Rechercher
Rechercher

Liban - Gouvernement

Les réformes et les réfugiés syriens au cœur de la future déclaration ministérielle

Le passage nébuleux sur la « résistance » devrait rester inchangé.

Première réunion aujourd’hui du gouvernement à Baabda. Photo d’archives

C’est aujourd’hui que le nouveau gouvernement tiendra sa première réunion à Baabda avec une mission à son ordre du jour : la mise en place d’un comité rédactionnel pour élaborer la déclaration ministérielle.

Le texte final, sur la base duquel l’exécutif sollicitera le vote de confiance du Parlement, ne devrait pas, en principe, poser problème, comme l’attestent les nombreuses déclarations à ce propos. Et pour cause : les questions litigieuses, telles que le rôle et la mission du Hezbolah, ne devront pas faire l’objet d’un échange houleux que les parties cherchent à éviter à tout prix pour gagner du temps. L’accent devra plutôt être mis sur les sujets prioritaires, tels que les mesures urgentes à prendre pour relancer l’économie et assainir les finances du pays, sur la base des conditions définies dans le cadre de la conférence dite CEDRE.

L’accord convenu à l’avance par les différentes parties au sujet des armes du Hezbollah serait donc de reprendre telle quelle la formulation adoptée par le gouvernement précédent, sans en remettre en cause l’esprit. La dernière déclaration ministérielle, adoptée par le gouvernement sortant en décembre 2016, avait abordé la question de la « résistance » par le biais d’une formule qui alliait le discours d’investiture du président Aoun à la déclaration ministérielle du gouvernement précédent, présidé par Tamam Salam.


(Lire aussi : Quatre femmes ministres : si peu... pour un record)


« Nous n’épargnerons aucun effort ni aucune résistance afin de libérer ce qui reste comme territoires libanais occupés et de protéger notre patrie d’un ennemi (Israël) qui continue de convoiter notre territoire, notre eau et nos richesses naturelles », avait déclaré le chef de l’État lors de son discours d’investiture. Le passage correspondant de la déclaration ministérielle du gouvernement Tammam Salam affirmait « le droit des Libanais à résister à l’occupation israélienne ».

Seuls les FL s’étaient à l’époque opposées à la partie mentionnant « le droit des Libanais à la résistance », estimant que ce droit appartient exclusivement à l’État libanais. En dépit de leur contestation, les ministres de cette formation avaient fini par avaliser le texte.

C’est probablement au même scénario qu’il faudra s’attendre cette fois également, à savoir que les FL objecteront de nouveau à l’idée d’une résistance qui n’est pas intégrée dans l’État et sous le contrôle de ce dernier. « Le Hezbollah est un parti représenté au Parlement et au gouvernement. Il ne peut par conséquent faire cavalier seul en matière de défense », confie à L’OLJ un responsable au sein de la formation chrétienne.

Certains s’attendent toutefois à ce que le représentant des FL au sein du comité de rédaction, qui sera probablement May Chidiac, nommée ministre d’État pour le Développement administratif, et connue pour son opposition virulente au Hezbollah, donne du fil à retordre aux autres membres du comité, sans toutefois contribuer à retarder outre mesure les discussions autour de cette question.


(Lire aussi : Tout nouveau, tout beau ?, l'éditorial de Issa Goraieb) 


Le retour des réfugiés

Autre sujet délicat qui figurera dans le texte de la déclaration, les réfugiés syriens auxquels sera consacré tout un article. Sur cette question, les objections, s’il y en aura, ne devraient pas en principe contrer la tendance majoritaire qui est désormais en faveur d’un retour des Syriens chez eux non lié à une solution politique préalable. Encore que cette position est en contradiction flagrante avec la politique de la communauté internationale.

La désignation de Saleh Gharib au ministère d’État pour les Affaires des réfugiés, un proche de Talal Arslane, prosyrien, et compté dans la part du chef de l’État, en dit long sur la volonté de pousser ce dossier vers un règlement rapide, comme souhaité par le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil. « La nomination de M. Gharib est une indication que c’est le CPL qui compte désormais contrôler ce dossier », confie à L’OLJ une source informée.

La mise en avant de M. Gharib, qui sera désormais le nouvel interlocuteur auprès des Syriens pour le suivi de ce dossier, signifie par ailleurs que le rôle de médiateur entre le Liban et la Syrie que remplissait jusque-là le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, sera réduit et confiné au volet logistique et sécuritaire, estime encore la source.

Celle-ci croit savoir d’ailleurs que l’initiative russe annoncée en juillet dernier pour un rapatriement massif des réfugiés sera probablement mentionnée dans le point consacré à cette question.

Là encore, les observateurs s’attendent à ce que la question du retour des réfugiés syriens ne soit pas problématique, d’autant que la question du rapatriement bénéficie désormais de l’aval de la majorité des parties, y compris des FL. À ce sujet, une source au sein de ce parti rappelle que la position des FL rejoint celle du chef de l’Etat, Michel Aoun, lequel insiste sur la nécessité d’un retour accéléré et de l’implication plus effective de la communauté internationale pour parvenir à cet objectif. On apprenait également qu’un article sera consacré aux réfugiés palestiniens, histoire de rappeler leur droit au retour.


(Lire aussi : Gouvernement à majorités variables, le décryptage de Scarlett HADDAD)


Les réformes

Tout un volet sera en outre consacré à la lutte contre la corruption, un prérequis aux réformes attendues par les bailleurs de fonds internationaux. Ces derniers avaient, rappelons-le, conditionné dans le cadre de CEDRE toute aide préalable octroyée au Liban à des réformes structurelles. On évoquera également dans la déclaration ministérielle la feuille de route que compte adopter le gouvernement pour la mise en place de projets susceptibles de relancer l’économie et de créer des opportunités de travail.

Dans les coulisses, on avance la possibilité que la question de la reprise des relations avec la Syrie puisse également être soulevée dans les discussions, à moins que les parties n’en décident autrement, préférant abandonner ce sujet conflictuel qui risque de retarder l’adoption de la déclaration ministérielle. Si ce dossier est abordé, « il le sera dans la perspective de l’ouverture d’une porte vers la Syrie. Le sujet sera évoqué de manière assez subtile pour ne pas embarrasser Saad Hariri », commente une source proche des milieux du Hezbollah qui rappelle à ce propos le mot d’ordre donné par les émissaires américains dans la région et qui martèlent à qui veut l’entendre qu’il est encore tôt de rétablir les relations avec la Syrie.


Lire aussi 

Planification, droits de l’homme et lutte contre la corruption... Ces ministères qui ont disparu

Après une polémique, le ministère d’État pour l’Insertion sociale et économique des femmes change de nom

Le nouveau ministre de la Santé, nommé par le Hezbollah, tente de dissiper les craintes

Le gouvernement libanais enfin formé : ce qu'en pense la presse locale et régionale

Gouvernement : le « miracle » a eu lieu, mais tout reste à faire

Les nouveaux venus au sein du gouvernement Hariri III

Lire aussi : Les principaux défis socio-économiques du gouvernement Hariri III

Saad Hariri : récit d’un parcours heurté

C’est aujourd’hui que le nouveau gouvernement tiendra sa première réunion à Baabda avec une mission à son ordre du jour : la mise en place d’un comité rédactionnel pour élaborer la déclaration ministérielle. Le texte final, sur la base duquel l’exécutif sollicitera le vote de confiance du Parlement, ne devrait pas, en principe, poser problème, comme l’attestent les...

commentaires (4)

Comment pouvons-nous constituer une nation forte et idépendante, quant une partie de ses habitants idolâtrent des personnes chez nous et ailleurs, même si celles-ci ne savent qu'entretenir un état de guerre permanent aux dépens d'une partie du peuple...qui lui vit depuis des années dans une misère grandissante ? Tout cet argent reçu de l'extérieur pour des projets non-libanais... comien d'hôpitaux, d'écoles et universités gratuites, de quartiers salubres et autres projets pour le petit peuple libanais pourraient être créés ? Pour quand la création d'une "vraie résistance libanaise" contre la pauvreté, l'ignorance, la corruption et les guerres sans fin et inutiles ? Irène Saïd

Irene Said

15 h 50, le 02 février 2019

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Comment pouvons-nous constituer une nation forte et idépendante, quant une partie de ses habitants idolâtrent des personnes chez nous et ailleurs, même si celles-ci ne savent qu'entretenir un état de guerre permanent aux dépens d'une partie du peuple...qui lui vit depuis des années dans une misère grandissante ? Tout cet argent reçu de l'extérieur pour des projets non-libanais... comien d'hôpitaux, d'écoles et universités gratuites, de quartiers salubres et autres projets pour le petit peuple libanais pourraient être créés ? Pour quand la création d'une "vraie résistance libanaise" contre la pauvreté, l'ignorance, la corruption et les guerres sans fin et inutiles ? Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 50, le 02 février 2019

  • Eh bien voilà, elle n'est pas belle la vie ? Les armes de la résistance libanaise du hezb on n'Y TOUCHE PAS , les réfugiés syriens seront invités à retourner chez eux sans attendre quoi que se soit de la " communauté internationale " , israel nommé le seul et unique ennemi du Liban etc.... ça sent le LIBAN NOUVEAU FORT LIBRE ET INDÉPENDANT, à l'oreille des petits partis libanais qui objecteront sans doute , on est en démocratie résistante n'est ce pas , mais qui signeront toutes ces décisions pour le grand bien du Liban nouveau libre et indépendant. J'ai même oublié de mentionner que nos relations avec la Syrie du grand héros Bashar EL Assad seront rétablies sans rien attendre des forces défaites du complot occidentalo-bensaoud sous influence néfaste des sionistes. Elle n'est pas belle la vie ?

    FRIK-A-FRAK

    09 h 37, le 02 février 2019

  • EXCEPTE LA DECLARATION SUR LES REFORMES... QUE J,ESPERE SERA DANS L,ESPRIT DE LA CEDRE... ET SUR LES REFUGIES SYRIENS COMME QUOI ILS DEVRAIENT... SANS EN AVOIR LES MOYENS DE LES OBLIGER... PARTIR, TOUT LE RESTE SERA COMME AVANT. RIEN NE CHANGE PROBABLEMENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 27, le 02 février 2019

  • La question des armes illégales devant faire ultérieurement l'objet d'une "conférence de dialogue", on nous épargnera sans doute la reprise de la discussion sur le triptyque bien connu. Quant aux réfugiés, qu'ils soient syriens ou palestiniens, tout le monde est d'accord sur le principe du retour, mais sans se faire la moindre illusion. La déclaration ministérielle a donc, en effet des chances de passer comme une lettre à la poste. C'est après que les problèmes vont se poser.

    Yves Prevost

    06 h 51, le 02 février 2019

Retour en haut