Plusieurs pistes d'une sortie de crise sont imaginées par observateurs et médias, comme le remaniement gouvernemental pour "sortir" les ministres les plus conspués par la rue, la création d'un "comité de pilotage" composé d'experts respectés, voire des élections anticipées.
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"Cette réalisation est la vôtre"
Le président Aoun est revenu sur les manifestations qui agitent le pays depuis jeudi dernier. "Ce que nous voyons aujourd'hui montre que le peuple libanais est capable de se révolter et de faire entendre sa voix et que les libertés au Liban sont respectées. Mais votre cri aurait dû être un cri de joie, et pas un cri de douleur". Estimant que le dialogue était "la meilleure façon pour sauver le pays", le président s'est dit prêt à rencontrer des représentants des manifestants pour écouter leurs demandes. "En tant que chef de l'Etat, j'affirme que le plan de réformes présenté par le gouvernement constituera la première étape pour sauver le pays et éviter son effondrement économique et financier. Cela a été votre premier exploit car vous avez aidé à éliminer les obstacles et à le faire adopter en un temps record", a-t-il ajouté.
M. Aoun a ensuite commenté sur les revendications des protestataires. "Vous voulez récupérer l'argent volé ? Oui, cela est nécessaire. Je le demande aussi, j'ai proposé une loi en ce sens. Tous ceux qui ont volé de l'argent public doivent rendre des comptes devant la justice, a-t-il lancé. Je suis engagé dans la lutte contre la corruption, mais ceci relève du Parlement, où des lois ont été transmises sur ce plan. D'autres lois sur la levée de l'immunité du secret bancaire des responsables sont également prêtes".
"La liberté d'expression est un droit respecté et préservé pour tous, mais la liberté de circulation est également un droit pour tous, et il doit également être respecté et préservé", a affirme M. Aoun. La veille, le soulèvement avait pris une nouvelle tournure avec l'intervention de l'armée qui a tenté sans succès de rouvrir les routes principales, au prix de face-à-face parfois tendus avec les manifestants.
"La corruption nous ronge de l'intérieur"
Loin de faiblir malgré l'annonce de réformes par le gouvernement Hariri, le mouvement semble parti pour durer avec une occupation toujours aussi forte de la rue. Banques, écoles et universités sont fermées jusqu'à nouvel ordre.
"Nous sommes un peuple qui réussit, mais le communautarisme nous a détruit, et la corruption nous ronge de l'intérieur", a-t-il déploré. "J'ai prêté serment en promettant de préserver le Liban et de lutter contre la corruption. J'ai réussi à rendre le Liban sûr, restent les préoccupations économiques et financières, et mon ambition d'en finir avec la mentalité communautaire qui contrôle le pays", a-t-il ajouté. "C'est l'essence de tous nos problèmes, pour aboutir à un Etat civil au sein duquel tous les citoyens sont égaux devant la loi, pour que les plus compétents obtiennent les postes qu'ils méritent, et afin que la décentralisation administrative permette d'assurer les services pour tous", a poursuivi le chef de l'Etat.
"En tant que président, j'ai besoin de la coopération de tous pour agir et respecter les promesses que j'ai faites au peuple. Je ne rejette pas les responsabilités. Je suis un président responsable, et j’utiliserai tous les instruments à ma disposition pour mettre en œuvre les réformes nécessaires, mais les obstacles et les intérêts personnels sont nombreux", a-t-il encore affirmé.
Réagissant à ce discours, le Premier ministre, Saad Hariri, a annoncé, via son compte Twitter, avoir contacté le président Aoun et a dit "soutenir son invitation à une remise en question de la situation actuelle du gouvernement conformément aux institutions constitutionnelles". Selon des informations de la chaîne LBCI, ce soutien signifie que le remaniement ministériel et la formation d'un nouveau gouvernement sont sur la table.
L'étincelle de la révolte a été l'annonce impromptue le 17 octobre d'une nouvelle taxe, sur les appels via la messagerie WhatsApp. L'impôt de trop qui a fait exploser la colère dans un pays où des besoins élémentaires, comme l'eau, l'électricité et l'accès universel aux soins, ne sont pas assurés 30 ans après la fin de la guerre civile (1975-1990).
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commentaires (16)
Personne ose évoquer le cancer qui ronge notre pays et nous envoies dans le mur ou au fond du gouffre, c’est au choix mais le résultat est le même. Ce cancer c’est Hezbollah Iran Syrie Je suis jeune médecin et dernier de ma promo à travailler quelques mois par an dans mon pays mais je ne le ferai plus. Je suis sunnite d’une famille présente au Liban avant que le pays ne s’appelle Liban et aujourd’hui je vois des iraniens nous dire comment penser. Sans moi
PrChamil Alkhoder An Nasir
15 h 43, le 25 octobre 2019