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Liban - Déchets

Devant le ministère de l’Environnement, des ONG disent « non » aux incinérateurs

Des activistes ont réitéré les raisons de leur refus de la feuille de route récemment approuvée par le Conseil des ministres, notamment dans sa composante à long terme.

Cynthia Choucair, de la Coalition de gestion des déchets ménagers, lisant le communiqué du groupe, hier, au centre-ville. Photo ANI

Ils étaient plusieurs dizaines rassemblés hier devant les locaux du ministère de l’Environnement, pour crier leur refus des incinérateurs. Une manifestation organisée par la Coalition de gestion des déchets et plusieurs autres rassemblements d’ONG. « Nous n’avons pas confiance dans le ministère de l’Environnement », pouvait-on lire sur plusieurs pancartes.

Dans un communiqué lu par Cynthia Choucair, la Coalition de gestion des déchets ménagers a énuméré ses principales critiques à l’encontre de la feuille de route du ministère, la jugeant « illégale parce qu’ayant paru avant la stratégie de gestion des déchets ménagers que la récente loi sur ce dossier avait imposée comme étape première ». Tout en reconnaissant les mesures positives dans cette feuille de route, comme le décret sur le tri à la source ( « mais quel en est l’intérêt si l’on installe trois incinérateurs ? » ), ou le décret sur la gestion des déchets dangereux ( « sans qu’il n’y ait d’infrastructure adaptée jusque-là » ), la Coalition regrette que le Conseil des ministres « ait approuvé une feuille de route sans étude stratégique ».


(Pour mémoire : Déchets : les ONG se mobilisent contre la « feuille de route vers l’abîme »)


« On veut transgresser la loi et engager les Libanais pour les 25 ans à venir au moins, avec des usines, des décharges et des incinérateurs sans étude de faisabilité, poursuit le texte. Qui dit que nous avons besoin de 25 décharges ou de trois incinérateurs ? Qui dit que nous pourrons les gérer ou encore en supporter les coûts ? Qu’allons-nous faire des cendres toxiques qui s’en dégagent ? Qui peut certifier que les futures études stratégiques ne montreront pas que nous n’en avons nul besoin ? »

Le Coalition insiste sur le fait que la feuille de route « n’est pas fondée sur des données scientifiques », disant craindre que « les décharges seront opérationnelles avant d’avoir fait l’objet d’études environnementales ». Elle insiste sur « l’impact considérable des incinérateurs sur la santé et sur l’économie », réitérant le refus de toutes les organisations présentes de l’option de l’incinération, « que toutes les études jugent non adaptée à nos déchets ». Dans ce contexte, elle appelle le Conseil des ministres « à abandonner cette feuille de route et à effectuer une étude fondée sur des bases scientifiques et sur les valeurs de l’économie circulaire ».


(Lire aussi : Déchets : les 25 décharges sanitaires sont la seule solution, affirme Jreissati)


« La centrale de Deir Ammar est déjà si polluante »

Un nombre non négligeable d’activistes et de citoyens de régions où des sites d’incinérateurs sont d’ores et déjà pressentis ou retenus (comme la localité de Deir Ammar et ses environs au Nord, notamment, ou certaines régions du Sud également), étaient présents hier. « Nous sommes là pour marquer notre refus de l’incinérateur prévu à Deir Ammar, explique Narimane Chamaa, une activiste de Tripoli. Nous souffrons déjà de la pollution résultant de la centrale électrique là-bas. Qu’adviendra-t-il quand un incinérateur y sera, en plus, installé ? » Elle précise que des ONG de la région préparent une action légale contre le futur incinérateur, et rappelle que les municipalités de Deir Ammar et des environs ont déjà exprimé leur refus publiquement. Tout comme l’ont fait hier différentes municipalités de l’Iqlim el-Kharroub, au sud de Beyrouth, où un autre incinérateur et une décharge seraient prévus. Un projet que ces municipalités qualifient, dans un communiqué, de « mortel et destructeur ».

Nahida Khalil, du groupe Beirut Madinati et membre de la Coalition, insiste sur ce refus venant des municipalités, qui « n’ont pas été consultées alors qu’elles continuent de payer la facture salée des déchets ». « Les activistes sont mobilisés aujourd’hui, mais je pense que les citoyens devraient être davantage sensibilisés au danger qui les guette », dit-elle encore. La coalition les appelle d’ailleurs à signer une pétition qu’elle partage sur les réseaux sociaux.

D’Arabsalim, dans le sud du Liban, deux sœurs sont venues jusqu’à Beyrouth se joindre au sit-in des ONG. Farah et Hiba connaissent bien le dossier et sont fières de l’exploit de leur village qui, sous l’impulsion de l’infatigable activiste Zeinab Moukalled, trie ses déchets à plus de 80 %. « Une autre voie est possible », martèlent-elles.



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