Le président libanais, Michel Aoun, a souligné mardi la nécessité d'éviter que la crise économique, sociale et financière du pays n'atteigne "une limite extrême et interdite", appelant à faire des sacrifices, notamment dans le cadre de la politique d'austérité que le gouvernement compte mener au moment où il s'apprête à approuver le projet du budget pour l'année en cours.
"L’an dernier, (...) j’ai fait la promesse à tous les Libanais qu’avant le retour du nouveau croissant de lune, l’État aurait pris des mesures décisives pour éliminer la corruption du Liban. Une année s’est écoulée et de nombreuses étapes décisives ont été franchies dans plusieurs domaines", s'est félicité le chef de l’État, lors d'un dîner d'Iftar offert au palais de Baabda, à l'occasion du mois de ramadan.
"Aujourd’hui, je vous promets de persévérer dans cette voie et de poursuivre ce que nous avons commencé. Non, la lutte contre la corruption ne s’arrêtera pas malgré la pression qui s'intensifie et les interventions qui se multiplient car elle constitue la pierre angulaire de toute réforme", a affirmé le chef de l’État, selon des extraits du discours qu'il a prononcé.
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"Le défi que doit relever le gouvernement"
"La stabilité à la fois politique et sécuritaire a été atteinte. Il en est de même de la régulation financière qui a été obtenue grâce à notre détermination de relancer, après une longue attente, tous les éléments constitutifs de l’État. Reste à établir la stabilité économique en mettant fin à la confiscation des fonds publics et en condamnant les responsables", a souligné le chef de l’État.
Il a ensuite expliqué que "le défi que doit relever le gouvernement aujourd'hui en fixant le budget de 2019 ne consiste pas uniquement à réduire le déficit avec des coupes acceptables, mais également à fournir des solutions pour juguler la crise qui frappe le pays et les citoyens. Pour cela deux priorités :
1- Identifier les sources de gaspillage et de corruption pour les éliminer.
2- Mettre en lumière une fonctionnalité économique du budget après le déni et l’absence qui durent depuis trop longtemps, pour enfin s’attaquer aux causes essentielles du déficit au niveau financier et commercial, à la lumière d’une seule considération : l’intérêt supérieur du peuple libanais."
"Aujourd'hui, nous traversons une crise économique, financière et sociale difficile, mais transitoire. Elle est en majorité la conséquence d’un passé très lourd. Cependant, nous pouvons la surmonter en nous entraidant et en collaborant ensemble à un plan de sauvetage", a insisté le président Aoun.
"Si nous ne sacrifions pas tous certains de nos privilèges que nous n'avons pas le luxe de préserver, nous perdrons tout et deviendrons la proie des institutions de prêt internationales. Celles-ci nous imposeront des solutions économiques et financières très difficiles à supporter, soumises à leurs conditions et sous leur gestion directe afin de préserver leurs seuls intérêts économiques et politiques. Le sacrifice proposé sera équilibré et proportionnel entre les forts et les faibles, les riches et les pauvres afin d’instaurer une justice entre les obligations et les engagements. Cette épreuve temporaire permettra de sauver le Liban", a promis le chef de l’État.
"Ce qui nous est demandé aujourd’hui, nous qui sommes opposés à toute tutelle, c’est de revenir à notre conscience nationale et dépasser l’intérêt personnel immédiat, pour éviter que la crise n’atteigne la limite extrême et interdite. Sauvons-nous nous-mêmes et acceptons les sacrifices requis. Arrêtons les sit-in, les grèves et les manifestations qui ne font que paralyser les secteurs public et privé et creuser un fossé intense entre ce que nous souhaitons tous et la dure réalité".
De nombreux fonctionnaires et militaires à la retraite manifestent régulièrement depuis plusieurs semaines, craignant des baisses dans leurs salaires et indemnités dans le cadre de la politique d'austérité qu'entend mener le gouvernement.
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"La livre en bonne santé"
Le président Aoun s'est également voulu rassurant : "La livre libanaise est en bonne santé, aucun danger ne la menace. Les difficultés que nous traversons sont momentanées et limitées. Et nous sommes persuadés que l’année prochaine, nous dépasserons cette crise, nous améliorerons notre situation économique et ne restera des difficultés actuelles que le peu."
Et le chef de l'État de conclure : "À partir de ce constat, je m'adresse au gouvernement avec un seul mot d’ordre : Rendez aux Libanais leur confiance dans leur État. Montrez-leur que leurs sacrifices ne seront pas engloutis dans le gouffre du gaspillage et de la corruption (...)".
Avant l'iftar, M. Aoun s'est entretenu à Baabda avec le Premier ministre, Saad Hariri, et le président du Parlement, Nabih Berry.
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commentaires (2)
pas besoin d'etre inquiets, les timbres des oiseaux migrateurs, vont tout resoudre.
Mounir Doumani
23 h 53, le 14 mai 2019