La photo de famille de la nouvelle équipe gouvernementale. Photo officielle prise le 22 janvier 2020 à Baabda. Photo Dalati et Nohra
Le nouveau Premier ministre libanais Hassane Diab a averti mercredi, lors de la première réunion de son gouvernement au palais présidentiel de Baabda, que le Liban faisait face à une "catastrophe" économique et a souligné les "immenses défis" qui attendent son équipe.
"Nous sommes face à une impasse financière, économique et sociale", a estimé le Premier ministre, cité dans une déclaration lue par le secrétaire général de la présidence du Conseil, Mahmoud Makkiyé. "Nous sommes face à une catastrophe et nous devons alléger l'impact et les répercussions de cette catastrophe sur les Libanais", a-t-il estimé. "Nous devons assurer une stabilité qui préserve le pays, a-t-il encore dit. D'énormes défis nous attendent (...) Les Libanais ont le droit de clamer et d'exiger d'arrêter cette dégringolade. Nous devons atténuer la catastrophe".
M. Diab a également exprimé le souhait que ses ministres "présenteront une image différente du travail gouvernemental. Nous devons travailler jour et nuit pour atteindre nos objectifs, nous ne sommes pas un gouvernement politique et notre équipe devra être exceptionnelle dans la performance de ses ministres".
Le gouvernement de Hassane Diab, dont la formation officielle a été annoncée mardi peu avant 22h, succède au cabinet Hariri, qui a démissionné le 29 octobre sous la pression de la rue qui se révolte depuis le 17 octobre. Cette même rue a d'ores et déjà rejeté le gouvernement de M. Diab dès mardi soir.
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"Je représente le hirak"
Depuis le Grand Sérail où il s'est rendu à l'issue du Conseil des ministres, le nouveau Premier ministre a assuré représenter le "hirak", le mouvement de contestation, au sein du gouvernement "tout comme plusieurs ministres, dont la ministre de la Justice et la ministre de la Jeunesse et des Sports". "Je suis en contact constant avec le hirak, et comme on dit, il y a 107 groupes différents, a-t-il ajouté. Entre 4 et 6 ministres représentent le mouvement de protestation au sein du gouvernement, mais l'ensemble du gouvernement, avec son approche, représente le mouvement".
"Avec ma voix, les femmes ont le tiers de blocage que j'appelle le tiers de garantie", a-t-il également dit en référence au fait que 6 femmes font partie de son gouvernement composé de 20 ministres.
En outre, M. Diab a assuré que "l'approche financière et économique du gouvernement sera complètement différente des gouvernements précédents". Il a dans ce cadre indiqué que "la révocation du gouverneur de la Banque du Liban est actuellement hors de question". "J'ai rencontré loin des médias un certain nombre d'ambassadeurs et tous ont exprimé leur volonté de coopérer", a-t-il également affirmé. Il a aussi indiqué qu'il se rendra à Dar el-Fatwa pour s'entretenir avec le mufti de la République.
Restaurer la confiance
"Votre mission est délicate et vous devez gagner la confiance des Libanais et travailler pour atteindre les objectifs auxquels ils aspirent, que ce soit en ce qui concerne leurs conditions de vie ou la situation économique", a de son côté déclaré le chef de l’État Michel Aoun au début du Conseil des ministres.
"Il est nécessaire d’œuvrer pour restaurer la confiance de la communauté internationale dans les institutions libanaises, et rassurer les Libanais au sujet de leur avenir, a-t-il ajouté. Nous avions préparé par le passé un plan économique et des réformes financières que le gouvernement devra mettre en œuvre ou modifier si nécessaire".
Le président a également appelé à la tenue de réunions successives afin de "rattraper ce qui n'a pas été fait ces dernières semaines".
Le comité de rédaction de la déclaration ministérielle a été formé lors de la première réunion du gouvernement. Ce comité sera présidé par le Premier ministre et composé des ministres des Finances, des Affaires étrangères, de la Justice, de l’Économie, de l'Environnement, du Développement administratif, de l'Information, de la Jeunesse et des Sports, des Télécommunications, de l'Industrie et des Affaires sociales, ainsi que du vice-Premier ministre. Le comité doit se réunir vendredi, à 11h, au Sérail. "Beaucoup de choses seront discutées. Il y aura des séances successives pour la rédaction de la déclaration ministérielle afin qu'elle soit prête le plus rapidement possible, mais je ne fixerai pas de délai", a précisé Hassane Diab.
Lors de ce Conseil des ministres, le chef de l'Etat, Michel Aoun, a insisté sur l'importance que le gouvernement restaure la confiance, notamment en se réunissant deux fois par semaine.
Jeudi, le Premier ministre doit recevoir les ambassadeurs de France, Bruno Foucher, de Suisse, Monika Schmutz Kirgöz, de l'Union européenne, Ralph Tarraf, et de Grande-Bretagne, Chris Rampling, en poste à Beyrouth.
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"Mon parti, le Liban"
A l'issue du Conseil des ministres, certains ministres ont répondu au questions de la presse. Le ministre de l'Industrie Imad Hobballah (Hezbollah, chiite) a affirmé que "le cri des industriels est légitime et si nous ne faisons pas le nécessaire dans le secteur, il n'y aura pas de renaissance économique".
"Nous sommes un gouvernement de technocrates, nous ne représentons pas les partis mais les aspirations de nos jeunes. Mon parti est le Liban", a affirmé le ministre de la Santé Hamad Hassan (Hezbollah, chiite). "Nous sommes avec le Hirak et ses objectifs nobles", a-t-il également dit.
"Je représente les Marada", a de son côté affirmé le ministre des Travaux publics Michel Najjar, lorsque les journalistes lui ont demandé qui il représentait. "Je vais œuvrer pour que nous ayons de l'électricité mais je ne ferai pas de promesses ni ne fixerai de délais", a pour sa part affirmé le ministre de l’Énergie, Raymond Ghajar (Aoun/CPL).
Pour sa part, le ministre des Finances Ghazi Wazni (Amal, chiite) a déclaré qu'un retour du prix du dollar à 1500 livres libanaises sur le marche parallèle était "impossible", alors que la livre s'est fortement dépréciée face au billet vert dans les bureaux de change ces derniers mois, ajoutant que la régulation du marché parallèle est liée à l'action du gouvernement. "La situation est très difficile, mais enrayer l'effondrement est possible. Pour cela, nous avons besoin de soutiens interne et extérieur. Il en va de la responsabilité de tous", a affirmé M. Wazni à l'issue d'un entretien avec le président du Parlement et leader du mouvement Amal, Nabih Berry. "La communauté internationale doit être convaincue de la crédibilité du cabinet pour qu'elle lui tende la main", a ajouté le ministre, soulignant que "la déclaration ministérielle doit prendre en considération les derniers développements sur les plans économique et financier".
La ministre de l'Information, Nada Abdel Samad (druze), a assuré qu'elle était indépendante et que personne ne s'était opposé à sa nomination, proposée par Hassane Diab selon elle. "Dans ce gouvernement composé de technocrates, nous voulons agir", a déclaré Mme Abdel Samad à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre au cours duquel a été évoqué "la préparation d'un plan stratégique" pour le ministère de l'Information.
Le ministre des Affaires sociales et du Tourisme, Ramzi Moucharrafiyé (Arslane, druze), a souligné que le jugement des ministres doit s'effectuer sur la base de leur action.
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commentaires (10)
Il est donc futé le diabs... Même pas un jour au pouvoir et il sait déjà qu'on est dans la m...e...wow!
Wlek Sanferlou
23 h 20, le 22 janvier 2020