de l'Etat, Michel Aoun, a estimé que le rapatriement des Libanais bloqués à l'étranger "nécessite une organisation précise, l'augmentation croissante du nombre de cas de coronavirus imposant des mesures exceptionnelles pour assurer la bonne santé des personnes rapatriées et de leur entourage".  S'exprimant au début du Conseil, le chef de l'Etat a en outre souligné l'importance de finaliser, le plus rapidement possible, le plan de sauvetage économique et financier du pays, sur lequel doit plancher le cabinet pour faire face à la crise la plus aiguë qu'a connu le Liban depuis la fin de la guerre civile (1990).

A l'issue d'une réunion de la commission ministérielle chargée du dossier du coronavirus, le ministre de la Santé Hamad Hassan a précisé dans la soirée que les Libanais qui souhaitent être rapatriés devront passer des tests de dépistage 72 heures avant la date de leur retour. "Si ce test n'est pas effectué, le voyageur devra loger dans un hôtel et attendre 24 heures pour effectuer un test à Beyrouth", a ajouté le ministre. "24 heures plus tard, une évaluation sera effectuée, à la suite de quoi le plan de rapatriement modifié reprendra le 7 avril", a-t-il conclu.

Jeudi, M. Hassan avait déclaré que le retour de ces Libanais "constituait un nouveau défi", insistant sur la nécessité de "faire attention au niveau des mesures de contrôle dès l’arrivée des premiers émigrés".

De son côté, la Croix-Rouge libanaise avait indiqué, par la voix, de son secrétaire général Georges Kettané, qu'elle était "prête à transporter tous les cas suspects de coronavirus, de l’aéroport jusqu’à l’hôpital, dans un convoi sécuritaire" et ce, "quel que soit leur nombre".

Ces derniers jours, les parrains politiques du cabinet Diab ont plaidé en faveur du rapatriement des Libanais bloqués à l'étranger. Samedi, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait appelé le gouvernement à organiser "un rapatriement étudié, sûr et rapide". Le même jour, le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) Gebran Bassil avait appelé les responsables à "donner au gouvernement un délai suffisant mais limité dans le temps". Le président du Parlement et leader du mouvement Amal, Nabih Berry, très influent au sein de la diaspora libanaise en Afrique, a été le premier à évoquer publiquement ce sujet lors d'un entretien, le 25 mars dernier, avec le Premier ministre, que certaines sources ont qualifié de tendu, allant jusqu'à menacer samedi de "suspendre" sa participation au gouvernement.

Le Liban a enregistré ces dernières heures deux nouveaux décès dus au coronavirus ainsi que 15 cas supplémentaires de contamination, portant le bilan total à 494 cas depuis la détection du virus au Liban, le 21 février, selon le dernier rapport du ministère de la Santé.



(Lire aussi : Français bloqués au Liban : vol de rapatriement vendredi, les billets en vente jeudi)



Environ 3 000 prisonniers bientôt libérés ?
Par ailleurs, Mme Abdel Samad a annoncé la formation d'une commission d'urgence chargée de la lutte contre le coronavirus en prison. Dans ce cadre, M. Diab a déclaré qu'environ 3 000 détenus vont pouvoir sortir des prisons dans le cadre d'un mécanisme mis en place par le ministère de la Justice, afin de désengorger les établissements pénitentiaires sur fond de crainte de propagation du Covid-19.

Mardi, la ministre de la Justice, Marie-Claude Najm, avait annoncé que les dossiers des détenus qui pourraient bénéficier d'une amnistie sont à l'étude, alors que cette question fait l'objet de tiraillements politiques. Il y a quelques jours, le gouvernement libanais avait approuvé un projet de loi revêtu du caractère de double urgence, amnistiant les détenus qui ont acquitté le versement des amendes qu'ils sont tenus de payer dans le cadre de leur condamnation. Cette loi vise à désengorger les prisons libanaises, surpeuplées.

Par ailleurs, le gouvernement a également approuvé le projet de décret concernant l'exemption de taxes sur l'importation de matériel médical utilisé dans la lutte contre le virus.

Sur un autre plan, le gouvernement a décidé de poursuivre les travaux de construction du barrage controversé de Bisri. dans le caza de Jezzine. Ce barrage devrait être exécuté par le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) sur six millions de mètres carrés dans l’une des plus belles vallées du Liban. Les détracteurs du projet déplorent non seulement la destruction programmée de la vallée – qui compte des terres agricoles très fertiles et une biodiversité remarquable –, mais aussi la perte d’un patrimoine bâti traditionnel inestimable.

Enfin, le ministre de l'Energie, Raymond Ghajjar, a présenté au cours de la séance un projet concernant l'augmentation de l'approvisionnement en eau courante du Grand Beyrouth, et les développements enregistrés en ce qui concerne l'approvisionnement en électricité et le déficit public causé par les versements de l'Etat à Electricité du Liban.




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commentaires (7)

VOYONS S,ILS VONT LES ACCUEILLIR QUELQUE PART POUR UNE QUARANTAINE DE 14 JOURS OU S,ILS VONT LES LAISSER ALLER... SE CONFINER ???... DANS LEURS MAISONS. PLUS GRAVE ERREUR IL N,Y AURAIT PAS.

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 16, le 02 avril 2020

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Commentaires (7)

  • VOYONS S,ILS VONT LES ACCUEILLIR QUELQUE PART POUR UNE QUARANTAINE DE 14 JOURS OU S,ILS VONT LES LAISSER ALLER... SE CONFINER ???... DANS LEURS MAISONS. PLUS GRAVE ERREUR IL N,Y AURAIT PAS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 16, le 02 avril 2020

  • Le Premier Ministre a été forcé d'accepter ce rapatriement. Mais cet obstacle inattendu est une occasion pour lui, si la contamination s'avère étendue, de redresser la barre et de faire valoir la prudence et la sagesse, comme il le souhaitait.

    NAUFAL SORAYA

    17 h 57, le 02 avril 2020

  • Quelqu'un de ces politiques a-t-il sollicité l'avis des spécialistes ? Quel est l'avis de l'O.M.S. ? Est-ce que les médecins spécialistes de la commission gouvernementale sont favorables ? Nous connaissons déjà l'avis défavorable du Président de l'Ordre des médecins et la réticence du directeur du ministère de la santé . Il faut aussi nommer les pays qui ont refusé de pratiquer les examens avant le décollage des avions pour s'assurer de cette version de dernière minute.Et malgré tout , le programme continue normalement pour ne pas déplaire aux promoteurs. N'avez-vous pas entendu des contaminations massives sur les bateaux de croisière et récemment presque tous les marins d'un porte-avion qui sont contaminés ? Faites votre devoir et attendez la suite.

    Esber

    17 h 43, le 02 avril 2020

  • Mince ils ont oublié les bracelets !!!

    Le Point du Jour.

    17 h 17, le 02 avril 2020

  • On est pas libanais pour rien , ces rapatriements dans le fond , mais laissez ça entre nous , c'est aussi du rapatriement de matière sonnante et trébuchante. Les fouilles à l'aéroport qui va oser les faire ? Hahahaha.....

    FRIK-A-FRAK

    17 h 15, le 02 avril 2020

  • Ils exécutent et les ordres et ils verront après. Quel pays,..

    Sissi zayyat

    17 h 04, le 02 avril 2020

  • L’exécutif a été baillonné ?

    Le Point du Jour.

    16 h 41, le 02 avril 2020

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