Comme il le fait chaque année, le secrétaire général du Hezbollah a prononcé un discours à l’occasion de la fin de la guerre de juillet 2006 qu’il considère comme une grande victoire militaire contre Israël. Il faut préciser que cette guerre s’est terminée par l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 1701 qui a reconnu « la cessation des hostilités » entre le Hezbollah et les Israéliens, comme le premier pas d’un processus qui devrait aboutir à un cessez-le feu.
Treize ans plus tard, on en est encore au même point et le Liban accuse régulièrement les Israéliens de violer les dispositions de la résolution 1701, que ce soit à travers le survol de l’espace aérien libanais par leurs avions, ou à cause de leurs incursions répétées le long de la ligne bleue tracée en 2000 par l’ONU, comme une frontière provisoire en attendant le règlement des litiges territoriaux à treize endroits différents entre le Liban et Israël.
L’occasion oblige, sayyed Hassan Nasrallah a été d’une grande violence en détaillant la grande victoire remportée contre Israël et il a été certainement encore plus menaçant qu’à l’accoutumée en rappelant que la résistance est aujourd’hui plus forte qu’elle ne l’a jamais été. Il a ainsi rappelé que l’objectif déclaré de la guerre de 2006 était d’éliminer le Hezbollah. Or, 13 ans plus tard, ce dernier est plus fort que jamais. Il est devenu une force régionale et il a acquis une plus grande expérience dans la guerre, notamment sur le plan offensif, à travers sa participation aux combats en Syrie.
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Mais en dépit de l’importance de ce volet, Nasrallah a aussi consacré une partie de son discours à la situation interne et il a ainsi lancé de nombreux messages dans plusieurs directions.
Comme certains avaient accusé le Hezbollah de vouloir « se venger » du leader druze Walid Joumblatt en s’en prenant à son rôle politique, suite à l’affaire de Qabr Chmoun, le sayyed a voulu préciser la position de ce parti. Il a ainsi affirmé que le Hezbollah ne veut éliminer personne, aucune des composantes politiques existantes en tout cas, et il a appelé clairement au respect des résultats des élections législatives qui se sont déroulées en mai 2018. Il a aussi accusé ceux qui ne veulent pas respecter les résultats de ces élections de vouloir éliminer les autres. Nasrallah n’a pas jugé nécessaire d’être plus explicite et, aussitôt, les interprétations de sa déclaration ont commencé à se multiplier.
Certains y ont vu un message clair au CPL accusé par certains médias de vouloir mettre la main sur la part des Forces libanaises dans le dossier des nominations. D’autres ont considéré qu’il s’agissait d’un message clair au PSP de Walid Joumblatt pour qu’il accepte de donner leur part dans les nominations aux autres composantes druzes notamment le PDL de l’émir Talal Arslane et le chef du parti al-Tawhid al-Arabi, l’ancien ministre Wi’am Wahhab, qui a obtenu plus de voix préférentielles que d’autres candidats druzes sur la liste de Joumblatt mais n’a pas été élu parce que sa liste n’a pas obtenu le minimum requis pour se doter d’un siège parlementaire.
D’autres enfin ont estimé que les propos de sayyed Nasrallah s’adressaient essentiellement au Premier ministre, Saad Hariri, qui continue de refuser de recevoir les membres de la Rencontre consultative ( les sunnites dits du 8 Mars), qui ont toutefois obtenu un ministère d’État au gouvernement après de longs mois de négociations.
Sayyed Nasrallah s’est en tout cas bien gardé de préciser qui il visait en disant « ce sont eux qui veulent éliminer les autres ». Mais les sources du CPL refusent de se sentir concernées par les propos du secrétaire général du Hezbollah. Selon ces mêmes sources, le CPL qui a lui-même souffert d’être ostracisé, ignoré et délibérément marginalisé pendant des années, ne peut pas lui-même utiliser les mêmes pratiques contre n’importe quelle autre composante libanaise. Concernant les Forces libanaises, le CPL et son chef le ministre Gebran Bassil n’ont jamais contesté la part de ce parti, ni dans les nominations ni au sein du gouvernement. Mais lorsque ce parti a voulu se comporter comme l’égal du CPL, en cherchant à obtenir autant de ministres au sein du gouvernement que lui et a eu de nouveau la même attitude au sujet de toutes les nominations en suspens, il a protesté et s’y est opposé. D’ailleurs Nasrallah l’a aussi dit : il est pour que chacun obtienne sa part, selon son poids populaire tel que consacré à travers les élections législatives mais en même temps, il est contre « les ballons gonflés », selon ses propres termes. Autrement dit, il y a ceux qui ont une représentation reconnue et certifiée par les chiffres et d’autres qui se comportent comme de grands vainqueurs, alors qu’ils ont simplement amélioré leur score.
Si les propos de Nasrallah ne concernent donc pas le CPL, ils s’adressent forcément au PSP de Walid Joumblatt et au courant du Futur de cheikh Saad Hariri. Ces deux formations sont en effet réfractaires au fait de donner une part des nominations aux autres composantes politiques des communautés qu’elles représentent. Pourtant toute la philosophie de l’adoption d’une loi électorale basée sur le mode de scrutin proportionnel est basée sur le fait qu’il ne doit plus y avoir une représentation unique pour une communauté au Liban, aucun parti ou formation ne doivent plus pouvoir affirmer qu’ils représentent l’ensemble d’une communauté. C’était le cas des chrétiens et des chiites et c’est désormais celui des sunnites et des druzes. Pour ceux qui réclamaient une loi électorale proportionnelle, la diversité ne devait pas être seulement dans la composition du tissu social libanais, mais aussi au sein de chaque communauté. Or, apparemment, chaque partie a pris de ce mode de scrutin ce qui lui convenait et la bataille des nominations reste compliquée.
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commentaires (3)
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14 h 54, le 20 août 2019