Alors que la polémique continue de faire des remous sur la scène politique libanaise concernant le rapatriement des expatriés libanais coincés à l'étranger, en pleine pandémie de nouveau coronavirus, le président de la Middle East Airlines, Mohammed el-Hout, a annoncé samedi soir que la compagnie aérienne était prête à assurer le retour des ressortissants souhaitant rentrer au Liban.
La MEA est "prête à évacuer les expatriés" libanais coincés à l'étranger "dès qu'une décision officielle sera prise par le gouvernement à cet effet", a annoncé le président de la compagnie, lors d'une émission télévisée. Cette annonce a été ensuite reprise sur le compte officiel de la MEA*.
أعلن رئيس مجلس ادارة- مدير عام شركة طيران الشرق الاوسط - الخطوط الجوية اللبنانية السيد محمد الحوت، في تصريح تلفزيوني، أن الشركة مستعدة لإجلاء المغتربين فور صدور قرار رسمي بذلك. pic.twitter.com/kZMGPt0tHd
— Middle East Airlines (@MEAAIRLIBAN) March 28, 2020
Malgré la multiplication des appels au rapatriement ces derniers jours, le Premier ministre Hassane Diab avait affirmé vendredi que les Libanais se trouvant actuellement coincés à l'étranger ne pourront pas revenir au Liban avant le 12 avril prochain. Cette date est celle de la fin de la mobilisation générale, prolongée de deux semaines jeudi lors du Conseil des ministres, dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus au Liban. L'aéroport de Beyrouth est également fermé jusqu'à cette date. Jeudi, pourtant, le chef de la diplomatie libanaise, Nassif Hitti, avait indiqué que les Libanais se trouvant à l'étranger pourraient rentrer au Liban, à condition de subir au préalable des tests de dépistage pour éviter tout risque de propagation du nouveau coronavirus dans le pays où plus de 400 cas ont été enregistrés jusque-là, dont huit décès.
Lors d'une réunion de travail au Sérail, le Premier ministre a réitéré plus tôt dans la journée qu'il était en faveur "d'un retour sécurisé" des expatriés qui le souhaitent. "Le ministre de la Santé Hamad Hassan et une équipe d'urgence sont en train de préparer un mécanisme de rapatriement adéquat, avec l'obligation de passer des tests", a ajouté M. Diab. Les ministres ont soulevé au cours de cette réunion "la responsabilité nationale du gouvernement de protéger de l'épidémie tous les Libanais, à l'intérieur du pays et au dehors".
Ce dossier polémique sera abordé lors d'un Conseil des ministres prévu mardi à 14h au Sérail. "Nous espérons que tous les détails de cette affaire du retour des Libanais coincés à l'étranger seront éclaircis mardi", a dans ce contexte affirmé le ministre des Affaires étrangères à la chaîne d'informations locale LBC. De son côté, le ministre de l'Industrie, Imad Hoballah, a indiqué que "la décision a été prise et les différentes étapes de son application seront annoncées mardi". "La première étape consiste à vérifier la situation sanitaire des personnes souhaitant rentrer afin de préparer au mieux les mesures de protection et de prévention. D'autres mesures s'appliqueront aux personnes dont les tests montreront qu'elles sont contaminées, et elles devront peut-être être soignées à l'endroit où elles se trouvent", a ajouté M. Hoballah.
(Lire aussi : Derrière le gouvernement, l’ombre de Berry..., le décryptage de Scarlett Haddad)
Les menaces de Berry
Les annonces de M. Diab ont provoqué un tollé parmi la classe dirigeante et notamment poussé le président du Parlement, Nabih Berry, à menacer de "suspendre la participation" de sa formation, le mouvement Amal, au gouvernement Diab, si ce dernier ne revenait pas sur sa décision. "Alors qu'on renie notre autre moitié, à savoir notre diaspora qui a fait de nous un empire (...), et si le gouvernement persiste dans sa position au sujet des expatriés après mardi prochain, nous suspendrons notre participation au cabinet", a menacé M. Berry, selon un communiqué de son bureau de presse publié samedi après-midi.
De manière officieuse, Nabih Berry a été le seul chef de file politique à nommer un ministre membre de son parti, le ministre Abbas Mortada, chargé des portefeuilles de l’Agriculture et de la Culture, même si son appartenance au mouvement Amal n’a pas été officiellement confirmée. À ceux qui lui ont demandé la raison de son choix, Nabih Berry aurait répondu qu’il voulait montrer que sa position de réclamer un gouvernement techno-politique était la bonne, explique notre journaliste Scarlett Haddad, alors que le mouvement de contestation populaire, qui a poussé Saad Hariri et son gouvernement à démissionner, réclamait un cabinet non affilié aux partis politiques.
Pour sa part, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, qui critique régulièrement le gouvernement, a déploré samedi la position de celui-ci vis-à-vis de la diaspora libanaise. "La position du gouvernement libanais, jusqu'à présent, vis-à-vis des Libanais expatriés aux quatre coins du globe et qui cherchent à renter dans leur pays est extrêmement honteuse (...) surtout que ces Libanais ont affirmé à plusieurs reprises qu'ils étaient prêts à payer les frais de voyage et ceux de leur mise en quarantaine une fois de retour", a écrit M. Geagea sur Twitter. "Le gouvernement doit prendre une décision très rapidement afin d'organiser des vols de retour pour les expatriés dans ces circonstances exceptionnelles", a conclu le chef des FL.
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"Délai suffisant mais limité"
Le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) Gebran Bassil a, lui, appelé les responsables à "donner au gouvernement un délai suffisant mais limité dans le temps" pour traiter cette question polémique. "Le Liban ne peut pas ignorer ses expatriés", a déclaré M. Bassil, ex-ministre des Affaires étrangères, prenant la parole depuis sa demeure, alors que le pays est confiné pour faire face à la propagation du coronavirus. "Au lieu de perdre du temps en discutant de la possibilité ou pas de rapatrier les expatriés et à faire de la surenchère politique et populaire, il faut mettre sur pied rapidement un mécanisme de retour sûr", a-t-il ajouté. Il a appelé à ce que ce plan ne fasse aucune distinction entre les expatriés souhaitant rentrer, en couvrant les frais de retour. "Le cabinet doit mettre en place un protocole médical, social et financier, et assurer que les personnes puissent passer des tests de dépistage à l'étranger", a-t-il souligné. "Assurer le retour des expatriés est une question indiscutable, ce droit est consacré par la Constitution", a ajouté le chef du CPL. Et d'ajouter que les Libanais de la diaspora doivent toutefois comprendre qu'il est impossible de faire revenir tous les expatriés d'un coup, immédiatement, mais qu'une telle procédure doit se mettre en place progressivement.
Il a été secondé sur ce plan par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a appelé dans un discours à un rapatriement "sûr, rapide et étudié".
* Contrairement à ce que nous avions écrit de manière erronée dans une première version de cet article, M. Hout n'a mentionné un rapatriement des expatriés aux frais de la MEA. L'article a donc été corrigé le 29 mars à 11h.
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commentaires (6)
À ces gens instruits et éduqués, malheureusement que quand il s'agit de critiquer l'Iran ou disons l'axe de la résistance, je dirai qu'un pont aérien entre la France et la Chine d'une durée de 14 semaines pour ramener des masques de protection est en cours . La Chine est entrain ou a déjà pris le relais pour s'imposer grande puissance de ce monde devant les usa . Éduqués et instruits impose d'ouvrir les oeillères pour regarder, plus armé, l'horizon .
FRIK-A-FRAK
12 h 54, le 29 mars 2020