Alors que le Liban s’apprêtait à célébrer le deuxième anniversaire de la victoire sur les terroristes jihadistes dans le jurd de Baalbeck et de la Békaa du Nord en août 2017, un étrange événement a secoué la banlieue sud de Beyrouth entre 1h30 et 2h du matin. Dans une rue parallèle de l’avenue marchande du quartier Moawad, dans le terrain vague qui jouxte le siège du département des relations médias du Hezbollah, un drone a explosé, provoquant des dégâts matériels. Le gardien qui dort sur place a été réveillé en sursaut par le bruit et par les éclats de vitres tombés autour de lui. Dans cette banlieue sud qui dort peu, les gens se sont immédiatement précipités sur le lieu pour voir de quoi il s’agit. Certains jeunes ont même déclaré aux passants que c’était eux qui avaient réussi à faire tomber le drone, en lui jetant des pierres, tant il volait bas. Surprise, curiosité, inquiétude, il y avait un peu de tout cela dans les premières réactions, qui avaient toutefois un point commun : la conviction qu’il s’agissait d’une façon ou d’une autre d’une attaque israélienne d’un genre nouveau contre le Hezbollah.
Mais il a fallu attendre un peu de temps pour y voir un peu plus clair. D’ailleurs, les services de renseignements de l’armée et le procureur militaire se sont rapidement rendus sur les lieux pour les besoins de l’enquête officielle, qui devrait prendre un peu de temps.
Selon des sources sécuritaires, quelques éléments sont déjà toutefois clairs. D’abord, il y avait deux drones et non un seul. Le premier drone est plus sophistiqué que le second et c’est lui qui devait effectuer la mission dont l’objectif principal reste à définir. Ce drone-là est d’un modèle adapté, doté de quatre hélices (quadricoptère), mais chacune ayant deux réacteurs. Ce qui donne au drone une force et des capacités accrues. Ce drone portait des dispositifs sophistiqués d’écoute ainsi que des caméras qui étaient visiblement destinés à être installés au siège du département d’information du Hezbollah, qui abrite les bureaux du chef de ce département, mais aussi les sites d’information relevant de cette formation. Selon toute vraisemblance, le timing de l’opération est lié au discours du secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah, à l’occasion de la commémoration de la bataille dite du jurd, et qui est retransmis en direct. Les dispositifs du drone sont soit destinés à brouiller cette transmission, soit ils seront utilisés pour mener une attaque informatique ciblée, dans le genre de celles que les Israéliens sont en train de mener contre les positions du Hachd al-Chaabi en Irak (le groupe pro-iranien, dont les positions ont été la cible de plusieurs attaques israéliennes au cours des dernières semaines). Ils pourraient même être destinés à une tentative d’assassinat, sachant que le Premier ministre israélien a lui-même déclaré il y a quelques jours qu’il a donné des instructions à ses services de renseignements pour mener des attaques et des assassinats ciblés contre l’Iran et ses alliés, qui, selon lui, veulent attaquer Israël.
La cible et l’objectif de la mission de ce drone restent donc vagues ou, du moins, ils n’ont pas été clairement définis, mais, selon les premières informations, les experts en nouvelles technologies du Hezbollah auraient réussi à pénétrer dans le système électronique du drone pour le faire atterrir sans dommage. Le responsable de l’information au sein du Hezbollah, Mohammad Afif, a affirmé hier que son parti n’a fait chuter aucun des deux aéronefs. Mais selon les sources sécuritaires précitées, cela ne signifie pas qu’il n’a pas pu pénétrer dans le système électronique du premier drone pour l’amener à atterrir sans dommage. C’est donc ce qui se serait passé et les spécialistes étudient maintenant les dispositifs du drone qui semble doté de la plus récente technologie israélienne. C’est d’ailleurs pour éviter que cette technologie tombe aux mains du Hezbollah, ou même de l’armée libanaise, que les Israéliens auraient envoyé un second drone, plus petit et moins sophistiqué, chargé d’explosifs pour faire sauter le premier et empêcher ainsi toute partie externe de mettre la main sur les technologies et les dispositifs qu’il porte. Le second drone est toutefois arrivé trop tard et c’est lui qui a explosé dans le terrain vague près de l’immeuble où siège le département d’information du Hezbollah. Son explosion a causé des dommages matériels, tout en ameutant la population de ce quartier.
Toutefois, c’est le premier drone qui serait le plus important et si ce que disent les sources sécuritaires se vérifie, il pourrait permettre aux autorités non seulement de découvrir des secrets technologiques mais aussi de définir avec précision en quoi consistait la mission qu’il devait effectuer.
Surtout que d'apres certaines sources, il s'agit de drones fabriques en... IRAN!
14 h 52, le 26 août 2019