Le ministre des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a affirmé mercredi qu'il ne permettra pas qu'il y ait un affrontement entre druzes et chrétiens, plus d'un mois après l'incident meurtrier de Qabr Chmoun dans la Montagne druzo-chrétienne, alors que cette affaire paralyse le gouvernement depuis son déclenchement.
"Notre réaction (à l'affaire de Qabr Chmoun) consiste à ne pas tomber dans le piège qui nous a été tendu. Nous ne permettrons pas un conflit druzo-chrétien. Les faits sont clairs, et aucune instance judiciaire, qu'il s'agisse de la Cour de justice, du Tribunal militaire ou de la Cour pénale, ne pourra s'en dérober", a martelé Gebran Bassil, lors d'un discours à l'occasion de l'inauguration du nouveau siège principal du CPL à Dbayé.
"Nous avons mis de côté le préjudice personnel que nous avons subi dès les premiers instants. Mais la liberté de circuler et de s'exprimer n'est pas négociable. Comme nous n'avons demandé la permission à personne pour avoir des députés et des ministres qui nous représentent dans la Montagne, nous ne demanderons la permission à personne pour entrer dans nos maisons, dans l'administration et dans les centres économiques situés dans cette Montagne", a ajouté le chef du CPL.
Le président de la République, Michel Aoun, a de nouveau mercredi pris la défense du chef de la diplomatie, son gendre Gebran Bassil, dans l'affaire des affrontements de Qabr Chmoun. Le président du Parlement, Nabih Berry, a pour sa part affirmé avoir mis en veilleuse sa médiation politique dans ce dossier.
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Le 30 juin, des échanges de tirs ont eu lieu entre partisans du leader druze Walid Joumblatt et de son rival, le chef du Parti démocratique libre, le député druze Talal Arslane (allié au Hezbollah) au moment du passage du convoi du ministre d’État pour les Affaires des réfugiés, Saleh Gharib (membre du PDL). Au même moment, le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil effectuait une visite dans le caza de Aley, où il avait notamment tenu des propos controversés sur la guerre druzo-chrétienne de la Montagne, dans les années 80. Deux partisans du parti de M. Arslane ont été tués lors de ces affrontements. Le gouvernement de Saad Hariri ne s'est plus réuni depuis cet incident, le Premier ministre craignant les divisions au sein du cabinet. La semaine dernière, les Forces de sécurité intérieure avaient terminé leur enquête, dont elles avaient remis un rapport au chef de l’État, au président de la Chambre et au Premier ministre. Cette enquête écartait la piste d'un piège tendu pour assassiner le ministre Saleh Gharib par des partisans joumblattistes, comme cela est prétendu par M. Arslane et ses alliés.
Lors d’une conférence de presse tenue mardi, le ministre de l'Industrie et membre du Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, Waël Bou Faour, a accusé le camp du Courant patriotique libre, fondé par le président Aoun, d'avoir "monté de toutes pièces un dossier politique" contre M. Joumblatt. Le ministre a également appelé le chef de l’État à mettre fin à cette cabale. Le CPL avait alors répondu au PSP en l'accusant de "déformer la réalité". La formation aouniste avait également affirmé se fier à la justice".
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"Je me suis engagé et je m'engage à nouveau à ne pas porter atteinte à la réconciliation chrétienne. J'ai enduré l'injustice et les mensonges, en croyant protéger cette réconciliation, mais ce n'était pas le cas. Je dis cela aujourd'hui car je crois qu'on peut encore sauver l'accord de Meerab, même si cet accord n'est pas corollaire de la réconciliation chrétienne, une réconciliation immuable, malgré toutes les dissensions internes", a promis Gebran Bassil.
"L'accord de Meerab portait sur une contre-partie politique, en l'échange du soutien de la candidature de Michel Aoun à la présidence. Le cœur de cet accord prévoit également que nous soyons (le CPL et les FL) ensemble lors de l'élection présidentielle et que nous nous entendions lors des élections et des nominations. Mais au lieu de nous répartir les fardeaux, ils ont commencé à entraver les solutions", a ensuite accusé le chef du CPL.
Jeudi dernier, Samir Geagea avait lancé une charge virulente contre Gebran Bassil, l'accusant d'"attiser le feu des dissensions confessionnelles". Le chef des FL s'en était également pris au mandat du président Aoun, alors que jusque-là il évitait de le faire.
"J'ai informé tous les médiateurs que je n'ai aucun problème à revenir à l'accord (de Meerab), à condition que la campagne de mensonges qui nous vise cesse. Je dis au public : la politique du silence en face de l'injustice est terminée. J'accorde une dernière chance pour revenir à l'esprit de l'accord afin de l'appliquer. S'ils s'engagent à cesser leurs mensonges, dès demain nous nous réengageons à respecter l'accord", a conclu Gebran Bassil.
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commentaires (14)
Quand il dit que la liberté de circuler et de s'exprimer n'est pas négociable, j'ai une pensée pour Mashrou layla, je ne sais pas pourquoi.
Marionet
12 h 56, le 08 août 2019