Hier, un manifestant blessé, place Riad el-Solh, est soigné sur place. Hassan Assal/an-Nahar
Place Riad el-Solh hier, une nuée de contre-manifestants menaçants font irruption. Ces partisans du Hezbollah, armés de bâtons, vêtus de tee-shirts ou de chemises noires pour la plupart, agressent sans ménagement protestataires et forces de l’ordre, lancent pierres et bâtons sur la foule, provoquent des bagarres, faisant plusieurs blessés. Cet acte des partisans de Hassan Nasrallah, qui a précédé le discours du leader chiite, n’est autre qu’une nouvelle forme d’intimidation à l’égard des manifestants qui ont envahi les places publiques pour la neuvième journée consécutive. Il rappelle un épisode de l’histoire du Liban, le déploiement des chemises noires, qui s’est déroulé en janvier 2011. Il suscite aujourd’hui une interrogation majeure : quelles mesures envisagent de prendre le ministère de l’Intérieur et l’armée libanaise pour protéger les manifestants et empêcher que de tels débordements ne se reproduisent ?
L’armée libanaise restera neutre
Contactée par L’Orient-Le Jour, la ministre de l’Intérieur, Raya el-Hassan, préfère ne pas s’exprimer. Mais la fermeté et le professionnalisme des forces de l’ordre dans la gestion de la situation sur le terrain est saluée par de nombreux manifestants. Débordée hier, en début d’après-midi, la brigade antiémeute des Forces de sécurité intérieure ne reçoit des renforts qu’au bout d’une bonne demi-heure. Elle n’hésite pourtant pas à s’interposer entre les protestataires qui clament le caractère pacifique de leur mouvement de revendication et les agresseurs qui déferlent en nombre imposant de plusieurs axes. Elle finit par encercler et isoler les partisans survoltés du Hezbollah, pour protéger les manifestants, quitte à distribuer quelques coups de matraque bien corsés… avant d’aménager un corridor pour leur permettre de quitter les lieux.
De son côté, une source proche de Yarzé assure à L’OLJ que l’armée libanaise ne permettra à aucune partie de porter atteinte à l’autre (sur les places publiques où se déroulent les manifestations, NDLR), mais qu’elle restera dans le même temps neutre. « L’armée s’interposera entre les parties qui se font face et s’opposent », dit à L’OLJ cette source, en référence à l’infiltration de la manifestation de la place Riad el-Solh par des partisans agressifs du Hezbollah. « La troupe ne laissera aucune partie attaquer une autre », insiste-t-elle, précisant que « l’armée restera neutre ».
C’est dans ce sens que le commandement de l’armée libanaise a publié un tweet, ce vendredi, condamnant les pratiques illégales commises par certains manifestants contre des citoyens et des soldats, mettant en garde contre de telles pratiques qui portent atteinte aux libertés publiques et individuelles. « Certaines pratiques illégales ont été récemment commises par nombre de manifestants, et de manière répétée, contre des citoyens et des soldats en déplacement, selon ce tweet. Le commandement de l’armée met en garde contre le recours à ces pratiques qui portent atteintes aux libertés publiques et individuelles. Il rappelle que les libertés d’expression et de manifestation sont consacrées par la Constitution et invite au respect de la liberté de circulation, et à la fin de telles pratiques. »
(Lire aussi : Le demi-jour des oracles, l'éditorial de Issa GORAIEB)
Janvier 2011, l’épisode des chemises noires
Après le premier coup de force du Hezbollah de mai 2008, sur la scène intérieure, « les chemises noires », ces partisans du Hezbollah vêtus de chemises et de t-shirts noirs, se sont déployées pour la première fois en janvier 2011 dans les rues de la capitale, dans une volonté claire d’intimidation des adversaires politiques du parti mené par le leader chiite, Hassan Nasrallah. Leur déploiement avait alors favorisé la nomination du Premier ministre Nagib Mikati, le 25 janvier 2011.
Tout avait commencé le 12 janvier 2011, après la chute du gouvernement d’union nationale présidé par Saad Hariri. Les onze ministres du camp du 8 Mars avaient alors démissionné, enfonçant le pays dans une crise liée à l’enquête internationale sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri. Le Hezbollah, soutenu par la Syrie et l’Iran, accusait le Tribunal spécial pour le Liban d’être à la solde d’Israël et des États-Unis. Le chef de l’État, Michel Sleiman, procède alors à des consultations contraignantes avec les groupes parlementaires pour nommer un nouveau Premier ministre. Il prolonge dans ce cadre les consultations jusqu’aux 24 et 25 janvier. Saad Hariri est donné favori, mais le recours du Hezbollah à l’étalage de force dans la rue, avec le fameux épisode des chemises noires, renverse la donne et fait changer de position le chef du PSP, Walid Joumblatt, qui finit par appuyer Nagib Mikati.
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09 h 33, le 26 octobre 2019