Plus de 300 Libanais bloqués à l'étranger en raison de la fermeture de l'aéroport de Beyrouth, décidée dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus dans le pays, seront rapatriés dimanche dans le cadre du mécanisme mis en place il y a deux jours par le gouvernement. Ce mécanisme a été modifié aujourd'hui en Conseil des ministres en raison du refus de certains pays d'accueil qu'une équipe médicale fasse passer des tests avant l'embarquement des passagers.
"Le gouvernement a dû modifier le mécanisme en raison d'obstacles apparus hier soir, des pays refusant que des équipes médicales effectuent des tests", a précisé la porte-parole du gouvernement, la ministre de l'Information, Manal Abdel Samad, à l'issue du Conseil des ministres, précisant que les tests de contrôle seront effectués à l'arrivée à l'aéroport de Beyrouth. "Cette modification du mécanisme fera baisser le nombre de vols à trois ou quatre par jour", selon Mme Abdel Samad. "Il était prévu de rapatrier 1.500 personnes par jour, pendant une semaine, soit environ 10.000 personnes en tout. Mais avec ces nouvelles données, nous ne serons en mesure de rapatrier que 25% du nombre prévu à l'origine pour le premier jour", a-t-elle poursuivi.
Lors d'une discussion à bâtons rompus avec des journalistes, le Premier ministre Hassane Diab a, lui, indiqué que 340 passagers arriveront dimanche à Beyrouth à bord de quatre avions, deux venant d'Afrique, un troisième de Riyad, en Arabie saoudite, et un dernier des Emirats arabes unis. "Ces passagers qui arriveront dimanche constitueront un premier test. S'il venait à apparaître qu'un grand nombre d'expatriés étaient contaminés par le coronavirus, les rapatriements s'arrêteront", a-t-il souligné. Par ailleurs, le Premier ministre a appelé les banques à faciliter les transferts bancaires à destination des étudiants libanais à l'étranger.
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"Une organisation précise"
Sur ce plan, le chef de l'Etat, Michel Aoun, a estimé que le rapatriement des Libanais bloqués à l'étranger "nécessite une organisation précise, l'augmentation croissante du nombre de cas de coronavirus imposant des mesures exceptionnelles pour assurer la bonne santé des personnes rapatriées et de leur entourage". S'exprimant au début du Conseil, le chef de l'Etat a en outre souligné l'importance de finaliser, le plus rapidement possible, le plan de sauvetage économique et financier du pays, sur lequel doit plancher le cabinet pour faire face à la crise la plus aiguë qu'a connu le Liban depuis la fin de la guerre civile (1990).
A l'issue d'une réunion de la commission ministérielle chargée du dossier du coronavirus, le ministre de la Santé Hamad Hassan a précisé dans la soirée que les Libanais qui souhaitent être rapatriés devront passer des tests de dépistage 72 heures avant la date de leur retour. "Si ce test n'est pas effectué, le voyageur devra loger dans un hôtel et attendre 24 heures pour effectuer un test à Beyrouth", a ajouté le ministre. "24 heures plus tard, une évaluation sera effectuée, à la suite de quoi le plan de rapatriement modifié reprendra le 7 avril", a-t-il conclu.
Jeudi, M. Hassan avait déclaré que le retour de ces Libanais "constituait un nouveau défi", insistant sur la nécessité de "faire attention au niveau des mesures de contrôle dès l’arrivée des premiers émigrés".
De son côté, la Croix-Rouge libanaise avait indiqué, par la voix, de son secrétaire général Georges Kettané, qu'elle était "prête à transporter tous les cas suspects de coronavirus, de l’aéroport jusqu’à l’hôpital, dans un convoi sécuritaire" et ce, "quel que soit leur nombre".
Ces derniers jours, les parrains politiques du cabinet Diab ont plaidé en faveur du rapatriement des Libanais bloqués à l'étranger. Samedi, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait appelé le gouvernement à organiser "un rapatriement étudié, sûr et rapide". Le même jour, le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) Gebran Bassil avait appelé les responsables à "donner au gouvernement un délai suffisant mais limité dans le temps". Le président du Parlement et leader du mouvement Amal, Nabih Berry, très influent au sein de la diaspora libanaise en Afrique, a été le premier à évoquer publiquement ce sujet lors d'un entretien, le 25 mars dernier, avec le Premier ministre, que certaines sources ont qualifié de tendu, allant jusqu'à menacer samedi de "suspendre" sa participation au gouvernement.
Le Liban a enregistré ces dernières heures deux nouveaux décès dus au coronavirus ainsi que 15 cas supplémentaires de contamination, portant le bilan total à 494 cas depuis la détection du virus au Liban, le 21 février, selon le dernier rapport du ministère de la Santé.
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Environ 3 000 prisonniers bientôt libérés ?
Par ailleurs, Mme Abdel Samad a annoncé la formation d'une commission d'urgence chargée de la lutte contre le coronavirus en prison. Dans ce cadre, M. Diab a déclaré qu'environ 3 000 détenus vont pouvoir sortir des prisons dans le cadre d'un mécanisme mis en place par le ministère de la Justice, afin de désengorger les établissements pénitentiaires sur fond de crainte de propagation du Covid-19.
Mardi, la ministre de la Justice, Marie-Claude Najm, avait annoncé que les dossiers des détenus qui pourraient bénéficier d'une amnistie sont à l'étude, alors que cette question fait l'objet de tiraillements politiques. Il y a quelques jours, le gouvernement libanais avait approuvé un projet de loi revêtu du caractère de double urgence, amnistiant les détenus qui ont acquitté le versement des amendes qu'ils sont tenus de payer dans le cadre de leur condamnation. Cette loi vise à désengorger les prisons libanaises, surpeuplées.
Par ailleurs, le gouvernement a également approuvé le projet de décret concernant l'exemption de taxes sur l'importation de matériel médical utilisé dans la lutte contre le virus.
Sur un autre plan, le gouvernement a décidé de poursuivre les travaux de construction du barrage controversé de Bisri. dans le caza de Jezzine. Ce barrage devrait être exécuté par le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) sur six millions de mètres carrés dans l’une des plus belles vallées du Liban. Les détracteurs du projet déplorent non seulement la destruction programmée de la vallée – qui compte des terres agricoles très fertiles et une biodiversité remarquable –, mais aussi la perte d’un patrimoine bâti traditionnel inestimable.
Enfin, le ministre de l'Energie, Raymond Ghajjar, a présenté au cours de la séance un projet concernant l'augmentation de l'approvisionnement en eau courante du Grand Beyrouth, et les développements enregistrés en ce qui concerne l'approvisionnement en électricité et le déficit public causé par les versements de l'Etat à Electricité du Liban.
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VOYONS S,ILS VONT LES ACCUEILLIR QUELQUE PART POUR UNE QUARANTAINE DE 14 JOURS OU S,ILS VONT LES LAISSER ALLER... SE CONFINER ???... DANS LEURS MAISONS. PLUS GRAVE ERREUR IL N,Y AURAIT PAS.
18 h 16, le 02 avril 2020