Keffiehs, drapeaux palestiniens, appels au boycott et... slogans pro-Hamas. À l’Université américaine de Beyrouth (AUB), dans le quartier de Hamra, environ 300 étudiants ont manifesté mardi en solidarité avec la population de Gaza sous les bombes, appelant notamment les campus à mettre un terme à leur collaboration avec certaines entreprises. Cette manifestation, tout comme d’autres dans d’autres universités du pays, a été organisée alors que les étudiants de nombreux pays, et principalement aux États-Unis, se mobilisent depuis plusieurs semaines par solidarité avec la cause palestinienne et pour réclamer un cessez-fou.
Devant l’AUB, malgré la pluie, une centaine d’étudiants se sont réunis devant l’entrée, où ont été déployés des policiers et l’armée, tandis que plusieurs dizaines d’autres manifestaient à l’intérieur du campus pour un sit-in relativement timide, alors que le Liban-Sud est bombardé quotidiennement par Israël. Les frappes israéliennes ont fait, depuis le 8 octobre, 377 victimes, dont plus de 50 civils, dans le pays.
Pour une étudiante qui a préféré rester anonyme, la participation d’un plus grand nombre d’étudiants au sit-in a pu être affectée par l’inquiétude de certains de perdre leurs bourses et donc « de ne plus pouvoir poursuivre leurs études ». La manifestation a toutefois été autorisée tacitement par l’administration de l’AUB, comme l’a indiqué un responsable de l’université sur la chaîne al-Jadeed, assurant qu’elle « ne nécessitait pas d’approbation ». « Notre université a toujours été solidaire de la Palestine », a indiqué ce responsable à nos confrères. Malgré ces assurances, certains étudiants restaient réticents à l’idée de se montrer à visage découvert. Aux États-Unis, des centaines d’étudiants ont été arrêtés ou suspendus lors de mobilisations dans leurs universités.
« Fin à l’occupation »
« C’est une lutte entre ceux qui croient en l’humanité et les ennemis de l’humanité », lance à L’Orient Today Tarek Abou Hazem, un militant palestinien présent sur les lieux. Quand vous êtes étudiant universitaire, « vous devriez aussi apprendre ce qu’est un génocide », scandent les manifestants autour de lui. « Une seule solution, mettre fin à l’occupation », ajoutent-ils. « Si vous n’êtes pas avec la Palestine, vous n’êtes pas avec l’humanité », affirme pour sa part un autre militant.
Yara Assad, une étudiante de l’Université Saint-Joseph, a dit être venue au sit-in devant l’AUB « parce que les revendications des étudiants libanais concernant la Palestine sont les mêmes ». Près d’elle, Arsalan Snoussi, un Franco-Algérien qui se dit « activiste communiste » et explique être enseignant en France, dit « ne pas craindre de perdre mon boulot parce que je m’exprime sur la Palestine ». « Je donnerais ma vie pour cette cause, même si je dois perdre mon travail et ma nationalité », lance-t-il. À plusieurs reprises, dans la foule, on entend des slogans faisant l’apologie de dirigeants du Hamas, notamment Yahya Sinouar et Mohammad Deif, chef des Brigades Ezzdine al-Qassam, l’aile militaire du groupe.
Dans les différentes institutions où d’autres manifestations étaient prévues, les revendications des étudiants sont principalement centrées sur le boycott des « entreprises qui se rendent complices de l’occupation israélienne ». Les élèves de l’AUB ont notamment demandé à l’université de « boycotter HP, qui fournit des technologies à l’occupation pour commettre des massacres contre le peuple palestinien ». Ils ont également appelé à l’établissement à « mettre fin aux contrats, accords ou parrainages avec toutes (les autres) entreprises figurant sur la liste du mouvement Boycott, désinvestissement, sanctions » (BDS).
McDo barricadé
Dans un communiqué, les étudiants ont également précisé qu’ils organisaient ces sit-in en solidarité avec le mouvement étudiant mondial. De leur côté, les étudiants de l’Université libanaise (publique) ont exigé que leur institution mette fin à ses contrats avec les entreprises technologiques Cisco, Huawei et Oracle que le mouvement BDS appelle à boycotter.
À deux pas du sit-in de la rue Bliss, le restaurant McDonald’s a d’ailleurs été barricadé : des blocs de béton ont été placés devant l’entrée et des panneaux apposés sur les vitrines. L’enseigne de fast-food fait partie, avec notamment Starbucks et CocaCola, des entreprises américaines boycottées par les critiques d’Israël au Moyen-Orient depuis le début de la guerre de Gaza, ce qui a fait baisser ses ventes dans la région au cours des derniers mois. La chaîne de fast-food a notamment été critiquée lorsque sa franchise en Israël avait annoncé offrir des repas aux militaires israéliens et a fini par annoncer, début avril, un accord pour racheter ses 225 restaurants franchisés dans le pays.
Des sit-in ont également eu lieu dans d’autres universités, comme l’Université libano-américaine à Beyrouth (LAU), dans le quartier de Koraytem, où des dizaines d’étudiants ont scandé, notamment, des slogans pro-Hezbollah, selon notre journaliste sur place Anne-Marie el-Hage. Quelques dizaines d’étudiants et de professeurs ont également organisé un « sit-in symbolique » devant une branche de l’Université libanaise à Saïda, selon notre correspondant local Mountasser Abdallah.
ENFIN ! MEME UNE POIGNEE POURRAIT REVEILLER LES CONSCIENCES ESTUDIANTINES.
13 h 10, le 01 mai 2024