Après le communiqué publié à l’issue de la réunion du Conseil supérieur de défense mardi à Beiteddine, il est clair que le Liban officiel a légitimé le principe de la riposte du Hezbollah, en considérant que l’envoi des deux drones par les Israéliens constitue une agression qui donne le droit aux Libanais de répondre par tous les moyens disponibles. Depuis, au Liban et en Israël, tout le monde est dans l’attente de la riposte du Hezbollah. Mais celle-ci pourrait ne pas être imminente, pour de multiples raisons.
D’abord, selon des sources ministérielles, le Hezbollah ne fera rien qui pourrait entraîner le pays dans une guerre violente avec Israël. Sa riposte devrait donc être minutieusement calculée pour être proportionnelle à l’agression, comme cela avait été le cas lors de l’agression israélienne à Kuneitra qui avait provoqué la mort de Jihad Moughnié (janvier 2015), puis celle en Syrie qui avait provoqué la mort de Samir Kantar (décembre 2015). À chaque fois, le Hezbollah avait pris soin d’étudier son coup pour faire parvenir aux Israéliens un message de dissuasion, tout en montrant que la situation n’est plus ce qu’elle était pour eux et qu’ils ne peuvent plus faire ce qu’ils veulent au Liban. Selon les mêmes sources, le Hezbollah doit bien cela à l’État et aux responsables libanais, qui chacun à sa manière ont condamné l’attaque qui l’a visé. En commençant par le président de la République qui l’a qualifiée d’« acte de guerre » jusqu’au Premier ministre qui a estimé qu’il s’agit d’« une flagrante violation de la résolution 1701 », en passant par le président de la Chambre qui a estimé que « l’unité nationale à la suite de l’agression israélienne constitue les prémices de la victoire ». La contrepartie de cette couverture politique et officielle qui a été ainsi accordée au Hezbollah sera donc dans la nature et l’ampleur de la riposte qui ne devrait pas mettre en danger le statu quo actuel et provoquer une nouvelle guerre.
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L’autre raison de l’éventuel retard dans la riposte du Hezbollah est le fait qu’en misant sur le facteur temps, le Hezbollah joue avec les nerfs des Israéliens, responsables et peuple. L’attente d’un événement qui ne se produit pas mine aussi bien les énergies que le moral et s’inscrit donc dans le cadre de la guerre psychologique que le Hezbollah et son chef manient avec brio. Enfin, le parti chiite tient aussi compte, dans l’action qu’il prépare, de l’approche des élections israéliennes prévues le 17 septembre. Il ne veut pas lancer une attaque qui risque de profiter à l’actuel Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui est en principe en difficulté dans son propre pays et qui, s’il ne remporte pas les élections, reste sous la menace de poursuites judiciaires. Le Hezbollah souhaite donc bien calculer son coup pour qu’il ne se transforme pas en cadeau électoral à Netanyahu. La riposte doit donc être suffisamment dissuasive pour ne pas pousser le Premier ministre israélien à une réaction et lui permettre de se présenter comme un chef militaire qui ne craint pas de réagir avec force. Le Hezbollah pourrait donc attendre jusqu’à après les élections en Israël pour agir, même si ce délai d’une vingtaine de jours pourrait mettre en cause la crédibilité du parti.
Ce qui est sûr, c’est que le Premier ministre israélien est en train actuellement de frapper dans tous les sens. En quelques jours, il a lancé des attaques en Irak contre le « Hachd al-Chaabi » en Syrie et au Liban, sans parler de Gaza. Comme s’il voulait soit améliorer son image interne en vue des législatives en se présentant comme un véritable chef de guerre, soit pour d’autres raisons liées aux développements régionaux et internationaux. Selon des sources proches des Iraniens, Benjamin Netanyahu souhaiterait en fait entraîner les États-Unis dans une confrontation avec la République islamique. Il serait très inquiet des efforts déployés actuellement par les Européens, en particulier la France, pour tenter de sauver l’accord sur le nucléaire et en vue d’organiser une rencontre entre les présidents américain et iranien. Il chercherait donc à créer des faits accomplis sur le terrain pour entraver ces efforts.
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Toujours selon les sources proches des Iraniens, les Israéliens sont en train d’attaquer systématiquement les positions du Hachd al-Chaabi en Irak, alors que ce groupe n’a jamais tiré une seule balle contre eux. La seule justification israélienne de ces attaques repose sur le fait que ce groupe est proche de l’Iran, mais il ne s’est jamais impliqué dans une confrontation régionale et à plus forte raison contre Israël. Même en Syrie, l’armée syrienne et ses alliés combattent contre les groupes de l’opposition. L’État hébreu n’est donc pas leur priorité. Malgré cela, les Israéliens mènent régulièrement des raids contre leurs positions. Au Liban aussi, le Hezbollah n’attaque pas les Israéliens. Il se contente de brandir la menace d’une riposte ferme en cas d’agression. En dépit de ces réalités, toujours selon les sources proches de l’Iran, les Israéliens attaquent toutes ces formations et ces pays, en prétextant que leur seule alliance avec l’Iran constitue pour eux une menace. Ce qui permet de croire que leur véritable objectif est de pousser les États-Unis et leurs alliés régionaux à lancer une guerre contre l’Iran et d’empêcher par conséquent tout rapprochement avec Téhéran. Toutefois, par ces agissements, ils sont en train de pousser le Hach al-Chaabi en Irak et les responsables irakiens à radicaliser leurs positions contre eux, exactement comme c’est le cas à Gaza et en Cisjordanie, en Syrie et... au Liban.
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commentaires (12)
Dans le temps des caricatures du prophète avaient provoqués des morts des manifestations et des pertes de millions de.dollards dans des pays qui en avaient et en ont toujours besoins. Ici, la chute de 2 drones made in China, apparemment, ont provoquer une levée de boucliers et une préparation sans précédent a une guerre salvatrice, probablement memorable aussi... Dechets dans les rues? Fragmentation du pays? Situations economique et financière misérables? Gouvernement au teuf teuf? ... Aucun contrepoids aux 2 drones, pourtant made in china... Maman...ya quelque chose qui ne tourne pas rond dans ma tête...est ce un payz ou un poulailler????
Wlek Sanferlou
23 h 55, le 29 août 2019