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Liban - Déchets

Les incinérateurs approuvés en Conseil des ministres, dont un à Beyrouth

Le plan présenté par le ministre de l’Environnement a été avalisé dans ses grandes lignes, outre les dispositifs financiers qui devraient être examinés par une commission.

La feuille de route du ministère de l’Environnement pour la gestion des déchets, approuvée hier dans ses grandes lignes par le Conseil des ministres, prévoit trois incinérateurs : l’un à Deir Ammar, l’autre à Beyrouth et le troisième au Sud. Photo Gorlovkv/Bigstock

L’affaire n’est pas vraiment une surprise : la feuille de route pour la gestion des déchets du ministère de l’Environnement, approuvée hier dans ses grandes lignes par le Conseil des ministres, propose 25 sites de décharges existants ou à aménager (comprenant notamment des noms comme Naamé, fermé en principe depuis 2016, ou encore Srar, un site dans le Akkar), accompagnés d’un nombre de centres de tri et de traitement (entre compostage, digestion anaérobique et traitement « thermique » ), et, dans une seconde étape, des incinérateurs sur la côte. Ces incinérateurs, contestés pour leur coût et les risques sanitaires par nombre d’acteurs, sont au nombre de trois selon le ministre de l’Environnement, l’un à Deir Ammar (Nord), l’autre à Beyrouth et le troisième au Sud, dont le site reste à déterminer avec Amal et le Hezbollah.

Il est à noter que l’incinérateur prévu à Beyrouth, qui avait placé le conseil municipal de la capitale, notamment son président Jamal Itani, en porte-à-faux avec différents acteurs de la ville, a refait surface dans cette feuille de route, sachant qu’il n’existait pas initialement dans le document présenté à la présidence du Conseil le 3 juin dernier. « Nous avons besoin de 4 à 5 ans pour construire les incinérateurs. Entre-temps, le Conseil du développement et de la reconstruction doit rénover les usines de traitement existantes », a expliqué hier le ministre.

Les informations de l’intérieur de la réunion font état d’une opposition de certains ministres à des sites proposés pour des décharges, notamment celle du ministre Akram Chehayeb à la réouverture de la décharge de Naamé, qui a servi durant 18 ans pour le Grand-Beyrouth et le Mont-Liban. Les sites ne font donc pas l’objet d’une décision finale, ce qui a poussé le ministre Fady Jreissati à préciser, à l’issue de la réunion, qu’un délai sera donné aux autorités locales pour trouver des alternatives. Fait étonnant, la question de la saturation très prochaine de la décharge de Bourj Hammoud-Jdeidé n’a pas été tranchée, malgré l’urgence de la situation qui pourrait mener à une crise.

« La majorité des points de la feuille de route du ministère de l’Environnement a été approuvée », a déclaré M. Jreissati depuis le Grand Sérail, dans le centre-ville de Beyrouth, indiquant que « le point concernant les dispositions financières (pour le financement du plan, qui font l’objet d’un projet de loi) devait être examiné plus en profondeur » avec le ministère des Finances dans le cadre d’une commission, dans un délai d’un mois. Le ministre a évoqué des « remarques » données par le ministre Mohammad Fneich, bloc Hezbollah.

« Le point concernant les nouvelles décharges sanitaires a également été discuté. Les lieux de certaines décharges ont été approuvés, d’autres non », a-t-il ajouté, indiquant que le gouvernement a donné un délai d’un mois aux pouvoirs locaux pour trouver des alternatives en cas de non-acceptation des sites proposés, sous peine de quoi l’État devrait imposer un site. Il a cependant insisté sur les motivations à offrir aux municipalités. Aucune décision définitive n’a en revanche été prise sur les décharges provisoires de Bourj Hammoud-Jdeidé et de Costa Brava, au nord et au sud de Beyrouth, « étant donné que nous recherchons des solutions globales et non plus des solutions fragmentées », a-t-il dit, sans apporter plus de détails.

La capacité de la décharge de Bourj Hammoud-Jdeidé arrive à saturation à la fin de ce mois, prématurément, et une fermeture sans alternative de ce site serait synonyme de nouvelle crise des déchets. Pour autant, M. Jreissati a tenu à préciser que « nous ne sommes pas face à une crise ». « Tout le monde est conscient de l’urgence de la situation, a-t-il ajouté. Nous comprenons les préoccupations des députés et des municipalités sur l’ensemble du territoire. Cependant, nous avons donné un délai suffisant à l’ensemble des parties. Au bout d’un moment, l’État doit trancher et imposer ses solutions. Que ceux qui s’y opposent proposent des alternatives. »


(Lire aussi  : Déchets : de l’urgence de sortir de l’improvisation et d’instaurer un vrai débat)


Douze sites déjà aménagés par OMSAR

Interrogée par L’OLJ sur le déroulement des débats, May Chidiac, ministre d’État pour le Développement administratif (OMSAR), bloc des Forces libanaises, elle-même membre de la commission ministérielle chargée d’examiner le dossier des déchets, précise que beaucoup de points avaient été clarifiés durant les réunions préliminaires. Elle souligne avoir précisé que des 25 sites proposés par le ministère de l’Environnement pour des décharges, 12 existent déjà, ayant été réalisés par OMSAR (qui, rappelons-le, exécute des projets de gestion des déchets depuis des années, notamment financés par les organisations internationales). « À certains endroits, il y avait la perception que seule une usine existait, or nous avons expliqué que des décharges avaient été aménagées à ces endroits également », a-t-elle souligné.

Pour ce qui est des incinérateurs, la ministre confirme que le principe des trois installations – à Beyrouth, à Tripoli et au Sud, dans un lieu qui reste à déterminer – a bien été approuvé, mais que l’ensemble du projet « reste dans le flou ». Pour ce qui est de l’incinérateur de Beyrouth, que les FL avaient rejeté, entre autres, lors d’une réunion du conseil municipal de la capitale en mai dernier, Mme Chidiac précise que le site de la Quarantaine (l’un des principaux points de litige sur ce projet) n’a pas été évoqué, et que « les remarques des FL, ainsi que les critères qu’ils ont avancés, seront pris en compte ».

Les incinérateurs seraient surtout réservés au littoral alors que les régions de l’intérieur du pays resteraient desservies par des décharges, dans le principe.

Sit-in au Nord

L’approbation de ce plan signifie-t-elle pour autant que la mise en place d’une gestion durable des déchets est en bonne voie ? Hier, sur le site de Hawakir Denniyé que le gouvernement compte exproprier pour desservir quatre cazas du Liban-Nord – Bécharré, Zghorta, Koura et Minié-Denniyé – un sit-in a été observé par plusieurs habitants des villages environnants, qui refusent catégoriquement l’établissement d’une décharge à cet endroit. Un énième refus dans cette région qui a vu s’installer une crise des déchets dans les rues depuis plusieurs mois suite à la fermeture subite d’une décharge sauvage.

Pour sa part, Samir Skaff, président de l’association Green Globe, critique le plan qui, selon lui, ne mettra pas un terme à la crise des déchets. Il évoque « les décharges dont l’âge est souvent inférieur à ce qui est escompté », mettant en garde « contre la réouverture de la décharge de Naamé, considérée par le ministère de l’Environnement comme la clé du succès de son plan étant donné qu’elle permet de prolonger la vie de la décharge de Costa Brava ». L’écologiste estime par ailleurs que « le choc de l’agrandissement inévitable de Bourj Hammoud-Jdeidé a probablement été reporté pour en amortir l’effet ». Quant aux incinérateurs, dont la capacité de traitement n’a pas encore été annoncée, il pense qu’ils vont inévitablement mettre les autorités face au casse-tête de l’enfouissement des cendres toxiques et des cendres résiduelles, ces dernières constituant 20 % du volume initial des déchets.

« Il faut que le gouvernement arrête de vouloir faire disparaître les déchets à tout prix et qu’il raisonne en matière de traitement et de gestion », souligne-t-il enfin.



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L’affaire n’est pas vraiment une surprise : la feuille de route pour la gestion des déchets du ministère de l’Environnement, approuvée hier dans ses grandes lignes par le Conseil des ministres, propose 25 sites de décharges existants ou à aménager (comprenant notamment des noms comme Naamé, fermé en principe depuis 2016, ou encore Srar, un site dans le Akkar), accompagnés...

commentaires (3)

Bonne décision si le projet est mené à terme sans corruptions et en toute transparence. Bravo

Sarkis Serge Tateossian

12 h 17, le 28 août 2019

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Commentaires (3)

  • Bonne décision si le projet est mené à terme sans corruptions et en toute transparence. Bravo

    Sarkis Serge Tateossian

    12 h 17, le 28 août 2019

  • AU MOINS IL Y A DECISION POUR UNE FOIS. LES INCINERATEURS BEAUCOUP MIEUX QUE LE STOCKAGE A L,AIR LIBRE DES DECHETS ET DES POURRITURES POLLUANTS. MAIS IL FAUT DES USINES DE TRAITEMENT DES DECHETS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 08, le 28 août 2019

  • « Il faut que le gouvernement arrête de vouloir faire disparaître les déchets à tout prix et qu’il raisonne en matière de traitement et de gestion » Il faut les comprendre. Ils raisonnent en matière de commissions. Incinérateurs = gros projets = $$$$$$ dans la poche :-) Traitement et gestion = inconnu = $$$ dans la poche, voire même seulement $$, ou pire seulement $ :-( Haram, il faut bien qu’ils survivent. Les temps sont graves, il ne reste presque plus rien à voler dans le pays...

    Gros Gnon

    07 h 02, le 28 août 2019

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