La réunion de la commission parlementaire de l’Environnement a été houleuse hier, caractérisée notamment par une altercation verbale entre le président du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) Nabil Jisr d’un côté, et le député Kataëb du Metn Élias Hankache de l’autre. Ce dernier s’est retiré de la réunion avant la fin de la séance, signalant que « de nombreuses questions ont été débattues sans pour autant obtenir des réponses ». Il a déploré « l’irrespect non seulement à l’égard du peuple, mais aussi des députés ».
La réunion d’hier était consacrée à la discussion des contrats pour la gestion et l’enfouissement des déchets, conclus par le CDR au nom du gouvernement avec les compagnies privées. À juste titre, puisque les décharges sont mal gérées et génèrent par conséquent « un gaspillage de l’argent », comme l’a déclaré Paula Yacoubian, députée issue de la société civile, dans une conférence de presse qu’elle a tenue conjointement avec M. Hankache.
Mme Yacoubian a noté que le CDR lui-même a reconnu que les contrats ne sont que partiellement appliqués. Selon elle, « dans le cas où l’entrepreneur s’est trouvé dans l’impossibilité d’appliquer le contrat à la lettre, ses factures devraient être réduites en conséquence, et ce afin de préserver les intérêts de l’État ». Elle a notamment expliqué que « l’ancienne décharge sauvage de Bourj Hammoud (dont la réhabilitation était incluse dans le contrat de la décharge contrôlée) a été établie de manière sommaire, et sans mise en œuvre du tri de 5 000 mètres cubes par jour, pourtant prévu dans l’accord initial ». « Ces manquements devraient être répercutés dans la facture finale », a-t-elle martelé.
« Les cahiers des charges et les contrats sont impeccables. En les lisant, on se croirait en Suède, mais l’application sur le terrain est catastrophique », a, de son côté, déclaré M. Hankache à L’Orient-Le Jour. « Il n’y a aucune intention de résoudre le problème des décharges, parce que tout le monde trouve son intérêt dans le chaos actuel », a-t-il ajouté.
Lors de cette réunion, le CDR a précisé, selon certaines sources, « qu’aujourd’hui, près de 4 200 tonnes sont enfouies dans les décharges de Beyrouth », un chiffre supérieur à ce qui était prévu initialement. Ces sources précisent que « l’un des signes les plus flagrants du non-respect des contrats reste le fait que même le tri très partiel effectué dans les centres de tri et le compostage produit dans les centres de l’État ne sont pas conformes aux normes. Par conséquent, la grande partie de ces opérations bâclées finit dans les décharges. En conséquence, le peuple libanais paye pratiquement deux factures, l’une pour un traitement inefficace et l’autre pour l’enfouissement de ce qui résulte de ce traitement ».
Par ailleurs, selon certaines informations, pour accroître la longévité de la décharge de Bourj Hammoud-Jdeidé, c’est l’option d’une surélévation (stockage des déchets en hauteur) dans la partie de Jdeidé qui serait retenue, et ce dans un avenir proche, l’agrandissement ne faisant pas encore l’unanimité.
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commentaires (3)
"...il n'y a aucune intention de résoudre le problème des décharges, parce que tout le monde trouve son intérêt dans le chaos actuel..." Comme avec tous les autres poblèmes: éléctricité, eau etc., etc. Irène Saïd
Irene Said
14 h 38, le 18 septembre 2019