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Société - Décryptage

Rapatriement : une « première vague de 10 000 » Libanais devraient rentrer entre le 5 et le 12 avril

Hassane Diab lors du Conseil des ministres, au Grand Sérail, hier. Photo Dalati et Nohra

Le premier obstacle sérieux qui a failli faire imploser le gouvernement de Hassane Diab a été réglé. Le plan préparé par la commission ministérielle (formée de la vice-présidente du Conseil et ministre de la Défense Zeina Acar, du ministre des Affaires étrangères Nassif Hitti, du ministre de l’Intérieur Mohammad Fahmi, du ministre de la Santé Hamad Hassan, du ministre des Transports Michel Najjar et du ministre des Affaires sociales Ramzi Moucharrafiyé) pour le rapatriement des Libanais de l’étranger qui le souhaitent a été adopté au cours de la séance d’hier du Conseil des ministres. La commission s’était réunie avant le Conseil au Grand Sérail.

Il faut préciser à cet égard que tous les ministres étaient conscients de la nécessité d’agir rapidement, car en ce qui concerne le coronavirus, on parle d’heures et de jours, non de semaines et de mois. Selon des sources ministérielles, le plan adopté sera exécuté en deux phases. La première se déroulera du 5 au 12 avril et la seconde du 27 avril au 4 mai. L’idée est donc d’exécuter la première phase, d’attendre deux semaines pour étudier la courbe de l’épidémie et ensuite de combler les lacunes éventuelles.

Toujours selon les mêmes sources, un mécanisme précis sera adopté. Dans un premier temps, des appels seront lancés par le biais des ambassades du Liban à tous les Libanais qui se trouvent hors du pays et qui souhaitent y retourner, pour qu’ils enregistrent leur nom. Le ministre des Affaires étrangères Nassif Hitti a d’ailleurs commencé il y a deux semaines à demander aux ambassades du Liban à l’étranger de conseiller aux Libanais qui veulent être rapatriés de respecter le confinement là où ils se trouvent. Ceux qui veulent rentrer devront remplir des formulaires précis sur les raisons de leur séjour à l’étranger, leur condition de santé, etc. Selon les sources ministérielles précitées, il y aurait près de 22 000 personnes déjà inscrites, mais il faudra commencer par « une première vague » de 10 000.

(Lire aussi : Le retour des Libanais de l’étranger, entre surenchère politique et souci humanitairele décryptage de Scarlett HADDAD)

Les personnes qui ont inscrit leurs noms sur les listes devront subir un examen rapide pour voir si elles sont ou non atteintes du virus. Ensuite, les personnes désireuses de rentrer seraient divisées en deux : celles qui sont porteuses du virus et celles qui ne le sont pas. Il faut préciser qu’il est question de leur faire subir des tests dits « Anticorps et antigène » (plus rapides, ils visent à détecter les anticorps pour déterminer après coup si un individu a été en contact avec le virus, et non pas s’il est malade à l’instant), car le Liban n’a pas suffisamment de tests PCR (tests classiques qui nécessitent quelques heures pour rendre leur résultat).

À partir de là, il faudra affréter les avions, un appareil pour les malades et d’autres pour les personnes en bonne santé. L’avion qui transportera les personnes atteintes du virus devrait être doté d’un équipement spécial et avoir à son bord une équipe médicale. La MEA devrait se charger de négocier avec les aéroports des pays concernés pour obtenir les autorisations nécessaires pour le décollage des avions.

Les personnes dont le test aura été négatif devront laisser un siège vide entre elles et porter des masques chirurgicaux tout au long du vol. Des agents de la Sûreté générale seront aussi présents et feront signer aux passagers un engagement de se conformer aux instructions. L’embarquement des passagers sera supervisé par un diplomate de l’ambassade du Liban dans le pays en question.Une fois à Beyrouth, les passagers seront séparés entre ceux qui sont en bonne santé et ceux qui ont des problèmes antérieurs à l’apparition du coronavirus. Tous seront alors soumis à de nouveaux tests. Ceux qui paraîtront atteints du virus seront acheminés vers les hôpitaux, les autres devront suivre les consignes de confinement, pour certains à domicile et pour d’autres dans des lieux préparés à cet effet dans tous les mohafazats. Les passagers sains devront être accueillis par une seule personne qui conduira la voiture. S’il y a des groupes, les FSI devront se charger des dispositions pour leur transport.

Le plan a été donc conçu pour permettre à ceux qui le souhaitent de rentrer chez eux sans mettre en danger la vie des résidents au Liban. Il répond ainsi à une demande pressante de Nabih Berry et d’autres parties politiques, et, en même temps, il tient compte des risques et exige une prudence extrême.

Les caisses du Trésor étant pratiquement vides, les voyages du retour se feront aux frais des passagers, en demandant aux banques de faciliter les virements. Les sources précitées révèlent toutefois l’existence d’un véritable élan de solidarité, certains Libanais résidant à l’étranger ayant offert d’aider ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter leurs billets.


(Lire aussi : Les Libanais de l’étranger, « de véritables bombes à retardement », pour Abou Charaf)



Suivi médical

Il reste toutefois le risque que les Libanais rapatriés ne respectent pas strictement les consignes. Le plan prévoit un suivi médical de la part des hôpitaux, sous la supervision du ministère de la Santé, pour vérifier que les instructions de confinement sont suivies, sachant que les Libanais peuvent être indisciplinés.

C’était d’ailleurs la raison pour laquelle, sans jamais remettre en cause le droit des Libanais qui se trouvent à l’étranger de revenir au pays, le gouvernement avait quelques réserves au sujet d’un rapatriement massif. Pour la gestion de cette crise, il avait prévu un plan en deux temps, d’abord la fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes aux passagers pendant deux semaines (du 14 au 29), afin de mettre un terme aux contaminations venues de l’étranger. En même temps, il avait donné un délai de 4 jours à ceux qui souhaitaient rentrer au pays en annonçant sa décision le 14 et en ne fermant l’aéroport que le 18 au soir. Ensuite, la prolongation de deux semaines de la mobilisation générale et celle des mesures strictes de confinement devraient permettre de limiter l’expansion du virus et d’aplanir la courbe du nombre de personnes qui en sont atteintes. C’est pourquoi lorsque le président de la Chambre avait évoqué le dossier du rapatriement des émigrés, Hassane Diab avait répondu : Pas avant le 12 avril, date d’expiration de la nouvelle prolongation des mesures de confinement. Mais il a dû modifier sa position, face à l’importance de la question, tout en essayant de prendre toutes les mesures qui permettront de maintenir sous contrôle autant que possible la propagation du virus. C’est un nouveau défi que relève ce gouvernement... en misant sur la coopération des Libanais. Jeudi soir, la commission ministérielle devrait se réunir pour fixer le calendrier et les détails pratiques du retour.



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Le premier obstacle sérieux qui a failli faire imploser le gouvernement de Hassane Diab a été réglé. Le plan préparé par la commission ministérielle (formée de la vice-présidente du Conseil et ministre de la Défense Zeina Acar, du ministre des Affaires étrangères Nassif Hitti, du ministre de l’Intérieur Mohammad Fahmi, du ministre de la Santé Hamad Hassan, du ministre des...

commentaires (10)

Mission presque impossible d'acceuillir ces vagues de personnes et ou les loger et comment ils pourront vivre avec les banques fermées?

Antoine Sabbagha

18 h 38, le 01 avril 2020

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Commentaires (10)

  • Mission presque impossible d'acceuillir ces vagues de personnes et ou les loger et comment ils pourront vivre avec les banques fermées?

    Antoine Sabbagha

    18 h 38, le 01 avril 2020

  • Je suis perplexe et perspicace quand au retour de nos Émigrés et libanais de l étranger vers le Liban en ces moments difficiles et sanitairement graves que traverse la planète entière ... Assurer les transfers d argents via les consulats à celles et ceux qui sont bloqués à l étranger est essentiel et prioritaire et ces actions avec effets immediat viennent d être avalisées par l Association des Banques au Liban assisté par la Banque du Liban ... Les restrictions sanitaires actuellement en place ne sont pas respectées surtout à Tripoli et j en suis conscient .. Cela risque helas d être tragique ds les semaines qui viennent ... Nous mettons même la vie de nos émigrés originaires de cette région et tant d autres en danger , danger qui s ajoute au transport en avion malgré toutes les dispositions qui ont été vues et revues sur les sujets ... Un autre problème compliqué d autant plus grave s ajoute , certaines hautes autorités de trois pays du continent africain viennent de faire part ces dernières 48 heures de leurs mécontentements et contestations vis à vis de la communauté libanaise les avisant que les relations ne seront plus les mêmes après , qu avant l expansion du Coronavirus .... Les libanais arrivés dans ces pays y ont fait fortune .et sèment le doute sur les instances sa

    Menassa Antoine

    17 h 28, le 01 avril 2020

  • Pour pouvoir accueillir tous les rapatriés libanais d'Afrique-de-l'Ouest et d'Amérique-du-Sud désireux de rentrer au pays, il faut d'abord faire de la place en renvoyant les déplacés syriens chez eux en Syrie. Sinon, le jeu de yoyo de sayyed Nabih ne marcherait pas.

    Un Libanais

    16 h 42, le 01 avril 2020

  • Mais qui sont les fous qui cherchent à rentrer? Confinement cela veut dire chaqu'un reste a ca place, khalass ba2a ces vas et viens incessants ! A moins que ce mouvement ne vise plus précisément nos 'expatriés-résistants' en Iran et en Syrie ?

    Aboumatta

    15 h 07, le 01 avril 2020

  • En ayant détaillé ce retour , je relève une chose un peu chocante , on fait partir les "infectés" dans un vol et les "sains" dans dans un autre . On a 20.000 retours possibles , il faudrait alors que le nombre des retours égal, supposons il n'y aurait que 100 ou moins "infectés" parmi les 20,000,et que cela ne vaille pas la peine pour un avion d'embarquer ce nombre que fera le gouvernement? Les abandonnera t il ? Qui paierait les frais supplémentaires ? Ensuite au Liban rien ne se fera si derriere tout ça on a pas assuré le nerf de la guerre , donc nous dire que cela va être gratos , dites le à d'autres. Personnellement gratos ou pas je ne bouge pas de l'endroit où je me trouve . Rien ne sert d'ajouter de la complication à la complication et de profiter d'un instinct de panique .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 10, le 01 avril 2020

  • Peut détailler la provenance et le nombre des expatriés qui demandent leur rapatriement pour savoir enfin de quoi il retourne. Cet acharnement à vouloir aider les expatriés est plus que louche puisqu’on est dans l’impossibilité de subvenir aux besoins des locaux pourquoi vouloir à tout prix prendre le risques de contaminer ceux qui rentrent pour que à leur tour contaminent les locaux et ajouter un problème aux problèmes actuels sur un simple caprice du président de la chambre? Comment assurer le confinement qui consiste à héberger, nourrir et subvenir à tous les besoins de ces gens et ce pendant 14 jours? Comment feraient ils? Quel serait son prochain caprice pour ne pas bloquer le gouvernement? Hein? On est toute ouïe.

    Sissi zayyat

    12 h 27, le 01 avril 2020

  • On aimerait voir le même branle-bas et ce dévouement de la part de nos autorités pour aider et sauver les milliers de Libanais ici sur place, qui n'ont plus de quoi vivre dignement...à cause de la corruption et de la négligence de ces autorités, justement ! Mais la fibre "m'as-tu vu" de nos responsables de tous bords prime toujours sur tout... Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 40, le 01 avril 2020

  • DES HOTELS DEVRAIENT ETRE AMENAGES SOUS CONTROLE POUR ACCUEILLIR EN STRICTE QUARANTAINE TOUS CEUX QUI SERONT RAPATRIES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 34, le 01 avril 2020

  • Hassane Diab indépendant ? Sûrement que non. Et vérifié avant de terminer les 100 jours. Alors, inutile de continuer à faire des projections pour l'avenir, qui n'est plus certain pour nous tous.

    Esber

    07 h 16, le 01 avril 2020

  • POUR MA PART , JE NE RENTRERAI PAS , MÊME SI TOUT EST GRATUIT ! IL N'EST VRAIMENT PAS CONSEILLÉ DE PRENDRE L'AVION DANS CES CIRCONSTANCES

    Chucri Abboud

    02 h 15, le 01 avril 2020

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