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À La Une - Liban

Jour X : les forces armées veulent rouvrir les routes, la tension monte

Échauffourées entre police anti-émeute et manifestants sur la voie rapide du Ring à Beyrouth. L'armée tire en direction des manifestants à Beddaoui, au Liban-Nord. 

Des policiers anti-émeutes délogeant par la force des manifestants qui bloquaient l'autoroute du Ring à Beyrouth, le 26 octobre 2019. Photo REUTERS/Mohamed Azakir

L'armée libanaise et les forces de sécurité intérieure tentaient samedi de rouvrir les principales routes du pays, bloquées depuis dix jours consécutifs par les dizaines de milliers de Libanais qui manifestent de manière inédite contre le pouvoir, accusé de corruption. Dans certaines régions, les manifestants ont évacué leurs sit-in sans résistance, alors que dans d'autres secteurs, des échauffourées ont éclaté avec les forces de l'ordre. C'était notamment le cas à Beddaoui, localité voisine de Tripoli, au Liban-Nord, où des tirs de l'armée en direction des manifestants bloquant la route menant au Akkar ont fait plusieurs blessés.

L'armée a donné l'ordre à la troupe de rouvrir les routes principales du pays afin de faciliter la circulation des automobilistes. Cet ordre est le résultat d'une réunion sécuritaire qu'ont tenue les chefs des forces armées (Armée, Forces de sécurité intérieure, Sécurité de l'Etat, Sûreté générale) à Yarzé, ce matin, afin de mettre en place un plan de réouverture des routes basé sur une répartition des tâches entre l'armée et les forces de l'ordre.


Bras de fer sur le Ring

Sur le terrain, la voie rapide du Ring, qui relie les quartiers Est de la capitale à ceux du côté Ouest, et qui est régulièrement fermée depuis le début de la révolte, a été rouverte à la circulation en début d'après-midi. Des policiers anti-émeutes ont été envoyés sur place afin de déloger les manifestants avant que des échauffourées ponctuées de cris et de slogans n'éclatent. Les manifestants dénonçaient l'usage de la violence fait, selon eux, par certains policiers. Mais vers 14h30, de nouvelles échauffourées ont éclaté, et la voie a été à nouveau coupée à la circulation. Les policiers tentaient de déloger par la force les manifestants assis sur le bitume et qui scandaient "pacifique, pacifique !".

"Les forces de l'ordre nous ont délogés avec une certaine violence. Nous sentons que les forces de l'ordre ont commencé à opter pour une stratégie de la provocation, pour nous faire réagir. Donc nous sommes très vigilants. Nous fermons le ring pour que la cause ne meure pas, pour maintenir la pression", explique Myrna, sur le ring, à notre journaliste sur place Suzanne Baaklini. La jeune femme est mobilisée depuis le début du mouvement et dort sous une tente plantée dans le centre-ville de Beyrouth.

En banlieue de la capitale, à Furn el-Chebbek, l'armée a brièvement rouvert le croisement de Chevrolet, un axe vital dans la région, sans essuyer de résistance de la part des manifestants. Mais la tension est montée d'un cran, certains protestataires s'étant plaints du fait que des militaires ont détruit des tentes et des chaises installées sur place. En début d'après-midi, les rangs des protestataires ont grossi et les manifestants ont bloqué à nouveau le croisement. Des disputes ont éclaté entre automobilistes et protestataires, sans que l'armée n'intervienne dans un premier temps. Elle a ensuite appelé des renforts et a séparé les automobilistes et les manifestants en deux groupes pour éviter des accrochages.

Photo ANI

A Jal el-Dib, des manifestants qui tiennent le sit-in quotidien sur l'autoroute et qui garent leurs véhicules sur la voie intérieure ont affirmé que la police municipale leur dressait samedi des contraventions. Certains y voient une pression de la part des autorités municipales qu'ils accusent d'être proches du Courant patriotique libre, fondé par le président de la République, Michel Aoun, et dirigé par le chef de la diplomatie, Gebran Bassil.

Plus au nord, à Okaïbé, les commandos de marine sont intervenus afin de raisonner les manifestants et les convaincre de rouvrir les routes. Des bulldozers militaires ont été dépêchés sur place pour éventuellement enlever les tas de gravats qui bloquent l'autoroute, mais les militaires se sont retirer du secteur en début d'après-midi face au refus des manifestants.

Dans le Sud du pays, les militaires ont rouvert toutes les routes menant à Tyr, et dans la Békaa, . Certains citoyens se plaignent de contrôles d'identités effectués à certains barrages par des manifestants qui bloquent les routes.

Au Liban-Nord, lors d'une tentative de déblocage des routes à Beddaoui, localité située à 5 km de Tripoli où se trouve un grand camp palestinien, l'armée a tiré plusieurs coups de feu pour disperser les manifestants, faisant plusieurs blessés et provoquant un mouvement de foule. La Croix-Rouge libanaise a évacué plusieurs personnes atteintes lors de cet incident. 

Toujours dans le Sud, vers 6h30, des manifestants ont tenté de fermer les routes à Saïda, sur les entrées Nord, Sud et Est de la voie maritime de la ville, mais l'armée a pu rouvrir toutes les routes. Les manifestants restaient toutefois mobilisés sur la place publique de la ville, rebaptisée place de la Révolution. Des débats et des activités ont lieu sur cette place, selon notre correspondant Mountasser Abdallah. Les banques restaient elles fermées, mais de longues files se sont formées devant les distributeurs de billets, alors que de nombreux salaires ont été transférés aux banques aujourd'hui.

Photo Mountasser Abdallah

Mais de manière générale, de nombreuses routes restaient fermées à la circulation samedi à travers le pays.


(Lire aussi : Le demi-jour des oracles, l'édito de Issa GORAIEB)


Des dizaines de milliers de Libanais, des centaines de milliers au pic de la contestation, sont dans les rues de tout le pays depuis le 17 octobre, afin de protester contre la classe politique et la corruption. Fait notable, de nombreux fiefs du Hezbollah, notamment Nabatiyé, sont touchés par la contestation.

Dans ce contexte tendu, la sécurité avait été renforcée vendredi dans le centre-ville, notamment par le biais d'un fort déploiement des forces armées sur la place des Martyrs, ce qui n'était pas le cas les derniers jours. De violentes bagarres ont éclaté vendredi entre partisans du Hezbollah et manifestants pacifistes, faisant plusieurs blessés, notamment dans les rangs des policiers. La veille déjà, une bagarre avait opposé les manifestants à des partisans du Hezbollah, faisant six blessés. Mis à part quelques incidents isolés vite contenus, il s'agissait de la première confrontation de cette ampleur depuis le début du mouvement de contestation.  

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a tenté de discréditer hier le mouvement de contestation, affirmant dans un discours télévisé que celui-ci n'était "désormais plus spontané" et l'accusait d'être financé par des puissances étrangères. Le leader chiite a appelé les protestataires à rouvrir les routes du pays. Vendredi, c'est le président de la République, Michel Aoun, qui a tenté de calmer la colère de la rue en s'adressant pour la première fois aux Libanais depuis le début de la contestation, mais sans pour autant convaincre les manifestants qui sont restés dans la rue. Le Premier ministre, Saad Hariri, qui a fait approuver par son gouvernement une série de réformes économiques d'urgence, n'a pas lui non plus convaincu les protestataires qui réclament la chute du gouvernement et le changement du régime.

Dans ce contexte, la Croix-Rouge libanaise a affirmé samedi avoir mené 142 opérations de secours vendredi, dans le cadre des manifestations. Dans des propos accordés à la chaîne LBCI, le secrétaire général de la CRL, Georges Kettané, a annoncé que les volontaires ont effectué 142 missions, dont huit cas ont nécessité une hospitalisation, alors que 134 autres ont été traités dans les centres de la CRL.

Enfin, plusieurs dizaines de Libanais ont manifesté samedi matin dans le village frontalier de Qaa, situé dans la Békaa, en soutien au chef de l'Etat, Michel Aoun. Selon les images de la LBCI, les manifestants, munis de drapeaux libanais, scandaient : "Dieu, le Liban, et Aoun seulement". Un prêtre du village était présent parmi les manifestants et vantait la lutte anti-terroriste menée par l'Etat libanais, sachant que le village de Qaa et celui voisin de Ras-Baalbeck avaient été endeuillés en 2015 par des attaques kamikazes menées par des jihadistes du groupe Etat islamique.


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commentaires (4)

Les FSI peuvent se reposer un coup! Les motards, qui avaient menacés le CPL après le fameux discour gibranien se référant au "balatagi", voilà qu'ils se pointent de nouveau pour remettre le vrai peuple LIBANAIS à l'heure iraniote!! Ce que ces motards et leurs mandataires ne comprennent pas c'est que le libanais a toujours été libre et se laissera faire martyrisé, comme les fahkreddine, salim el laouze, kamel mroueh, bachir, rafic hariri, gebran tueini, kassir, Rachid karame, pierre gemayel, et j'en passe et j'en passe, en plus des milliers qui ont combattu martyrs de l'armée et des jeunes du peuple dont plusieurs dans les prisons syriennes,les occupations diverses plutôt que de se faire effrayé par des chemises misérables sur leurs mobylettes de misères. Le libanais na pas besoin de l'Iran ni des faux maitres syriens! Il est un peuple valeuruex et clair sur son avenir. Brisons les chaînes.

Wlek Sanferlou

15 h 43, le 26 octobre 2019

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Commentaires (4)

  • Les FSI peuvent se reposer un coup! Les motards, qui avaient menacés le CPL après le fameux discour gibranien se référant au "balatagi", voilà qu'ils se pointent de nouveau pour remettre le vrai peuple LIBANAIS à l'heure iraniote!! Ce que ces motards et leurs mandataires ne comprennent pas c'est que le libanais a toujours été libre et se laissera faire martyrisé, comme les fahkreddine, salim el laouze, kamel mroueh, bachir, rafic hariri, gebran tueini, kassir, Rachid karame, pierre gemayel, et j'en passe et j'en passe, en plus des milliers qui ont combattu martyrs de l'armée et des jeunes du peuple dont plusieurs dans les prisons syriennes,les occupations diverses plutôt que de se faire effrayé par des chemises misérables sur leurs mobylettes de misères. Le libanais na pas besoin de l'Iran ni des faux maitres syriens! Il est un peuple valeuruex et clair sur son avenir. Brisons les chaînes.

    Wlek Sanferlou

    15 h 43, le 26 octobre 2019

  • Saad je t'admire ! Cela a pris du temps , mais tu as enfin compris qui voulait ta perte , depuis ta barbare séquestration en bensaoudie . Tu as toujours été un Libanais à part entière , mais à présent tu es devenu un résistant A PART ENTIERE . Petit Salut aux épiciers de quartiers de la part de JK .

    FRIK-A-FRAK

    14 h 21, le 26 octobre 2019

  • ESTAKEEL YIA HARIRI... ESTAKEEL... HETTON KELON TA7T EL AMER AL WAKE3... LA TEFZA3 MEN AL MOURTAZAKAAT EL IRANIYE... MA RAHA TEKHRAB AKTAR MEN MA HIYE KHERBENE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 07, le 26 octobre 2019

  • Après une bonne cuite , que se passe t'il ? LA GUEULE DE BOIS . ALLEZ LES ENFANTS UN BON CAFE ET CA SE PASSERA !

    FRIK-A-FRAK

    12 h 50, le 26 octobre 2019

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