Traversant le désert du Sahara, manœuvrant habilement à travers les obstacles bureaucratiques tout en cherchant de la nourriture et des lieux de repos sûrs, le cycliste libano-américain Samer Abou Hamad a rencontré une myriade de défis « gratifiants et uniques » au cours de son voyage à travers l'Europe et l'Afrique sur son vélo.
La semaine dernière, le sportif finissait tout juste son périple à bicyclette à travers 27 pays, de la pointe nord de l'Europe, le cap Nord en Norvège, à la pointe sud de l'Afrique, le cap des Aiguilles. En huit mois, cet agent immobilier de 29 ans a parcouru 22.877 kilomètres, à raison de 100 à 150 kilomètres par jour. « Cela a été un véritable défi physique et mental », raconte Samer Abou Hamad. Pour lui, le vélo n'était pas seulement un moyen de transport, mais aussi d'exploration et de découverte de soi.
« Le vélo, c'est ce qu'il y a de mieux, c'est bon pour la tête. C'est comme le yoga. C'est une forme de thérapie », dit-il. Au rythme de ses trajets, il a tissé des liens avec les habitants, déniché des joyaux cachés hors des sentiers battus et cultivé une profonde appréciation des paysages qui s'offraient à lui. « Le vélo coche toutes les cases », dit-il.
Avec seulement trois semaines de pause pour les vacances de Noël, Samer Abou Hamad a commencé son périple le 31 août 2023 et l'a terminé le 4 mai. Bien que son voyage se soit déroulé principalement en solitaire, il dit avoir eu quelques brèves rencontres avec des compagnons de route et une expérience spéciale, celle de faire du vélo avec son père en Namibie pendant une semaine. Si elle l'a soutenu, sa mère, en revanche, « était toujours stressée » par son audacieux projet. Alors, je lui ai dit : « Ne t'en fais pas, maman, tout se passera bien, tout ira bien ». Ce réconfort est à l'origine de la phrase d'accroche qu'Abou Hamad utilise désormais fréquemment dans ses publications sur Instagram: « Ne t'en fais pas, maman » (No drama, mama, en anglais).
« Je peux tout surmonter »
Pour le cycliste libano-américain, l'essence de son voyage ne réside pas dans les kilomètres parcourus ou les récompenses obtenues. « Je n'essayais pas de battre un record du monde ou quoi que ce soit d'autre », explique-t-il. «J'essayais juste de pousser mon corps, de tester ce que je pouvais faire et de me mettre au défi. Le voyage est comme une série de petits problèmes à résoudre, et parfois de gros problèmes, et lorsque je les surmonte, j'acquiers la confiance de pouvoir tout surmonter».
Pour Samer Abou Hamad, l'aspect le plus difficile du voyage a été la traversée des frontières. Avec son passeport américain, il affirme que la logistique a été facile en Europe. « Mais pour l'Afrique, il y avait beaucoup de points de contrôle routiers et de policiers qui essayaient de demander des pots-de-vin. Un policier vraiment ivre en Guinée m'a pris à part et m'a confisqué mon passeport », raconte le cycliste. Pour faire pression sur le policier afin qu'il lui rende son passeport, le jeune homme a décidé de le filmer, avant d'obtenir gain de cause. « Maintenant, j'ai une vidéo hilarante de ce policier ivre », plaisante-t-il. « Je n'ai jamais été confronté à une situation de vie ou de mort. J'ai peut-être de la chance. Mais je pense aussi que si l'on fait preuve de bon sens, cela ne devrait jamais arriver », estime-t-il.
Il n'en était pas à son premier voyage à vélo. En avril 2022, il est parti à bicyclette de Boston, aux États-Unis, pour se rendre « au bout du monde, à Ushuaia », célèbre pour être la ville la plus méridionale du monde. Elle se trouve dans la province de la Terre de Feu, en Argentine. Au cours de ce voyage, il a traversé 14 pays en un an. Le Libano-Américain a passé l'été suivant chez lui, à Boston, à occuper deux emplois à temps partiel, afin d'économiser en vue de son périple euro-africain. L'un de ces emplois était dans la construction et l'autre en tant que vélo-taxi, ce qui lui a permis de s'entraîner et de gagner de l'argent pour cette année. «En voyageant à vélo, l'essence n'est évidemment pas un problème», explique le cycliste. « Les principales dépenses pour moi étaient la nourriture et les chambres d'hôtel occasionnelles, qui étaient relativement bon marché, en particulier en Afrique ».
Pourquoi parcourir le monde à vélo ?
« Tout a commencé pendant le Covid », explique Samer Abou Hamad. « Mon père est cycliste et il m'a dit : +Au lieu de t'entraîner au sous-sol, tu devrais venir faire du vélo avec moi. Il m'a donc donné son vieux vélo et nous avons commencé à pédaler autour de Boston ». À la suite de l'explosion au port de Beyrouth en août 2020, le jeune homme a décidé de quitter son emploi dans l'immobilier à New York et de s'installer dans la capitale libanaise. Il s'est lancé dans le bénévolat auprès d'une organisation locale, Offre Joie, qui venait en aide aux personnes touchées par l'explosion. Pendant son temps libre, il parcourait le Liban à vélo. « Lorsque vous voyagez à vélo, vous voyez des choses auxquelles vous ne prêtez pas attention lorsque vous circulez en voiture », raconte Samer. « Je me souviens avoir eu la chair de poule lors de l'un de mes voyages, en me disant que Jésus marchait sur ces terres il y a 2.000 ans, et que maintenant je suis ici à vélo ».
Aujourd'hui, le cycliste s'apprête à rentrer à Boston, avec pour objectif de trouver un emploi et d'économiser en vue de son prochain périple, prévu pour l'année prochaine. Il prévoit de commencer son expédition en Australie-Méridionale et de tracer une route qui le ramènera à Beyrouth. Mais un casse-tête logistique se profile à l'horizon, car il prévoit de passer par l'Iran, l'Irak, la Jordanie et la Syrie. « Ce serait vraiment génial de terminer au Liban », espère-t-il.
Bravo Monsieur, vous êtes formidable.
23 h 35, le 14 mai 2024