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À La Une - Liban

Premier Conseil des ministres : Aoun et Hariri insistent sur la "solidarité gouvernementale"

Une commission de 10 ministres a été formée pour préparer le texte de la déclaration ministérielle.

Le nouveau gouvernement de Saad Hariri est formé de 30 ministres, dont quatre femmes. Photo fournie par Hoda Chedid.

Les ministres du nouveau gouvernement libanais formé jeudi soir ont pris samedi matin la photo officielle au palais présidentiel de Baabda. Un bref premier Conseil des ministres présidé par le chef de l'Etat Michel Aoun s'est tenu aussitôt après.

La formation du nouveau gouvernement a été annoncée plus de huit mois après des consultations parlementaires non contraignantes entamées le 28 mai par M. Hariri, désigné le 24 mai par M. Aoun pour former ce cabinet. Le cabinet est formé de 30 ministres, dont quatre femmes. Lors de la réunion, le chef de l'Etat a félicité les ministres pour leur nomination. "Nous avons devant nous de nombreux défis auxquels nous devons faire face en étant solidaires, a-t-il dit. Les circonstances ne nous permettent pas de perdre du temps". M. Hariri a de son côté indiqué que "des décisions difficiles doivent être prises dans tous les domaines".

Le ministre Jarrah à lu le communiqué publié à l'issue de la réunion. Il a notamment indiqué que M. Aoun a souligné lors de la réunion que le gouvernement est un "gouvernement d'union nationale qui doit rester solidaire pour mettre en oeuvre des projets importants pour les citoyens". "La solidarité gouvernementale est la base et la seule voie pour faire face aux défis", a dit M. Hariri selon les propos rapportés par M. Jarrah. "Nos différends doivent rester hors du Conseil des ministres", a-t-il souligné.

M. Aoun a en outre souligné qu'il n'y avait pas de craintes pour la livre libanaise. "Nous étions confiants en notre capacité de trouver une solution avant la crise", a-t-il affirmé.

Les prochaines réunions du gouvernement auront lieu chaque jeudi à 11h.  


Déclaration ministérielle 

Lors de cette première réunion, une commission de 10 ministres a été formée pour préparer le texte de la déclaration ministérielle.  Elle est composée de Saad Hariri et des ministres de l’Information Jamal Jarrah (Futur), de l’Éducation Akram Chehayeb (Parti socialiste progressiste), des Finances Ali Hassan Khalil (Amal), des Travaux publics et des Transports Youssef Fenianos (Marada), de l’Économie Mansour Bteich (CPL), de la Jeunesse et du Sport Mohammed Fneiche (Hezbollah) ainsi que des ministres d’État pour le développement administratif May Chidiac (Forces libanaises), les Affaires des réfugiés Saleh Gharib, et les Affaires présidentielles Salim Jreissati. 

M. Aoun a demandé que le texte soit prêt rapidement pour que le gouvernement puisse se mettre au travail dans moins d'un mois.  Interrogé au sujet du texte de la déclaration ministérielle, le chef du Parlement, Nabih Berry, qui s'est entretenu avec le président Aoun et M. Hariri avantr Conseil, a assuré qu'il sera prêt d'ici une semaine.

Un brouillon de 10 pages est déjà prêt et doit être étudié une première fois par la commission lundi à 11 heures.


(Lire aussi : Quatre femmes ministres : si peu... pour un record)


Après le Conseil des ministres, M. Hariri s'est rendu au Grand Sérail où a eu lieu la traditionnelle cérémonie d'accueil.


Depuis le Grand Sérail, M. Hariri a indiqué que la partie sur la résistance dans le texte de la déclaration devrait rester inchangée. La dernière déclaration ministérielle, adoptée par le gouvernement sortant en décembre 2016, avait abordé la question de la résistance par le biais d’une formule qui regroupait le discours d’investiture du président Aoun et la déclaration ministérielle du gouvernement précédent, présidé par Tammam Salam.

“Nous n’épargnerons aucun effort ni aucune résistance afin de libérer ce qui reste de territoires libanais occupés et de protéger notre patrie d’un ennemi (Israël) qui continue de convoiter notre terre, notre eau et nos richesses naturelles”, avait déclaré le chef de l’État lors de son discours d’investiture.

Concernant le ministère de la Santé, M. Hariri a répondu que les ministres représentent “tout le Liban" et que ce dossier "ne devrait pas causer d'embarras". Au lendemain de l'annonce de la formation du gouvernement, le nouveau ministre de la Santé, Jamil Jabak, pourtant nommé par le Hezbollah, a expliqué vendredi qu'il n'appartenait pas au parti chiite, ce qui permet ainsi d'éviter selon lui les sanctions américaines contre la formation de Hassan Nasrallah, dont il est le médecin personnel.


(Lire aussi : Le gouvernement libanais enfin formé : ce qu'en pense la presse locale et régionale)


Avant la photo officielle, le bloc du Liban Fort présidé par le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, s’est réuni à Baabda. Selon notre correspondante Hoda Chédid, les ministres Hassan Mrad et Saleh Gharib ont participé à la réunion.

M. Gharib est ministre d’État pour les Réfugiés et représente le président Aoun au sein du gouvernement. M. Mrad est ministre d'État pour le Commerce extérieur et représente les six députés sunnites pro-8 Mars de la "Rencontre consultative".

Le député Fayçal Karamé, membre de la "Rencontre consultative", avait affirmé vendredi que Hassan Mrad "représente exclusivement" ce groupe au sein du nouveau cabinet, indiquant toutefois qu'il "coopérera avec le chef de l'Etat" qui l'a nommé dans sa quote-part ministérielle. M. Mrad avait aussi assuré plus tôt dans la journée qu'il représenterait les six députés sunnites pro-8 Mars au sein du nouveau gouvernement et qu'il assisterait aux réunions de ce groupe mais également à celle du bloc parlementaire aouniste.

La représentation de la "Rencontre consultative", soutenue par le Hezbollah, était l'un des derniers obstacles qui bloquait la formation du gouvernement. Il a été surmonté avec le choix par le chef de l'Etat de M. Mrad, fils du député Abdel Rahim Mrad, également membre de ce groupe, parmi sa quote-part de ministres. 


(Lire aussi : Tout nouveau, tout beau ?, l'éditorial de Issa Goraieb)


"Une tentative d'empêcher le président d'intervenir" 

Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil s'est exprimé lors d'une longue conférence de presse pour faire bilan de son parti, le Courant patriotique libre. "Les Libanais ont le droit de savoir ce que nous avons pu et ce que nous n'avons pas pu accomplir", a-t-il souligné en formulant des excuses aux Libanais pour le retard pris dans la formation du gouvernement.

M. Bassil a notamment dénoncé "une tentative d'empêcher le président de la République d'intervenir dans la formation du gouvernement et de donner son avis". Il a souligné que "le président était un partenaire-clé en coopération avec le Premier ministre désigné". Il a aussi dénoncé une tentative "d'empêcher le président Aoun et son équipe d'obtenir le tiers de blocage". "Le tiers est ce que nous méritons en tant que bloc et ce que mérite le président", a assuré M. Bassil.

Ce dernier a en outre appelé à une rotation des portefeuilles ministériels, en particulier des portefeuilles régaliens. "Par le passé ils étaient tous avec la rotation des portefeuilles pour m'écarter du ministère de l’Énergie, aujourd'hui ils ne la réclament plus", a-t-il dénoncé assurant que son parti restait attaché à ce principe. M. Bassil, qui était ministre des Affaires étrangères dans le précédent gouvernement Hariri l'est toujours dans le nouveau Cabinet.

"Au niveau du Courant patriotique libre, nous n’avons pas été en mesure d'obtenir les ministères des Finances, de l’Intérieur, des Travaux publics et de l’Agriculture, et ce sont des concessions majeures que nous avons faites", a-t-il ajouté.

Il a indiqué que son parti n'avait pas non plus réussi à obtenir "un siège ministériel pour les minorités chrétiennes et musulmanes". "Il n'était pas facile de préserver les droits et d'insister pour la formation du gouvernement", a-t-il encore dit.

Le ministre a par ailleurs indique que son groupe a réussi à assurer au sein du cabinet la parité (confessionnelle), a former un gouvernement d’union nationale reflétant la représentation parlementaire et à assurer une représentation équitable.

Réagissant aux propos de Gebran Bassil, Fayçal Karamé, dans un premier commentaire après la formation du gouvernement, est revenu à la charge samedi et a sévèrement critiqué le chef du CPL. "Pourquoi Gebran Bassil insiste à raviver les tensions et faire croire qu'il est victorieux?", s'est demandé le député de Tripoli. "Si le Liban est victorieux grâce à la formation du gouvernement, cela ne veut pas dire que Gebran Bassil est victorieux aussi. Le Liban n'est pas Gebran Bassil et dorénavant, ce dernier doit faire attention à ce point".

"Nous souhaitons que M. Bassil n'indispose pas M. Mrad en le présentant comme membre de son bloc parlementaire, car ceci n'est pas le cas, et M. Mrad l'a déjà dit à plus de deux reprises", a ajouté Fayçal Karamé. "Nous sommes ouverts à la coopération, mais jusqu'à présent, les performances de Gebran Bassil ne présagent pas d'une coopération fructueuse au niveau gouvernemental et national, car nous sommes contre le lancement d'un programme gouvernemental qui soit taillé à la mesure du CPL", a fait savoir M. Karamé. Il a affirmé que le chef du courant aouniste "n'est pas le porte-parole du gouvernement et que seul le chef du cabinet peut se prévaloir de ce rôle".


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commentaires (7)

"...d'empêcher le président Aoun et son équipe d'obtenir le tiers de blocage..." Dans quel autre pays démocratique trouve-t-on une telle aberration, sinon dans les dictatures ? Décidément, ces messieurs n'ont toujours rien appris des problèmes de blocages de toutes sortes qui empêchent depuis des années notre pays d'avancer ! Irène Saïd

Irene Said

08 h 34, le 03 février 2019

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Commentaires (7)

  • "...d'empêcher le président Aoun et son équipe d'obtenir le tiers de blocage..." Dans quel autre pays démocratique trouve-t-on une telle aberration, sinon dans les dictatures ? Décidément, ces messieurs n'ont toujours rien appris des problèmes de blocages de toutes sortes qui empêchent depuis des années notre pays d'avancer ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 34, le 03 février 2019

  • GOUVERNEMENT D,UNION NATIONALE ET DE SOLIDARITE. JE LUI SOUHAITE TOUT LE SUCCES ET PUISSE AUCUN ACTE DE QUELLE SORTE QUE CE SOIT ET DE QUI QUE CE SOIT NE VIENNE LE TERNIR.

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 42, le 02 février 2019

  • Le ministre de la santé il prend les Libanais pour des analphabètes quand il dit qu'il n'est pas du Hezbollah ?

    Eleni Caridopoulou

    18 h 48, le 02 février 2019

  • Notre ministre des affaires étranges-sorti-mais-toujours-et-à-nouveau-dedans...aurait-il raté la rotation des portefeuilles...qu'il recommande pour les autres ? Et...4 ministères lui ont passé sous le nez...vous vous rendez compte...quelle frustration, quatre parts du gâteau, les plus savoureuses servies à d'autres, c'est vraiment injuste ! Vite quelques bonbons calmants pour lui, les plus gros, y'en a encore une poignée... Irène Saïd

    Irene Said

    17 h 39, le 02 février 2019

  • " nous n’avons pas été en mesure d'obtenir les ministères des Finances, de l’Intérieur, des Travaux publics et de l’Agriculture, et ce sont des concessions majeures que nous avons faites". Donc en fait ce le minus veut gouverner le pays en controlant tous les ministeres cles! Je suis sur qu'il se pretend de ses performances passees au ministere de l'energie et a celui des affaires qui lui sont totalement etrangeres.

    sancrainte

    15 h 55, le 02 février 2019

  • VOYONS CE QU,ILS VONT FAIRE POUR LE LIBAN ET NON POUR LEURS POCHES ET ALORS NOUS NOUS PRONONCERONS. DONNONS-LEUR LA CHANCE DU DOUTE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 55, le 02 février 2019

  • Mabrouk !

    Aref El Yafi

    12 h 52, le 02 février 2019

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