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À La Une - Liban

Jour IX : Retour au calme à Beyrouth après de violents accrochages entre manifestants et partisans du Hezbollah

Plusieurs blessés dans les rangs des deux camps mais aussi dans les rangs de la force anti-émeutes intervenues pour les séparer.

Des femmes s’interposant entre les manifestants et les forces de l'ordre. REUTERS/Alkis Konstantinidis

Le calme est revenu, en soirée, dans le centre-ville de Beyrouth, où avaient eu lieu, dans l’après-midi, de violents accrochages entre manifestants et partisans du Hezbollah.

Ces accrochages, qui  ont fait des blessés et contraint la police anti-émeutes à intervenir, ont eu lieu peu avant un discours du secrétaire général du parti chiite, Hassan Nasrallah, le deuxième en moins d'une semaine. Ce dernier a estimé dans ce discours que le mouvement de contestation "n'est plus aujourd'hui un mouvement populaire spontané", mais "mené et financé par des forces politiques ainsi que des personnalités et entreprises spécifiques". Le leader chiite a par ailleurs appelé ses partisans à "sortir de la rue". "Nous ne sommes pas concernés par ce mouvement et nous n'avons aucun intérêt à être dans la rue", a-t-il ajouté. Après cet appel, les partisans du parti chiite ont quitté la place Riad el-Solh. Un grand nombre de motards brandissant les drapeaux du Hezbollah et du mouvement chiite Amal ont toutefois sillonné peu après les rues de la banlieue sud et de Tyr, au Liban-Sud.

La tension était également forte à Nabatiyé, au Sud, l'un des nombreux foyers de la contestation. Devant le Sérail de la ville, des partisans du Hezbollah ont encerclé les manifestants, selon une protestataire sur place contactée par L'Orient-Le Jour. Elle affirme que les hommes du parti chiite ont coupé le courant électrique, plongeant la place dans le noir. Lorsque les manifestants ont tenté de quitter les lieux, l'armée leur a déconseillé de le faire et a appelé des renforts sur place.

"Tous veut dire dire tous, dont Hassan Nasrallah", criaient, par ailleurs, les manifestants à Tripoli après le discours de Hassan Nasrallah, selon notre journaliste sur place, Ornella Antar. Acclamé par les manifestants, un orateur a appelé l'armée à protéger le peuple. "Le Hezbollah ne peut gouverner le Liban, le Liban est au peuple", a-t-il dit.


"Honte, Honte, Samir Geagea est un sioniste"
Place Riad el-Solh, avant le discours attendu de Nasrallah, des disputes ont éclaté lorsque des partisans du parti chiite se sont opposés à des manifestants pacifistes, leur ordonnant de ne pas insulter Hassan Nasrallah. "Tous sans exception, Nasrallah inclus", leur a alors rétorqué un manifestant.  "Ces hommes ont été envoyés pour infiltrer les manifestants", lance un autre manifestant. Les accrochages ont fait plusieurs blessés dans les rangs des manifestants, mais aussi dans les rangs de la police qui a formé une barrière humaine séparant les deux camps. 

Selon nos journalistes sur place, Suzanne Baaklini et Zeina Antonios, les manifestants qui ont été blessés ont été évacués rapidement. Les "chemises noires" sont arrivées depuis la place des Martyrs avant de marcher sur Riad el-Solh. Ils scandaient des slogans conspuant le chef des Forces libanaises Samir Geagea, le gouverneur de la Banque Centrale Riad Salamé et en appui au chef du Hezbollah Hassan Nasrallah. Les forces de l'ordre ont tenté de s’interposer entre les assaillants et les manifestants, alors que les partisans du Hezbollah jetaient des bouteilles et d'autres projectiles en direction des protestataires. Certains journalistes ont été pris à partie dans les affrontements. Les femmes ont alors commencé à s’interposer entre les manifestants et les forces de sécurité en criant "Selmiyé, Selmiyé" (pacifique).

Après les bagarres, les manifestants se sont regroupés devant la mosquée el-Amine, sur la place des Martyrs, tandis que les partisans du Hezbollah se regroupaient en scandant "Honte, Honte, Samir Geagea est un sioniste". Ils étaient dirigés par des meneurs, qui leur donnaient des instructions, notamment les directions à prendre et les slogans à scander, par haut-parleurs.

C'est en grand nombre que les partisans du Hezbollah sont arrivés dans le centre-ville, brandissant des photos de l’ancien Premier ministre Fouad Siniora et du ministre des Télécoms, Mohammad Choucair, accompagnés du slogan "Kellon yaani Kellon" (tous sans exception). Suite au discours de Hassan Nasrallah qui a appelé ses partisans à rentrer chez eux, les forces de l'ordre ont ouvert un passage pour que les hommes du parti chiite quittent les lieux.


REUTERS/Alkis Konstantinidis


Sécurité renforcée
Des dizaines de milliers de Libanais, des centaines de milliers au pic de la contestation, sont dans les rues de tout le pays depuis le 17 octobre, afin de protester contre la classe politique et la corruption. Fait notable, de nombreux fiefs du parti chiite, notamment Nabatiyé, sont touchés par la contestation.

Dans ce contexte tendu, la sécurité avait été renforcée vendredi dans le centre-ville, notamment un fort déploiement des forces armées sur la place des Martyrs, ce qui n'était pas le cas les derniers jours. 
La veille déjà, une bagarre avait opposé les manifestants à des partisans du Hezbollah, faisant six blessés. Mis à part quelques incidents isolés vite contenus, il s'agissait de la première confrontation de cette ampleur depuis le début du mouvement de contestation. 


(Lire aussi : Démission du gouvernement, élections anticipées : que dit la Constitution ?)


Sabaa refuse de négocier
Malgré les incidents survenus ces derniers jours, qui, outre à Beyrouth, ont marqué les mouvements de contestation à Nabatiyé et Tyr, au Liban-Sud, où les personnes rassemblées sur les différentes places ont été attaquées par des partisans du Hezbollah et du mouvement Amal, ou dans le Metn où des partisans du Courant patriotique libre ont voulu provoquer les manifestants, rien n'a pu entamer la dynamique du mouvement. Ni la pluie, ni même les déclarations des responsables, qu'il s'agisse des réformes annoncées lundi par le Premier ministre Saad Hariri, ou du discours du président Aoun. Dans son allocution télévisée, qui n'a pas convaincu les contestataires, le chef de l’État avait appelé à "reconsidérer la situation actuelle du gouvernement", soulignant toutefois que les changements ne pouvaient pas "être faits dans la rue". Il s'était cependant dit ouvert à une rencontre avec des représentants du mouvement de contestation. Vendredi, le parti de la société civile Sabaa a déclaré refuser toute négociation avec les autorités.


(Lire aussi : Un discours en deçà des attentes, le commentaire d'Elie FAYAD)



L'hymne à l'AIB
Comme tous les matins depuis le début de la "révolte populaire", les différents lieux où se sont rassemblés les manifestants pendant la nuit ont été nettoyés par des volontaires, dont le nombre grossit de jour en jour. Dans le centre-ville de Beyrouth, ils étaient ainsi plus de 2.000 bien organisés, à balayer, ramasser les déchets et les trier à la main avec soin, afin que les places Riad el-Solh et des Martyrs soient parfaitement propres pour accueillir les contestataires. 

Avec le week-end, le mouvement de contestation devrait voir ses rangs grossir, avec l'arrivée notamment de Libanais de l'étranger. Plusieurs d'entre eux ont d'ailleurs entonné en chœur l'hymne national à leur arrivée à l'Aéroport international de Beyrouth. La vidéo de l'instant a été partagée sur les réseaux sociaux.



Appels à l'ouverture des routes
Des dizaines de nouvelles barricades ont, par ailleurs, fait leur apparition sur les routes vendredi, renforçant la paralysie du pays. Le blocage de l'axe reliant Beyrouth au nord du pays a été maintenu. De grandes bâches bleues y ont même été installées pour protéger les manifestants de la pluie et permettre à certains d'y passer la nuit.

Critiquant ces fermetures de route, des partisans du Courant patriotique libre (fondé par le chef de l’État) se sont rassemblés au Sérail de Jounieh dans le Kesrouan (au nord de Beyrouth), afin de demander aux responsables locaux l'ouverture des routes dans cette région. De leur côté, les syndicats des boulangeries ont exhorté les autorités à prendre des mesures pour assurer que ces établissements puissent être approvisionnés en farine et mazout.

Dans ce contexte, l'armée libanaise a publié un communiqué dans lequel elle met en garde les manifestants contre "toute violation de la loi" et toute entrave à la liberté de circuler des citoyens et des militaires, assurant toutefois "respecter la liberté de s'exprimer et de manifester".

Selon des statistiques fournies par son secrétaire général, Georges Kettané, à la chaîne de télévision locale LBC, la Croix-Rouge libanaise a en outre annoncé avoir mené, au cours des dernières 24 heures, 190 interventions. Seize d'entre elles ont permis de transporter des victimes de différents incidents à l'hôpital, tandis que les autres ont consisté en des soins prodigués sur le terrain.


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Le calme est revenu, en soirée, dans le centre-ville de Beyrouth, où avaient eu lieu, dans l’après-midi, de violents accrochages entre manifestants et partisans du Hezbollah. Ces accrochages, qui  ont fait des blessés et contraint la police anti-émeutes à intervenir, ont eu lieu peu avant un discours du secrétaire général du parti chiite, Hassan Nasrallah, le deuxième en moins...
commentaires (13)

Haha, le phare Aoun, le gendrissime et, la noble résistance commencent à mouiller leur pantalon! Les autres aussi d’ailleurs. Cette révolution est celle des souverainistes, celle de la dignité, celle de l’honneur.

Bachir Karim

08 h 25, le 26 octobre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (13)

  • Haha, le phare Aoun, le gendrissime et, la noble résistance commencent à mouiller leur pantalon! Les autres aussi d’ailleurs. Cette révolution est celle des souverainistes, celle de la dignité, celle de l’honneur.

    Bachir Karim

    08 h 25, le 26 octobre 2019

  • 3AYB YIA SAYED TEB3AT ZE3RAN BI 3ISSI OU SKEKEEN... 3AYB !

    LA LIBRE EXPRESSION SE DECONNECTE

    20 h 28, le 25 octobre 2019

  • Qu’on ouvre la boîte de Pandore, tout le monde y sera perdant,. Mais une chose dont on peux etre sur, c’est que le peuple ne reculera plus. Il a demontre qu’il etait unis face a une classe politique qui ne s’est jamais montré plus soudé que sa (c’est bizarre non?). Quoi que chaque jours qui passe, chaque jours ou se confirme les reactions des manifestants qui grossissent qui grossissent. Les economiste, ne se trompent pas entre les fait et la rethorique (sic propagande). Les chiffres ne mentent jamais. Les hommes politiques continuellement par contre, qu’il soient orange, jaunes, vert rouge bleu

    Thawra-LB

    19 h 08, le 25 octobre 2019

  • D'ailleurs quelle amabassade paie ? j'ai besoin d'argent, pour m'instruire.

    Toni Pantaloni

    18 h 54, le 25 octobre 2019

  • Les economistes de bas relief disent pensent qu'il faudrait peut etre commencer a vendre des drapeaux libanais a da7yeh.... Les eocnomistes de bas niveau ne sont pas duppes du discours de haine. Nous ne sommes ni payé par les ambassades, ni avons besoins de des ambassades pour justifier notre discours. En tant qu'economistes, nous voyons les faits et analysons. Wala mnetzeka 3a hadan... c'est simple, le hezeb de la non resistance fait parti du gouvernement non ? il gere la majorité non ? il a eu besoin d'avoir un peu peur pour se bouger les fesses ? les economistes de bas relief vous saluent JK.

    Toni Pantaloni

    18 h 53, le 25 octobre 2019

  • ILS SONT VENUS SUR ORDRE LES FAUTEURS DE TROUBLES ET SON REPARTIS SUR ORDRE.

    LA LIBRE EXPRESSION SE DECONNECTE

    18 h 24, le 25 octobre 2019

  • Je vous le dis et le répète aux économistes de bas-relief, si on conteste pour dégager les voleurs de l'état qui sont connus et à qui on devra demander des comptes on est tous bien d'accord là-dessus. Mais s'il faut se tromper de combat et mettre dans le même sac dans ces revendication légitimes pour cibler LA RÉSISTANCE LIBANAISE ET SON CHEF HASSAN HASSAN NASRALLAH NASRALLAH,on risque d'ouvrir la boîte de Pandore que ni trump le clown, ni le charcutier bensalman ni l'usurpateur chitanyahou ne pourront fermer. SIGNÉ : JK.

    FRIK-A-FRAK

    18 h 04, le 25 octobre 2019

  • On avait prévenue que certains allaient infiltrer les manifs ... on avait prévenue que certains partis politique ne supporte pas d’être critiquer ... A VOUS MES FRÈRES LIBANAIS DANS LE MONDE FAITE COMME MOI JE VIENS DE REVENIR DE BEYROUTH ... ET JE REPARS J’ARRIVE SAMEDI J’AI PRIS UN CONGÉ SANS SOLDE DE 3 MOIS JE PREND AVEC MOI QUELQUE 23 PERSONNES JE DEMANDE AUX QUELQUES MILLIONS DE LIBANAIS DANS LE MONDE C’EST LE MOMENT DE DESCENDRE AU LIBAN DE PARIS, D’AFRIQUE DES PAYS DU GOLF NOUS DEVONS REMPLIR LES AVIONS ET ALLER GROSSIR LES RANGS des manifestants CONTRE CES VOYOUS A LA SOLDE DE PAYS ÉTRANGERS CONTRE CES MINISTRES QUI NE VEULENT PAS DESCENDRE DE LEUR PIED D’ESTALE CONTRE CE GOUVERNEMENT QUI A PERDU TOUTE SA LÉGITIMITÉ

    Bery tus

    17 h 25, le 25 octobre 2019

  • Le hezeb de la resistance LiBaNaIsE ? je doute. wayno JK ?

    Toni Pantaloni

    15 h 51, le 25 octobre 2019

  • Il s'agit de tuer le complot saoudo/us/sio dans l'œuf dans le désordre , et ça va marcher . Le hezb libanais de la résistance fait parti d'un axe qui gagne partout au M.O C'est pas au Liban qu'il va se faire battre . Si "ON" avait eu l'intention de changer le système , c'est pas aujourd'hui que cela se fera en une semaine ou en 2 qu'on y sera arrivé . Racontez ça à d'autres !

    FRIK-A-FRAK

    15 h 48, le 25 octobre 2019

  • Les partisans du CPL se sont rassemblés au Sérail de Joiunieh afin de demander au Caïmacam de la région d'ouvrir les routes du caza... Les Sérails de Jounieh, l'ancien et le nouveau, je les connais depuis 90 ans. Ils n'ont jamais été un lieu de rassemblement de quiconque. Aux partisans du CPL de respecter la neutralité des lieux et d'aller se rassembler à Haret-Hreik, le pays du fondateur de leur parti.

    Annie

    14 h 19, le 25 octobre 2019

  • J'ai l'impression que cette foule réclame une seule chose : L'ANARCHIE ET LA LOI DE LA JUNGLE hEUREUSEMENT QUE NOUS AVONS ENCORE UNE AERMÉE , MAIS JUSQU'À QUAND ? LA LIVRE LIBANAISE POURRA-T-ELLE L'ALIMENTER SI ÇA CONTINUE ?

    Chucri Abboud

    13 h 40, le 25 octobre 2019

  • Lorsqu'un gouvernement ne veut pas résoudre un problème, il lui crée une commission, cela veut dire sine dié. Ce que le général de Gaulle appelait Comité Gustave, Comité Théodule et Comité Hippolyte. Jusqu'au jour où cela ne marche plus. C'est ce ue nous voyons ce ma

    Annie

    12 h 51, le 25 octobre 2019

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