Le gouvernement libanais, réuni en Conseil des ministres, le 14 mai 2019 au Grand sérail. Photo Dalati et Nohra
Le gouvernement libanais, réuni mardi au Grand sérail pour la 12e fois pour étudier l'avant-projet de budget pour l'année en cours, devrait finaliser demain mercredi l'étude de ce document afin de le transmettre au Parlement pour son adoption. Dans ce contexte, le ministre de la Défense, Elias Bou Saab, a annoncé que les salaires et indemnités des militaires d'active et ceux à la retraite ne seront pas revus à la baisse, malgré une réduction du budget du ministère en question.
"La séance d'aujourd'hui était censée être la dernière, Elle ne l'est pas, mais nous avons néanmoins réussi à finaliser les budgets des ministères de la Défense et de l’Éducation", a annoncé le ministre de l'Information, Jamal Jarrah, lors d'un point de presse à l'issue de la réunion.
"Plusieurs propositions, certaines par écrit, ont également été soumises par plusieurs ministres concernant la croissance et les réformes économiques. Ces propositions ne seront pas inclues dans le budget, mais seront prises en compte dans le travail du gouvernement et elles ont été distribuées aux ministres afin qu'ils les étudient", a-t-il ensuite expliqué.
"Interrogé sur le fait de savoir si le ministre des Finances a présenté tous les chiffres des réductions du déficit, Jamal Jarrah a affirmé que "les chiffres fournis ne sont pas définitifs. Aujourd'hui, le ministère de l’Education et celui de la Défense ont présenté leurs propositions pour la réduction du déficit". "Nous allons tenir demain une réunion à midi, et une deuxième réunion, si nécessaire, après l'iftar, afin de tenter de finaliser le projet de budget demain", a ensuite annoncé le ministre de l'Information.
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Khalil "rassuré"
Le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, s'est pour sa part dit optimiste : "Je suis rassuré car nous allons obtenir des résultats positifs en réduisant le déficit public, et nous terminerons en principe demain l'étude de l'avant-projet de budget."
Le ministre de la Défense, Elias Bou Saab, a de son côté évoqué des réductions dans le budget de son ministère : "Le budget du ministère de la Défense a été finalisé, à l'exception de la question de la mesure n° 3. Ce budget comporte des réductions (de déficit) considérables, sans avoir touché aux salaires et aux indemnités des militaires d'active et ceux à la retraite, et sans avoir touché à leur couverture médicale", a affirmé M. Bou Saab, cité par la chaîne LBCI.
L’annulation de la mesure n° 3, un niveau d’état d’alerte maximum de l’Etat en vertu duquel des compensations financières sont versées aux militaires et membres des services de sécurité, fait toujours débat. Deux autres niveaux (n° 1 et n° 2) existent et s’appliquent aux niveaux d’alerte inférieurs. L’enjeu de ce sujet est de savoir si la mesure n° 3 peut être supprimée ou aménagée et si elle doit s’appliquer de manière uniforme à l’armée – qui dépend du ministère de la Défense – et aux forces de sécurité – placées sous la tutelle du ministère de l’Intérieur et des Municipalités.
Le ministre de l’Information avait souligné lundi à ce sujet que la mesure n° 3 était pour l’instant "maintenue pour faire face aux menaces israéliennes" au Liban-Sud. Il avait également rappelé que le ministre de la Défense et sa collègue de l’Intérieur, Raya el-Hassan, devaient s’entendre sur une formule pour décider de son application dans les autres régions du pays.
Réagissant à ces développements, le comité qui représente les militaires à la retraite qui contestent la politique budgétaire du gouvernement a affirmé mardi dans un communiqué "s'opposer catégoriquement à la réduction de 3 % des retraites des militaires, quelle qu'en soit la raison". La veille, Elias Bou Saab avait indiqué que le gouvernement s’était entendu pour ponctionner 3 % sur les "allocations" de l’ensemble des fonctionnaires – et pas seulement les militaires à la retraite comme il prévoyait initialement de le faire – pour financer leur couverture santé.
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Les propositions de Bassil
Parallèlement, le ministre des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil a fait une série de propositions durant le Conseil des ministres, et a détaillé le contenu de ces idées lors d'une conférence tenue à l'issue de la réunion hebdomadaire de son bloc parlementaire.
"Nous avons présenté une série d'idées afin d'en débattre en Conseil des ministres, et celles-ci sont axées sur cinq point : l'étendue du déficit public, l'évasion fiscale, les fraudes douanières, le service de la dette publique, et la balance commerciale", a expliqué M. Bassil.
"Nous n'avons d'autre choix que d'adopter un budget qui prévoit des réformes. Si nous adoptons un bon budget, nous obtiendront un meilleur classement (de la part des agences de notation) et la situation s'améliorera. Cela se saura avec l'arrivée de la saison estivale", a-t-il estimé. "Nous n'accepterons pas un budget normal qui ne mènera pas à des réformes de fond", a-t-il martelé.
"Nous avons présenté un projet de loi qui prévoit des amendes contre tout employé étranger qui travaille de manière irrégulière, notamment dans les secteurs qui lui sont interdits par la loi", a en outre fait savoir le chef de la diplomatie.
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"Nous sommes en faveur de l'annulation des embauches contraires à la loi et des déplacements à l'étranger coûteux, et il est nécessaire de réduire les salaires des ministres et des députés, mais ces réductions ne doivent pas se limiter aux responsables uniquement", a également dit M. Bassil.
En outre, il a estimé que "la question des fraudes douanières nécessite des décisions en Conseil des ministres, et nous avons une vraie opportunité de changer les choses car le ministre des Finances et le Premier ministres veulent réellement prendre des décisions pour mettre un terme à ces fraudes. L'une des solutions disponibles (pour réduire le déficit public) est la fermeture des associations non productives, qu'elles soient affiliées au ministère de l’Éducation, des Affaires sociales ou encore celui de la Santé".
Au sujet de la mesure n° 3, Gebran Bassil a estimé qu'il faut "faire la différence entre les militaires déployés sur le front et les frontières, et ceux effectuant des missions sécuritaire d'ordre interne, ainsi que ceux qui effectuent des tâches administratives dans les casernes".
Lundi, le gouvernement avait une fois de plus reporté l'étude des mesures d'austérité et articles du budget relatifs aux baisses de salaires des fonctionnaires dans l'attente d'un bilan du ministre Khalil concernant les réductions budgétaires déjà approuvées au cours des réunions des dix derniers jours.
Le budget pour 2019 doit mettre en œuvre une partie des engagements de réformes pris par les dirigeants libanais lors de la conférence de Paris (CEDRE) d’avril 2018. Il devrait en principe être adopté par le Parlement avant la fin du mois.
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TOUTES CES DITES MESURES QUI NE RESULTENT PAS EN ARGENT CONCRET ET COMPTANT MAIS SONT DES INTENTIONS DONT LE RESPECT EST SUJET A CONTROVERSE NE SERONT PAS ACCEPTEES PAR LES INVESTISSEURS ET DONNEURS ET PRINCIPALEMENT LA BM ET LE FMI. LA CEDRE ? BONJOUR OU ADIEU ? PLUTOT LE SECOND. IL EST DIFFICILE DE FAIRE GOBER A TOUT CE MONDE LE GATEAU AMER. OISEAU DE MAUVAIS AUGURE OU CONSTATATION ET FAIT ? ON LE SAURA TRES PROCHAINEMENT.
19 h 54, le 14 mai 2019