Le Premier ministre Saad Hariri, le 31 janvier 2019. AFP / Anwar AMRO
Les grands titres de la presse locale et régionale ont estimé vendredi que le gouvernement formé plus de huit mois après la désignation de Saad Hariri à l'issue des dernières élections législatives de mai dernier, était le fruit de délicats compromis dus à la gravité de la situation économique, soulignant que le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, semblait y détenir le tiers de blocage.
"Enfin le gouvernement des équilibres ambigus que Hariri finit par composer, dont Geagea facilite la naissance à la dernière minute tandis que Joumblatt annonce 'le début de la bataille'", titre le quotidien libanais de référence An-Nahar à sa Une. "Enfin, les Libanais ont assisté à la naissance du gouvernement dont la durée de gestation est la deuxième plus longue de l'histoire des crises de formation de cabinet. Mais cette fois, le pays était confronté à des dangers qui auraient pu être sans précédent sur les plans économique et financier, voire à l'avènement d'une période de guerre", écrit le journal. Plusieurs éditorialistes du quotidien ont pris la plume dans le numéro du jour. Sabine Awaiss détalle les priorités du nouveau gouvernement, Sarkis Naoum estime, lui, que Saad Hariri a réussi à ménager les demandes du chef de l'Etat, du chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, du 14 Mars, de l'Arabie saoudite et le Hezbollah. Nabil Bou Monsef revient de son côté, sur les ingérences étrangères qui ont prévalu ou non sur la formation du gouvernement.
"Pas de confiance!", titre pour sa part le quotidien Al-Akhbar, proche du Hezbollah, qui qualifie le tout nouveau cabinet de "gouvernement Moody's et CEDRE", en référence à l’agence de notation américaine qui a récemment dégradé la note souveraine du Liban et à la conférence de Paris en avril dernier au cours de laquelle la communauté internationale avait promis 11 milliards de dollars en échange de réformes structurelles. Selon le journal, le gouvernement octroie "onze ministres et demi", soit le tiers de blocage à M. Bassil. Dans un autre article, Al-Akhbar estime que la présence d'un gouvernement en exercice est une "nécessité pour le Hezbollah dans la tempête".
Pour le quotidien al-Joumhouria, le nouveau gouvernement est un "cabinet de partage d'intérêts". Le journal s'interroge sur la place que va occuper le Hezbollah dans la prise de décision du gouvernement libanais. Dans un article, Claire Chukr dresse le bilan de la bataille gouvernementale de Gebran Bassil.
"Après des pressions étrangères et face à la gravité du ralentissement économique, le gouvernement libanais est né après une gestation de neuf mois", titre de son côté le quotidien panarabe Al-Hayat, soulignant que M. Hariri s'est excusé auprès des Libanais. Revenant sur les dernières discussions autour de la distribution des portefeuilles, le journal, qui consacre un petit article aux nouveaux ministres, rappelle les défis auxquels le Premier ministre et son équipe seront confrontés.
"Après un accouchement difficile et les échanges d'accusations de paralysie, Hariri a annoncé son gouvernement, et le financement est conditionné par les réformes", titre pour sa part l'autre journal panarabe, al-Charq al-Awsat, qui rappelle que le cabinet compte quatre femmes et que le Hezbollah a obtenu le ministère de la Santé.
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commentaires (7)
J'espère que tout ira bien et le Hezbollah ne mettra pas des bâtons dans les roues
Eleni Caridopoulou
18 h 33, le 04 février 2019